Confrontés à une image souvent associée à la pollution, les sports mécaniques en France entreprennent différentes mesures pour alléger leur impact sur l'environnement. Le président de la Fédération française de motocyclisme, Sébastien Poirier, reconnaît que cette industrie rencontre des défis en raison de la sensibilité croissante aux questions écologiques. Avec le retour des compétitions majeures comme les saisons de Formule 1 et de MotoGP, les organisateurs en France sont contraints de s'intéresser de plus près à leur bilan carbone, particulièrement en ce qui concerne les déplacements des spectateurs qui constituent la majorité des émissions de CO2 lors des évènements.
Le sentiment prédominant que le sport automobile est en contradiction avec la durabilité est contrebalancé par les rapports environnementaux émis par les fédérations sportives françaises, qui ont révélé que les gaz à effet de serre générés directement par les pilotes lors d'une compétition ne représentent qu'une faible part des émissions totales. Jérôme Lachaze de l'Automobile Club de l'Ouest illustre cet état de fait, soulignant l'importance historique du sport automobile dans les avancées technologiques, notamment en matière de sécurité, et désormais en faveur de la mobilité décarbonée.
Des initiatives inspirantes voient le jour au niveau national. Par exemple, la Formule 4 en France se distingue par l'utilisation d'un biocarburant entièrement renouvelable, une première mondiale. D'autres avancées remarquables incluent la transition de la catégorie junior du motoball vers l'électrique et l'expérimentation des véhicules à hydrogène par l'ACO, qui envisage de leur consacrer une catégorie pour les 24 Heures du Mans en 2027. Didier Lehénaff de l'association Un sport vert pour ma planète a noté la proactivité du secteur, indiquant qu'un regard renouvelé sur la question met en lumière l'importance des déplacements des spectateurs comme principal enjeu environnemental.
Les défis du transport en commun
Les zones rurales ou périurbaines où se déroulent souvent les événements de sports mécaniques présentent un double défi en terme d'accès et d'impact écologique, à la lumière du faible développement des transports en commun dans ces régions. Le circuit Paul-Ricard dans le Var en est une parfaite illustration. Nathalie Reitzer, en charge de la RSE pour le circuit, exprime la difficulté rencontrée par l'organisation pour convaincre les collectivités de la nécessité d'améliorer les services de transport public. En attendant, le circuit prend ses propres dispositions pour réduire les impacts, notamment à travers le recyclage des biodéchets et l'installation de panneaux solaires.
L'engagement pour un événement écoresponsable est également promu à travers une charte spécifique. Des réductions sont offertes aux organisateurs d'événements qui adhèrent à cette approche durable. Grâce à ces efforts, le circuit a obtenue une accréditation environnementale de la Fédération internationale de l'automobile, soulignant son positionnement en tant qu'acteur responsable dans le domaine sportif automobile.
La problématique des 'green tickets' au Mans
À l'inverse, la disposition géographique du circuit des 24 Heures du Mans est avantageuse avec un accès aisé par tram. L'ACO incite les spectateurs à choisir des options de transport durable grâce à des 'green tickets' offrant des remises pour ceux arrivant en mode éco-responsable. Malgré les ajustements nécessaires, tels que l'exclusion des participants venus par avion de pays non européens, le succès du dispositif est croissant, signe de la prise de conscience écologique au sein des amateurs de sport automobile.
Cette transition se fait cependant avec une réalité tangible : certains publics, tels que les motards et les camionneurs, sont mus par leur passion et sont plus réticents au changement. Jérôme Lachaze évoque l'acceptabilité des événements sportifs qui doit conjuguer engagement environnemental et valeurs traditionnelles du sport auto.
La perspective des jeunes et l'avenir du sport automobile
Les jeunes licenciés sont cités comme moteurs du changement en termes des pratiques écologiques au sein des sports mécaniques. Ceux-ci, de plus en plus conscients des enjeux environnementaux, influencent leurs aînés et contribuent à façonner une culture de durabilité dans le domaine. Olivier Gatineau de l'association Daytona Motors témoigne de cette évolution des mentalités et de la convivialité des nouvelles pratiques, comme la plantation d'arbres pour compenser les émissions de carbone et l'organisation de covoiturage entre pilotes.
Toutefois, même si les sports mécaniques en France représentent une part minime des émissions de gaz à effet de serre au niveau national, il reste difficile de les comparer à l'échelle internationale, la Formule 1 par exemple ayant omis de calculer les émissions de ses spectateurs dans ses rapports environnementaux. L'évolution continue de l'industrie des sports mécaniques reflète une prise de conscience et un engagement de plus en plus forts en faveur de l'environnement.