Les intempéries extrêmes au sud du Brésil ce mois-ci, ont entraîné un bilan désastreux. Le long du fleuve Rio Grande do Sul, l'ampleur des dégâts est sans précédent : des glissements de terrain monstrueux et des propriétés submergées. Le compte des victimes atteint 147 morts, avec encore 124 personnes portées disparues. Alors que les efforts de secours se poursuivent, les conséquences à long terme pour les deux millions de personnes touchées et les infrastructures dévastées sont inestimables.
François Gemenne, spécialiste de la géopolitique de l'environnement, évoque la gravité de la situation : 'Ces inondations sans précédent ont causé déjà plus de 620 000 déplacements de population depuis le début des pluies incessantes, s'ajoutant aux 150 000 déplacements enregistrés l'année dernière dus aux catastrophes naturelles dans la région.'
"On songe sérieusement à déplacer intégralement des villes telles que Porto Alegre au Brésil, vu les risques d'inondation permanents dans ces zones."
François Gemenne
Ce déplacement potentiel de villes entières soulève de profondes interrogations sur les droits des citoyens à ne pas être forcés à l'exode. Un projet monumental, à la hauteur de la décision prise par l'Indonésie il y a trois ans de transférer sa capitale, Jakarta, à Nusantara, sur l'île de Bornéo, en raison des dangers d'inondations augmentés par la montée des eaux.
L'ampleur du phénomène est déjà considérable, comme le montrent les données compilées par l'Observatoire des Situations de Déplacements Internes (IDMC). Pour 2023, les statistiques indiquent que le nombre de déplacements causés par des désastres dépasse 26 millions, surpassant encore les déplacements dus à des conflits.
"Les déplacements de populations dus aux catastrophes excèdent année après année ceux engendrés par des conflits."
François Gemenne
Ces chiffres sont principalement le reflet de la situation critique en Asie du Sud et du Sud-Est. Le cyclone Mocha, par exemple, a provoqué à lui seul plus de deux millions de déplacements entre le Bangladesh et la Birmanie, complexifiant la situation déjà précaire des camps de réfugiés rohingyas. Souvent, les crises humanitaires et les catastrophes naturelles s'entremêlent, amplifiant les vulnérabilités des populations.
Il est crucial de comprendre la distinction entre les termes 'déplacements' et 'déplacés', car les données recensent le nombre de déplacements au cours d'un an et une personne peut être déplacée à plusieurs reprises.
"Le rapport de l'IDMC révèle qu'au 31 décembre 2023, près de 7,7 millions d'individus restaient déplacés suite à des catastrophes dans 83 pays différents."
François Gemenne
Avec le réchauffement planétaire, nous assisterons à une augmentation des déplacements causés par des événements climatiques extrêmes. Les politiques d'adaptation au changement climatique doivent impérativement prendre en compte ces mouvements migratoires.
Même en France, les catastrophes naturelles provoquent des déplacements. Par exemple, en 2022, les incendies de forêt ont causé l'évacuation de 45 000 personnes. D'après une étude d'Ipsos pour EDF, 26% des Français anticipent la possibilité de devoir quitter leur domicile dans la décennie à venir, en raison de l'impact du changement climatique. L'éventualité d'une telle situation nous concerne tous et n'est plus une hypothèse éloignée dans le temps, mais une réalité imminente.
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Crise climatique : "En 2023, on a compté plus de 26 millions de déplacements provoqués par des catastrophes", alerte François Gemennehttps://t.co/QshVihmzWq
— franceinfo (@franceinfo) May 18, 2024
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