L’histoire du furoshiki
Le furoshiki est né au Japon sous l’ère Nara. Il s’agit d’une technique de pliage d’un morceau de tissu pour transporter des objets. Cette technique de pliage et de portage a porté divers noms au fil du temps et en fonction de l’utilisation que l’on en avait. En effet, à l’initiale, le furoshiki ne servait qu’à protéger les objets de valeur.
Un peu plus tard, sous l’ère Heian, le tissu avait pour but d’envelopper des vêtements. Au lieu d’être appelé furoshiki, il portait le nom de koromozutsumi. Ce terme signifie « emballage de vêtements ».
Sous l’ère Edo, l’on parle de furonishiku « quelque chose étalé aux bains », car ce petit paquetage servait à plier et transporter les vêtements aux bains publics. Puis, il est devenu hiratzutsumi « paquet plat », car il servait à transporter essentiellement les vêtements.
Sous l’ère Muromachi, les daimyos continuaient d’aller aux bains avec leur hiratzutsumi, mais l’étendaient au sol pour essuyer leurs pieds après avoir profité du bain. Le furoshiki s’est peu à peu répandu dans tout le Japon, y compris dans le monde, lorsque le commerce a commencé à se développer. En effet, il a rapidement servi à transporter les produits marchands et à décorer.
Les furoshikis étaient aussi portés au bout d’un bâton lorsqu’ils étaient d’un poids convenable. Celui-ci était transporté à la main et supporté sur l’épaule. De nombreuses représentations ont d’ailleurs été reprises dans les dessins animés. Certains furoshikis plus conséquents étaient portés directement sur l’épaule, comme un sac.
Puis, il a accompagné les travailleurs sur leur lieu de travail. En effet, le furoshiki contenait le repas des actifs durant de longues années, jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Cependant, avec l’arrivée de l’industrialisation et surtout des sacs en plastique, le furoshiki a été boudé. Néanmoins, le ministère de l’Environnement et des associations écologiques japonaises fait son possible pour que leur savoir-faire ancestral redevienne la norme. En effet, les dégâts environnementaux liés à l’utilisation des sacs plastiques ont nécessité de prendre de réelles solutions.
Au Japon existe un mouvement qui rejette le gaspillage, au même titre que le « zéro déchet » en occident. Il s’agit du mottainai. Le furoshiki est devenu le symbole de ce concept.
L’on redécouvre le furoshiki depuis peu. En effet, il était coutumier de le voir dans les courts-métrages ou les dessins animés pour enfants. Mais utiliser un morceau de tissu pour transporter des objets n’est pas familier. Il a pris de l’essor grâce au mouvement zéro déchet, qui prône l’utilisation d’objets réutilisables au détriment des objets à usage unique.
Le furoshiki s’inscrit dans une réelle démarche d’engagement. Il est essentiellement utilisé pour les fêtes de Noël et les anniversaires. Cependant, nombre de personnes optent pour ces morceaux de tissu pour faire des économies. L’investissement de départ est rapidement rentabilisé, car le morceau de tissu se garde des années durant ! D’autre part, il permet d’emballer tous types de cadeaux, chose que le papier cadeau ne permet pas toujours. Enfin, esthétique, il encourage aussi les personnes créatives à utiliser leur savoir-faire pour créer des emballages personnalisés avec un nœud, l’ajout d’accessoires (fleurs, pomme de pin…) ou de raphia...
À quoi sert le furoshiki ?
Le furoshiki peut avoir diverses utilisations. En premier lieu, il peut servir à transporter. En effet, il était le moyen de transport idéal pour les courses, les achats alimentaires... Plus tard, il était de coutume que les enfants asiatiques utilisent un morceau de tissu pour transporter leurs livres et leur repas pour se rendre à l’école. Les actifs faisaient de même pour transporter leur bento sur leur lieu de travail. Il faut dire qu’en Asie, les cantines scolaires et d’entreprises étaient très rares avant la guerre. Chacun amenait son repas pour le consommer sur place. Beaucoup l’utilisent aujourd’hui pour les aliments : transporter un bento ou un pique-nique. Il n’est pas rare d’avoir recours au furoshiki pour transporter des objets encombrants.
Ensuite, il peut aussi servir à stocker. En effet, il peut être utilisé pour conserver les vêtements d’une saison à une autre, ranger les couettes, les oreillers... Certains l’utilisent même pour ranger l’argent chez eux, ce que nous appelons « des bas de laine ».
Enfin, le furoshiki peut aussi servir à emballer. C’est d’ailleurs sous cette forme que nous le connaissons le plus. Il s’agit d’utiliser un morceau de tissu pour emballer un cadeau à offrir. Cela peut aller du petit objet au plus gros : livre, jouet, bouteille de vin...
Les caractéristiques des furoshikis
Il s’agit généralement d’un carré de tissu. Celui-ci peut être acheté spécifiquement pour cette utilisation ou bien il est possible de réutiliser un vieux drap découpé, une vieille nappe ou même des vêtements.
En ce sens, les couleurs et motifs sont aléatoires et peuvent changer. Cependant, les Japonais sont très attentifs aux motifs de leurs furoshikis. Ceux-ci ont tous une connotation symbolique. En effet, un code couleur est associé en fonction de l’occasion :
- Les couleurs rouges, dorées, vert clair et bleu clair sont destinées aux évènements heureux (mariages, anniversaires).
- Les couleurs foncées (vert foncé, bleu foncé, marron, noir) sont plus appropriées pour des évènements dits « tristes ».
- Les couleurs vives, comme le fluo, les couleurs criardes... ne sont pas appréciées.
- Le violet est la couleur passe-partout, symbole de longévité, elle convient à toutes les situations.
Après la couleur, les motifs ont aussi leur importance. En effet, en fonction des évènements, il est de circonstance d’utiliser un emballage à motifs ou pas. De nombreux tissus japonais sont assortis de fleurs. Celles-ci représentent toute une symbolique et les tissus sont alors à adapter en fonction des saisons :
- Les fleurs de cerisier (sakura) sont plutôt à préférer pour les évènements au printemps
- Les feuilles d’érable (momiji) pour l’automne
- La fleur de prunier (ume), de bambou (take) ou de pin (matsu), les vagues (seigaiha) sont des symboles positifs à utiliser pour tout évènement heureux
- Les arabesques (karakusa) vertes symbolisent le bonheur (mariage, naissance)
- Le chrysanthème (kiku) est tout le contraire de chez nous : il signifie la longévité et la vertu
- La pivoine (botan) indique la noblesse.
Ensuite, il y a les symboles animaliers qui, eux aussi, s’approprient plus à une saison ou un évènement en particulier :
- Le lapin (usagi) est considéré comme porte-bonheur. Il est idéal avec les plantes d’automne et la pleine lune.
- La grue (tsuru) est signe de victoire et s’approprie tout à fait aux naissances et aux mariages.
- Les coquillages (kai-awase) sont aussi très utilisés pour les mariages, car ils sont symboles de fidélité.
Les furoshiki n’ont pas tous la même taille. Il en existe de très petits et au contraire, de très gros. Entre les deux, de nombreuses dimensions permettent d’emballer à peu près tout. Voici les dimensions classiques des furoshikis :
- 45 x 45 cm pour les mini enveloppes destinées à donner de l’argent lors d’évènements
- 50 x 50 ou 52 x 52 cm, souvent utilisés pour transporter les bentos ou les petits cadeaux
- 68 x 68, 70 x 70 ou 75 x 75 cm pour l’emballage de cadeaux
- 90 x 90 cm pour l’emballage de bouteilles, de livres ou d’objets moyens
- 105 x 105 ou 118 x 118 cm, idéaux pour réaliser des sacs de transport
- 128 x 128 ou 140 x 140 cm, pratiques pour emballer les vêtements ou transporter un pique-nique
- 150 x 150 (courants pour transporter des objets encombrants)
- 175 x 175, 195 x 195 ou 230 x 230 cm pour emballer les futons, couettes et gros objets lors d’un déménagement
Comment choisir son furoshiki ?
Il convient évidemment de choisir son morceau de tissu en fonction de l’élément que l’on doit emballer. La dimension du furoshiki est donc primordiale. Ensuite, il va falloir s’attarder sur l’aspect esthétique. En effet, si l’on souhaite respecter les traditions, la couleur ainsi que les motifs seront très importants. Néanmoins, cela peut sembler n’être qu’un détail pour certains utilisateurs.
Enfin, il convient de s’attarder sur la méthode d’emballage. En effet, là encore, il existe de multiples façons d’emballer un présent et toutes portent un nom différent. En voici quelques-uns :
- Bin-zutsumi : ce furoshiki est spécifiquement adapté aux bouteilles
- Hikkake-zutsumi est le mode de pliage pour les boîtes rectangulaires
- Hirazutsumi est préféré pour les contenants carrés ou rectangulaires (bento par exemple)
- Kakushi-zitsumi convient pour les contenants carrés ou rectangulaires, mais avec un nœud caché
- Maki-zutsumi est la technique adoptée pour les objets longs et cylindriques
- Otsukai-zutsumi permet d’emballer un produit carré ou rectangulaire avec un nœud apparent
- Suika-zutsumi est la technique à adopter pour les objets ronds
Comment utiliser un furoshiki ?
Aujourd’hui, le furoshiki s’inscrit comme une alternative au papier cadeau. En ce sens, il est utilisé à cet effet dans 99 % des cas. Les 1 % restants concernent les emballages d’objets encombrants dans les armoires (coussins, couettes...).
Le furoshiki permet d’emballer des présents à offrir. Ils se démarquent par leur originalité et souvent par leur esthétisme. En effet, en fonction des techniques adoptées, l’emballage peut être plus ou moins joli. Les finitions sont importantes : avec ou sans nœud, en forme de fleur, orné de branchages ou de feuillages...
Une fois le cadeau déballé, le furoshiki se lave et se conserve jusqu’à la prochaine utilisation. Fini les sacs poubelle remplis de papier cadeau après les fêtes de Noël ou d’anniversaire. Désengorgez vos poubelles et optez pour des solutions zéro déchet efficaces, originales et esthétiques.