La fabrication d’un savon solide demande de la patience, de la précision et quelques précautions, mais rien d’insurmontable ! Avec les bons ingrédients et les instructions nécessaires, vous pouvez vous aussi réaliser votre savon maison. Nous vous proposons une recette naturelle pour fabriquer vous-même votre savon solide pour les mains.
Le processus de saponification à froid
Avant de vous lancer dans la fabrication de votre savon solide, il est important de bien comprendre le processus de fabrication d’un savon. Dans cet article, nous ne parlerons que de la saponification à froid, car c’est la technique la plus accessible et la plus facilement réalisable à la maison. Toutefois, sachez que tous les savons ne sont pas fabriqués ainsi : le savon de Marseille authentique et le savon d’Alep, par exemple, sont saponifiés à chaud et cuits au chaudron pendant plusieurs jours.
La saponification à froid permet d’obtenir des savons surgras, riches en huiles végétales ainsi qu’en glycérine. Cette transformation se produit sous l’action de la soude. La saponification est ce que l’on appelle une réaction totale, ce qui signifie que le processus ne s’achève de lui-même que lorsque l’un des deux composants que sont l’huile et la soude a totalement disparu. Pour s’assurer que le savon ne contient plus aucune trace de soude, les huiles végétales doivent être présentes en quantité supérieure à la soude. Cet excédent d’huile demeure non saponifié et permet d’obtenir un savon surgras, nourrissant et hydratant.
Le processus de saponification à froid est long et le savon nécessite un temps de séchage d’au moins quatre semaines.
Quels ingrédients pour fabriquer son savon solide maison ?
La fabrication d’un savon solide nécessite trois ingrédients de base :
- Un corps gras, à savoir des huiles ou des beurres végétaux
- De la soude caustique (hydroxyde de sodium)
- De l’eau
Les huiles ou beurres végétaux
Vous pouvez utiliser tous types d’huiles et de beurres végétaux. Cependant, toutes les huiles et les beurres végétaux n’ont pas exactement les mêmes propriétés, selon les différents acides gras dont ils sont composés. Certains apportent plus de dureté au savon, d’autres plus de mousse, d’autres encore ont un pouvoir lavant plus important.
Par exemple, l’acide linoléique apporte plus de douceur à la peau. On le trouve en grande quantité dans l’huile de sésame, d’onagre, d’abricot ou encore de pépins de raisin.
L’acide laurique permet d’obtenir un savon dur, moussant, avec un grand pouvoir lavant. On le trouve dans l’huile de coco, de coprah ou encore dans le beurre de murumuru.
L’acide stéarique apporte de la dureté au savon et une mousse onctueuse et dense. Il est présent en quantités importantes dans le beurre de karité et le beurre de cacao.
L’idéal est de trouver un équilibre dans la composition en mélangeant des huiles aux différentes propriétés.
La soude caustique
La soude caustique ou hydroxyde de sodium s’achète en droguerie ou dans les magasins de bricolage. Elle ne doit pas être confondue avec les cristaux de soude (bicarbonate de soude) qui ne sont pas utilisables dans la fabrication d’un savon. Vous pouvez l’acheter pure, sous forme solide, ou déjà diluée dans l’eau, sous forme de lessive de soude. Cette dernière présente l’avantage de limiter les manipulations et d’éviter le risque de projections.
Quelle que soit la version choisie, soyez très vigilants lorsque vous utilisez de la soude caustique. C’est un produit dangereux, très corrosif, qui peut provoquer de graves brûlures. Pas d’inquiétude toutefois : il ne reste à la fin du processus de saponification plus de traces de soude dans le savon, à condition de bien respecter les dosages recommandés.
Rangez la soude hors de portée des enfants et des animaux domestiques, et protégez-vous en mettant des gants, des lunettes de sécurité, un masque et des vêtements à manches longues, de préférence des vêtements déjà usés, que vous ne regretterez pas en cas de problème. Ajoutez un tablier pour être encore mieux protégé.
Enfin, rappelez-vous d’une règle simple : c’est toujours la soude qui est versée dans les huiles végétales et non l’inverse.
Les ajouts
En fin de préparation, il est possible d’ajouter des huiles essentielles, du miel, des épices ou encore des agents exfoliants comme de la poudre de flocons d’avoine ou encore des graines de pavot. Vous pouvez également ajouter des argiles pour purifier la peau ou des colorants naturels pour l’aspect purement esthétique de votre savon.
Calculs et dosage, une étape fondamentale
Vous n’avez pas besoin de faire de calculs si vous réalisez la recette conseillée dans cet article : les ingrédients ont déjà été méticuleusement choisis, pesés et équilibrés pour vous permettre de fabriquer un savon solide pour les mains sans aucun danger.
Toutefois, si vous souhaitez à l’avenir vous permettre plus de libertés et élaborer vos propres recettes en testant de nouvelles huiles et autres ingrédients, il vous faut absolument utiliser un calculateur de saponification, qui vous permet de connaître le juste dosage de soude en fonction des huiles choisies. En effet, toutes les huiles et tous les beurres végétaux n’ont pas le même indice de saponification : autrement dit, la quantité de soude nécessaire à la transformation de l’huile en savon ne sera pas la même selon l’huile choisie. Or, un savon trop dosé en soude sera caustique et non utilisable sur votre peau.
Avec le calculateur, vous pouvez doser précisément les quantités pour obtenir un savon au bon taux de surgraissage.
Recette de savon solide surgras pour mains sensibles
Pour fabriquer un savon solide pour les mains sensibles, il vous faudra le matériel suivant :
- Une maryse (spatule en silicone)
- Deux béchers gradués
- Un mixeur
- Un thermomètre de cuisine
- Une balance de cuisine
- Un moule en silicone
- Du matériel de protection si vous diluez vous-même votre soude dans l’eau : masque, lunettes, gants, tablier
- Plusieurs bols pour transvaser les mélanges
- Du film alimentaire, un torchon et une serviette
Mettez de côté les ingrédients suivants, en les pesant minutieusement avec une balance de précision :
- 30 g d’huile de coco
- 26 g d’eau
- 20 g de beurre de cacao
- 20 g d’huile de son de riz
- 11,4 g de soude caustique pure solide
- 10 g d’huile d’amande douce
- 2,4 g d’huile végétale de cameline
Une fois que vous avez enfilé masque, lunettes, gants et tablier, procédez ainsi :
- Versez l’huile végétale de cameline dans un bol.
- Versez la bonne quantité d’eau dans un bécher.
- Versez progressivement la juste quantité de soude caustique dans le bécher contenant l’eau, en remuant avec votre maryse jusqu’à ce que la soude soit totalement dissoute. Le mélange de la soude et de l’eau produit de la chaleur : mettez le mélange de côté et laissez-le refroidir jusqu’à 45 °C.
- Pendant que le mélange refroidit, versez dans le deuxième bécher le beurre de cacao ainsi que l’huile de coco, de son de riz et d’amande douce. Faites chauffer le mélange au bain-marie, jusqu’à ce qu’il atteigne la température de 60 à 70 degrés. Une fois que le mélange beurre et huiles est totalement fondu, mettez de côté et laissez tiédir jusqu’à 45 °C.
- Lorsque la température des deux mélanges (soude + eau et beurre + huiles) a suffisamment baissé et atteint les 45 °C, versez doucement la soude diluée à l’eau dans le mélange de beurre et d’huiles et passez le tout au mixeur jusqu’à obtention d’un mélange bien homogène et d’une trace fine. La trace, en savonnerie, désigne le moment où la saponification débute et où la pâte de savon commence à laisser une trace lorsqu’on la fait couler dans le mélange.
- Ajoutez l’huile végétale de cameline et mélangez à nouveau au mixeur. Arrêtez-vous lorsque la trace est franche et bien visible.
- Versez le mélange dans votre moule en silicone, couvrez le moule avec un film alimentaire et un torchon, maintenez le tout dans une serviette pour garder la chaleur et laissez poser ainsi pendant 48 heures. Le mélange va commencer à durcir et le processus de saponification débute.
- Au bout de 48 heures, démoulez votre savon et laissez-le sécher à l’abri de la lumière, de la chaleur et de l’humidité pendant au moins quatre semaines.
Cette étape de quatre semaines s’appelle, dans le jargon des savonniers, la cure. Le savon se bonifie, son pH s’abaisse et ses ingrédients libèrent leurs principes actifs. Il sèche, durcit, acquiert son odeur définitive et sa texture s’améliore. Plus la cure est longue, plus le savon sera moussant, onctueux et doux. Votre patience sera donc récompensée !
De nombreux savonniers laissent leurs savons en cure pendant plusieurs mois. Rassurez-vous, le but ici n’est pas d’obtenir la haute qualité d’un savon fabriqué par un professionnel, mais de vous laver les mains en douceur avec le plaisir et la fierté d’avoir confectionné votre propre savon : quatre semaines est donc une durée minimale, mais suffisante pour pouvoir profiter de votre savon solide maison.