La méfiance grandissante vis-à-vis des serviettes hygiéniques jetables
On a longtemps ignoré leur composition, qui est par ailleurs toujours difficile à connaître en détail. Les serviettes jetables étaient considérées pratiques et nécessaires, et les alternatives peu séduisantes.
Aujourd’hui, à mesure que la conscience écologique et le désir d’information des consommatrices grandit, les serviettes hygiéniques jetables sont regardées avec beaucoup plus de méfiance. Et cette méfiance semble justifiée, à mesure que l’on découvre les substances contenues dans ces protections intimes.
À l’heure actuelle, les fabricants ne sont toujours pas dans l’obligation de communiquer la liste des composants, sauf s’ils incluent une lotion ou l’une des substances parfumantes allergènes mentionnées dans le règlement européen des cosmétiques.
Serviettes hygiéniques jetables : une composition douteuse
Si les fabricants n’affichent généralement pas la composition de leurs protections, des tests indépendants sont toutefois menés depuis quelques années, et les scientifiques tirent le signal d’alarme.
L’Anses, Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, a confirmé avoir découvert en 2018 la présence de substances chimiques préoccupantes dans les protections hygiéniques. Les taux étaient à priori peu élevés et ne dépassaient pas les seuils sanitaires. L’Anses a quand même demandé aux fabricants d’éliminer ces substances ou de réduire davantage leur taux.
Un constat préoccupant quand on sait par exemple que la dioxine, une substance extrêmement toxique formée lors du contact entre le chlore utilisé pour blanchir les serviettes hygiéniques et la viscose, s’accumule dans le corps tout au long de la vie. Difficile dans ce cas de déterminer des seuils maximaux à ne pas dépasser…
Ont également été retrouvés dans les serviettes hygiéniques analysées des pesticides, et plus précisément le tristement célèbre glyphosate, mais aussi du lindane et du quintozène, interdits en Europe depuis 2000, des phtalates, des furanes et des hydrocarbures aromatiques. Les pesticides ne sont pas ajoutés intentionnellement, mais sont présents sur le coton utilisé pour fabriquer les serviettes. Toutes ces molécules présentent des risques pour les muqueuses, peuvent perturber le système hormonal voire sont potentiellement cancérigènes.
Par ailleurs, les parfums et le chlore sont autant de substances irritantes et allergènes qui n’ont aucune fonction indispensable. Le chlore sert uniquement à blanchir le coton pour lui donner un aspect plus « propre », car des décennies de marketing nous ont appris à associer la blancheur d’un produit à sa propreté.
La pollution liée aux serviettes hygiéniques jetables
Une femme réglée utilise au cours de sa vie environ 10 000 protections hygiéniques jetables. Ces protections, tampons, protège-slips ou serviettes contiennent énormément de plastique. On trouve bien sûr du plastique dans l’emballage, chaque protection étant emballée individuellement, mais aussi dans les applicateurs et les ficelles pour les tampons, dans la partie étanche des serviettes, dans les produits synthétiques qui composent la partie absorbante ou encore dans les ailettes qui se rabattent sur les côtés de la culotte.
Tout ce plastique n’est utilisé que quelques heures avant d’être jeté. Il n’est pas recyclé, et finit incinéré, enfoui, ou dans la mer sous forme de microparticules. Par ailleurs, les tampons jetés directement aux toilettes peuvent passer à travers les mailles du filet lors du traitement des eaux usées et finir leur course dans les fleuves puis dans les océans.
Tous ces éléments, de la présence de substances toxiques au problème environnemental posé par les protections périodiques jetables, ont peu à peu fait émerger un désir de solutions alternatives, plus naturelles, plus saines, moins polluantes.
Comment sont conçues les serviettes hygiéniques lavables ?
Les serviettes hygiéniques lavables ne sont pas une innovation, mais leur conception s’est grandement améliorée au fil du temps. Aujourd’hui, elles n’ont rien à envier en termes d’efficacité aux serviettes jetables.
Elles sont fabriquées avec plusieurs couches de tissu. On distingue trois parties :
- La partie supérieure, que l’on appelle aussi topper, est en contact direct avec la peau.
- La partie absorbante est la partie centrale de la serviette, composée de plusieurs couches de tissu qui retiennent le sang.
- Le dos est la partie qui est au contact de la culotte.
Le topper doit être doux et perméable pour permettre aux règles d’être absorbées par la partie intermédiaire de la serviette hygiénique lavable. Il est le plus souvent en coton bio, en velours de coton ou en flanelle (qui est aussi du coton).
La partie absorbante est nécessairement composée de plusieurs couches, qui peuvent être en flanelle ou en jersey (il s’agit de coton dans les deux cas), ou encore en molleton. Il existe du molleton de coton, mais aussi du molleton de bambou par exemple.
Enfin, le dos de la serviette hygiénique lavable doit idéalement être imperméable pour contenir le sang absorbé par la partie centrale. Il est souvent en PUL, ou polyuréthane laminé, un jersey synthétique fin, respirant et imperméable, ou encore en nylon, qui est un peu moins respirant que le PUL.
Les serviettes hygiéniques lavables comportent des boutons pression qui permettent de les fixer à la culotte sans utiliser de colle ou autre produit chimique. Elles sont parfois livrées avec une petite pochette de rangement, le plus souvent en coton bio.
Comment choisir votre serviette hygiénique lavable ?
Les serviettes hygiéniques lavables existent souvent en plusieurs tailles et/ou capacités d’absorption. Selon l’intensité de votre flux, il vous faut choisir la plus adaptée à vos propres besoins. La plupart des femmes ont des règles plus abondantes en début de cycle, et un flux plus léger en fin de cycle. Il est donc intéressant de choisir plusieurs modèles adaptés aux différentes phases de votre cycle menstruel.
Le choix est totalement personnel, mais le plus simple dans tous les cas est de vous baser sur votre consommation de serviettes hygiéniques jetables. Si vous avez l’habitude d’utiliser des modèles « maxi » ou « plus », faites de même avec les protections lavables.
Combien de serviettes hygiéniques lavables faut-il pour un cycle ?
Là encore, la réponse ne peut qu’être individuelle. Toutefois, sachez que la capacité d’absorption d’une serviette hygiénique lavable est la même que celle d’une serviette jetable. Par conséquent, il vous faut au minimum le même nombre de serviettes lavables que vous utilisez de jetables. À un détail près : vous n’aurez peut-être pas le courage de les laver et de les mettre à sécher tous les soirs.
Il faut donc acheter idéalement le double de serviettes lavables, pour pouvoir les laver un jour sur deux. Par exemple, si vous utilisez habituellement 4 serviettes jetables dans la journée et 1 pour la nuit, il vous faudra acheter 8 serviettes lavables pour la journée et 2 pour la nuit, afin de n’avoir à les laver que tous les deux jours.
Comment transporter et laver les serviettes hygiéniques réutilisables ?
Lorsque vous changez de serviette, repliez-la sur elle-même et glissez-la dans un petit sac de transport. Pas de panique concernant l’odeur : elles n’en ont pas, contrairement aux serviettes jetables qui produisent un parfum désagréable, mélange d’arôme chimique et de macération. Les serviettes en tissu évitent ces désagréments.
Une fois rentrée chez vous, prélavez les serviettes à la main avec de l’eau tiède et du savon. Il est important que l’eau ne soit ni trop chaude ni trop froide, ce qui dans les deux cas risquerait de fixer les taches de sang. Idéalement, faites ensuite tremper vos serviettes dans une bassine d’eau tiède pendant environ 30 minutes, éventuellement avec un peu de bicarbonate de soude si vous constatez que le sang ne part pas. Vous pouvez ensuite les mettre à laver en machine, le plus souvent jusqu’à 60 °C. Dans tous les cas, fiez-vous aux instructions du fabricant.
Les divers avantages des serviettes hygiéniques lavables
Avec les serviettes hygiéniques lavables, vous n’avez plus d’irritations, de rougeurs ou de tiraillements. Finis les risques d’allergie liés aux substances chimiques nocives des protections jetables. Vous savez désormais ce que vous mettez au contact de vos muqueuses plusieurs jours par mois pendant environ 40 ans !
De plus, votre budget est considérablement allégé : la somme investie pour vous équiper est rapidement rentabilisée, une serviette hygiénique lavable ayant une durée de vie de cinq ans environ.
Autre avantage : plus besoin de chercher désespérément des serviettes un dimanche ou en pleine nuit si vous n’avez pas pensé à refaire votre stock ou si vos règles n’arrivent pas au moment prévu. Avec les serviettes lavables, vous avez l’équipement nécessaire chaque mois, sans avoir à racheter de protection.
Enfin, vous contribuez à préserver l’environnement en réduisant votre utilisation de plastique !