À Muttersholtz, une forêt sanctuaire pour accueillir les défunts Lecture : 5 min
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À Muttersholtz, une forêt sanctuaire pour accueillir les défunts

Les forêts cinéraires existent en Allemagne depuis 2001, année de l’ouverture de celle de Kassel, ville située dans le land de Hesse. Si le projet de forêt sanctuaire dans le village de Muttersholtz en France est une grande nouveauté pour tous ceux qui souhaitent une alternative aux columbariums pour accueillir les urnes funéraires de leurs défunts, ce n’est pas le premier site à voir le jour en France. En effet, la pionnière en ce domaine est la ville d’Arbas en Haute-Garonne qui a rencontré de nombreux problèmes, ce qui amène à présent le Sénat à se pencher sur la question.

Qu’est-ce qu’une forêt cinéraire ?

Il s’agit d’un espace forestier « sanctuarisé ». D’ailleurs, le maire de Muttersholtz préfère utiliser le terme de « forêt sanctuaire » plutôt que celui de « forêt cinéraire ». Pour Julien Rodrigues, secrétaire général de l’équipe administrative : « c’est un columbarium déconnecté du cimetière ».

L’objectif d’une forêt cinéraire est double, car il permet :

  • aux familles de se recueillir dans un lieu naturel ;
  • de stopper l’exploitation forestière pour des raisons économiques et de laisser ainsi les arbres atteindre leur maturité et mourir de leur fait, sauf s’ils doivent être abattus pour des questions de sécurité.

La forêt cinéraire à Muttersholtz

L’emplacement se situe à la sortie nord de la commune, en direction d’Hilsenheim. Le plan d’aménagement prévoit 42 arbres (13 de petite taille, 25 de taille moyenne et 4 de grande taille). Ce lieu aura le statut de site cinéraire isolé. Chaque arbre pourra accueillir 12 concessions installées en cercle au pied des arbres, ce qui permet d’atteindre le nombre de 504 urnes. Chaque famille pourra acquérir une ou plusieurs concessions au pied du même arbre.

Pour que les familles des disparus puissent se recueillir, la mairie a fait aménager un site mégalithique au pied de deux grands chênes qui sont probablement bicentenaires et qui sont déjà protégés. Ils portent d’ailleurs un marquage au titre de la directive européenne Natura 2000 qui privilégie la recherche collective d’une gestion équilibrée et durable des espaces, tout en prenant en compte les préoccupations économiques et sociales.

Trois tailleurs de pierre ont été chargés de la mise en œuvre de sièges qui sont disposés autour d’un autel. Ce sont des assises brutes qui permettront à chacun de s’y installer comme il le désire.

 

Quels sont les tarifs des concessions dans la forêt sanctuaire de Muttersholtz ?

Le maire de la commune a souhaité que les tarifs appliqués pour les concessions soient les mêmes que ceux pratiqués dans le cimetière du village.

Pour une concession trentenaire, ils varient selon la catégorie de l’arbre entre :

  • 400 € et 800 € pour les habitants de Muttersholtz ;
  • entre 800 € et 1 200 € pour les résidents des autres communes.

Une même famille aura la possibilité d’acquérir les 12 concessions qui sont disponibles au pied d’un arbre (hormis celles qui sont situées au pied des deux chênes bicentenaires). Pour le maire, ces deux arbres devant garder un caractère collectif, ils ne pourront pas devenir une concession familiale.

Que dit la législation française sur les forêts cinéraires ?

L’article L2223-18-2 du CGCT est très restrictif puisqu’il dispose que la dispersion des cendres est autorisée en pleine nature, mais qu’elle doit être gratuite et qu’elle ne peut pas donner lieu à la matérialisation d’une sépulture.

C’est pourquoi une proposition de loi a été déposée au Sénat le 31 mai 2022, afin d’autoriser la création de forêts cinéraires.

Quelles sont les difficultés rencontrées par la forêt cinéraire d’Arbas en Haute-Garonne ?

Le premier projet de forêt cinéraire en France a connu de multiples rebondissements. Initié en 2014 sur une superficie de 1,25 ha, ce lieu était prévu pour accueillir 216 urnes funéraires. Alors qu’une vingtaine d’urnes biodégradables étaient déjà en place, le projet a été suspendu par l’État en 2018. Les raisons invoquées étaient d’ordre juridique. En effet, l’inhumation d’une urne biodégradable s’apparente à une dispersion de cendres et non à une sépulture. Elle ne peut pas dès lors faire l’objet d’une concession attribuée moyennant finances.

 

Toutefois, une relance prochaine du projet est toujours d’actualité, comme le précisait le maire écologiste d’Arbas lors de la cérémonie de présentation des vœux de la commune à ses habitants, le 15 janvier 2023.

Pour éviter tout problème avec la réglementation funéraire en vigueur, le maire de Muttersholtz a donc décidé que la « forêt sanctuaire » accueillera uniquement des urnes cinéraires non biodégradables qui seront fabriquées en pierre, terre cuite et bois imputrescible. Il s’agira par conséquent d’une inhumation réversible et pas d’une dispersion des cendres.

 

Sources :

https://www.muttersholtz.fr/vivre-a-muttersholtz/la-foret-sanctuaire/

https://cca.asso.fr/bientot-une-foret-cineraire-a-muttersholtz/

https://www.senat.fr/lc/lc304/lc304.html

https://france3-regions.francetvinfo.fr/grand-est/bas-rhin/bas-rhin-une-foret-cimetiere-pour-reposer-en-plein-nature-2646128.html

https://www.leparisien.fr/bas-rhin-67/en-alsace-bientot-une-foret-cimetiere-pour-reposer-au-pied-dun-arbre-10-11-2022-FLQXZWLY4NAK7F74TSRZVCDCQI.php?at_creation=Le%20Parisien&at_campaign=Partage%20Twitter%20CM&at_medium=Social%20media


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