Tout juste revenu de deux jours de visite officielle en Guyane et après s'être arrêté sur le site de lancement d'Ariane 6 à Kourou, Emmanuel Macron a posé pied à Belém, en pleine forêt amazonienne. Pour sa première incursion dans le pays, le président française ambitionne de tisser des relations stratégiques avec le Brésil, malgré les frictions existantes entre les deux nations.
Le principal point de tension réside dans la position adoptée par le Brésil vis-à-vis de l'Ukraine. Alors que la France cherche à rallier des soutiens, le Brésil s'inscrit dans la neutralité, une ligne adoptée par les pays Brics, tels que l'Inde, qui aspirent à une troisième voie. Le Brésil tend à considérer que l'Ukraine a sa part de responsabilité dans le conflit qu'il juge plutôt régional. De même, la position brésilienne diffère de celle des États-Unis sur plusieurs plans. Notamment, le pays a fortement critiqué la réaction d'Israël aux événements du 7 octobre à Gaza.
Un autre désaccord concerne le Mercosur, un accord de libre-échange visant à faciliter l'importation de produits agricoles sud-américains en Europe, traité auquel la France s'oppose. Cette résistance française a suscité l'irritation de Lula, qui a reproché à Emmanuel Macron son protectionnisme. Néanmoins, les officiels de l'Élysée déclarent que le sujet ne sera pas évoqué durant la rencontre des deux présidents, indiquant une volonté de maintenir un climat diplomatique apaisé.
2024, l'année sous le signe du Brésil pour Emmanuel Macron
La question émerge alors: pourquoi Emmanuel Macron se rend-il au Brésil malgré ces tensions? Selon son entourage, le but est de réaffirmer les liens diplomatiques. Avec une population de 215 millions d'habitants et un rang de cinquième plus grand pays du monde, le Brésil ne peut être ignoré. Emmanuel Macron compte sur ce pays où la France représente le premier investisseur étranger avec plus de 1 100 entreprises implantées. Sa visite, la première depuis celle de Jair Bolsonaro (2019-2023), s'inscrit dans une démarche de rapprochement politique et humain. En effet, Emmanuel Macron considère Lula comme un ami, l'ayant accueilli à Paris après sa libération de prison, bien avant son retour à la présidence brésilienne.
Cette visite d'État, exceptionnelle en période post-Covid, est vue par l'Élysée comme un symbole de la proximité entre les deux chefs d'Etat. Emmanuel Macron envisage de consolider cette relation à travers des défis partagés, tels que le combat contre le changement climatique, la lutte contre la pauvreté et la protection de la biodiversité. Cela explique notamment la remise d'une décoration au cacique Raoni et les étapes prévues à São Paulo et Brasilia. Emmanuel Macron est également conscient des événements à venir: le G20 à Rio et la COP30 à Belém, rappelant que les intérêts franco-brésiliens sont étroitement liés.
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