Le masque de protection : un peu d’histoire
Des masques en vessies de porcs aux becs d’oiseaux contre la peste
Les masques de protection ont une longue histoire. Les premiers masques remontent à l’Antiquité, et étaient destinés à protéger les personnes qui préparaient le pigment vermillon en broyant de l’oxyde de fer. Ils étaient alors fabriqués à partir de vessies de porcs !
Au 16ème siècle, l’apparition des épidémies de peste entraîne la création d’un masque qui semble aujourd’hui aussi étrange qu’effrayant : il s’agit d’un masque en forme de bec d’oiseau, porté par les médecins, qui vient compléter une combinaison de cuir ou une blouse en tissu enduit, des lunettes, un chapeau et un bâton pour toucher les malades.
Rien à voir avec les masques FFP2 actuels : ces masques étaient le plus souvent fabriqués en carton bouilli, et garnis d’épices et de plantes aromatiques, de clous de girofle, de camphre ou encore de pétales de roses. Ils étaient percés de deux trous, ce qui les rendait totalement inutiles. À l’époque, on pensait en effet que la maladie était véhiculée par les mauvaises odeurs, ce que l’on nommait les « pestilences ».
La découverte des microbes et la naissance des masques chirurgicaux
Les masques de protection disparaissent progressivement, puis réapparaissent à la fin du 19ème siècle, au moment de la découverte des microbes par Louis Pasteur. Vers 1890, Carl Flügge, un médecin allemand, démontre que les microbes se transmettent également par les postillons. Il comprend alors que les microbes peuvent être véhiculés par les chirurgiens lors des opérations : les premiers masques chirurgicaux voient le jour : il s’agit alors simplement de compresses de mousseline qui couvrent le nez et la bouche, ou de feuilles de gaze insérées dans des montures en fil de fer.
Au début du 20ème siècle, ils sont utilisés en Chine, alors frappée par une épidémie de peste. Puis, en 1918, c’est l’arrivée de la grippe espagnole qui fait des morts par millions. Les masques sont de plus en portés, notamment aux États-Unis. Ils réapparaissent ensuite en Asie, notamment au Japon à partir des années 1950, lors de l’émergence de la maladie de Minamata liée à une intoxication au mercure en raison de la pollution provoquée par une usine pétrochimique. L’épidémie de SRAS en 2003 a comme conséquence une normalisation du port du masque en Asie, et le grand public commence à l’utiliser en Occident lors de l’épidémie de grippe A.
En 2020, en raison de la pandémie de Covid-19, son usage s’est répandu dans le monde entier. On distingue aujourd’hui plusieurs types de masques, dont voici les trois principaux :
- Les masques de type FFP (1, 2 ou 3 selon leur degré de filtration), qui stoppent la projection des gouttelettes et protègent le porteur du masque de l’inhalation de gouttelettes et de particules en suspension.
- Les masques chirurgicaux, qui limitent la projection et l’inhalation de gouttelettes, mais ne protègent pas contre l’inhalation de très petites particules en suspension.
- Les masques en tissu, appelés aussi masques grand public ou masques non sanitaires, qui permettent, lorsqu’ils respectent plusieurs critères de fabrication et d’entretien, de réduire la projection de gouttelettes et de protéger les personnes autour de soi.
Dans quel cas porter un masque de protection ?
Le masque de protection non sanitaire, en tissu, doit idéalement être porté dès lors que l’on est en contact avec d’autres personnes, à plus forte raison lorsque la concentration de population est importante et que l’on est dans un espace confiné, comme les magasins ou les transports en commun par exemple. Dans ces lieux, certains le complètent d’une visière de protection covid 19 pour protéger leurs yeux.
Dans les deux cas, ces matériaux viennent en complément des gestes barrières et ne se substituent pas à ceux-ci. Il est donc fondamental de continuer à respecter la distance de sécurité d’au moins un mètre et de se laver régulièrement les mains, à l’eau chaude et au savon pendant au moins trente secondes, ou avec du gel hydroalcoolique si l’on n’a pas accès à un point d’eau.
Les masques de protection en tissu ne remplacent ni les masques chirurgicaux ni les masques FFP2. Ils ne sont pas destinés au personnel soignant.
Comment mettre, porter et enlever un masque de protection ?
Quel que soit le type de masque, les gestes à respecter pour le mettre, le porter et le retirer sans risque de contamination sont les mêmes :
- Avant de mettre le masque, il est indispensable de se laver soigneusement les mains, à l’eau et au savon pendant au moins trente secondes, ou bien à l’aide d’une solution hydroalcoolique en l’absence d’accès à un point d’eau. N’oubliez pas de laver aussi vos ongles, le dos de vos mains, les espaces entre vos doigts et vos pouces.
- Le masque doit ensuite être enfilé en ne touchant que les lanières, puis ajusté en le remontant si nécessaire au niveau du nez et en le descendant bien sous le menton.
- Une fois en place, le masque ne doit plus être touché. Évitez donc de le déplacer, de l’enlever puis de le remettre. Si vous le touchez, lavez-vous soigneusement les mains à l’eau et au savon ou à l’aide d’une solution hydroalcoolique. Il est important de considérer la partie externe du masque comme contaminée, pour bien visualiser le risque de transmission du virus et se rappeler l’importance de ne pas le toucher.
- Si vous devez boire ou manger, ou enlever votre masque pour toute autre raison, remplacez-le par un masque non usagé, en ayant préalablement pris soin de vous laver les mains de nouveau.
- Au bout de 4 heures, le masque doit être changé. En effet, il s’humidifie avec le temps et perd en efficacité. Pour une journée de travail, il est donc recommandé de prévoir trois masques : un pour le matin, un pour l’après-midi et un masque de secours.
- Enlevez votre masque en ne touchant que les lanières, placez-le dans un sac fermé et lavez-vous les mains.
Comment laver et entretenir un masque de protection ?
Les masques de protection en tissu doivent être lavés en machine, avec votre lessive habituelle, à une température de 60 °C pendant au moins trente minutes. Ils peuvent être repassés pour ôter d’éventuels plis, mais le repassage ne peut se substituer au lavage en machine à 60 °C, pas plus que l’utilisation d’un sèche-cheveu, de la vapeur ou le passage dans une casserole d’eau bouillante, qui peut fragiliser le tissu et rendre le masque moins efficace.
Le masque doit sécher rapidement après le lavage. Lorsque votre masque doit être lavé, vous pouvez, si vous en avez suffisamment pour assurer une rotation, attendre de faire une machine de draps et de serviettes à 60 °C et ajouter le masque usagé à cette machine. En attendant, le masque doit être placé dans un sac plastique fermé.
Dans tous les cas, il est recommandé de laver un masque neuf avant la première utilisation.
Comment éviter la buée sur les lunettes lorsque l’on porte un masque de protection ?
Un manque d’étanchéité au niveau du nez peut provoquer l’apparition de buée sur les lunettes, lorsque l’air chaud expiré rencontre la surface froide des verres. Pour y remédier, certains masques sont dotés d’un pince-nez. Cela peut être par exemple un lien de sac de congélation, ou toute autre armature métallique légère enrobée de plastique pour ne pas blesser le nez ou percer le tissu.
Un mouchoir en papier placé entre le masque et la peau, au niveau de l’arête du nez, permet également d’absorber l’humidité et d’éviter la formation de buée sur les verres. Il existe aussi des sprays ou des gels anti-buée à pulvériser sur les lunettes.
Quelle est la durée de vie d’un masque de protection ?
La durée de vie d’un masque dépend du tissu utilisé. Les fabricants spécifient le nombre de lavages auxquels peut résister un masque de protection, dans le cas des masques réutilisables. Généralement, les masques les plus résistants ne doivent pas dépasser les 30 lavages. Dans tous les cas, référez-vous aux instructions du fabricant.
Quelles sont les choses à ne pas faire lorsque l’on porte un masque de protection ?
Il existe plusieurs choses à éviter absolument, parmi lesquelles :
- Toucher votre masque
- Ne couvrir que votre bouche
- Le glisser sous le menton pour manger ou boire, puis le remettre
- Le mettre sans vous être lavé les mains
- Ne pas le laver à température suffisante
- Remettre un masque usagé
- Ne pas bien le positionner ou l’ajuster
- Ne pas envelopper le menton
- Le retirer en le tenant par l’avant et non par les lanières
- Ne pas le changer au bout de quelques heures
- Déposer un masque usagé et le laisser à l’air libre, sans l’enfermer dans un sac
Si le masque de protection en tissu n’est pas un dispositif médical, il contribue néanmoins à lutter contre la propagation de l’épidémie. Aussi, le respect des consignes d’utilisation et d’entretien est un véritable enjeu de santé publique.