20 m3 de vêtements sont donnés à Emmaüs Pau chaque jour. Les vêtements en bon état sont souvent revendus tels quels, mais que fait-on des vêtements trop usagés ? Désormais, ils peuvent trouver une seconde vie dans l’entreprise Ouatéco qui les transforme en isolant thermique et écologique pour la construction. Zoom sur cette entreprise spécialiste du recyclage.
Un isolant particulièrement performant
L’entreprise Ouatéco n’en est pas à son coup d’essai. Forte d’une expérience de 10 ans dans la transformation de papier en ouate de cellulose, 3 ans de recherche et développement ont suffi pour développer un nouveau procédé pour la transformation des vêtements.
Donner une nouvelle vie à du textile destiné au rebut est déjà un exploit en soi, mais le patron de l’entreprise située à Saint-Geours-de-Maremne Thierry Toniutti assure également que l’isolant thermique qu’ils produisent a « une performance énergétique trois fois plus importante que les isolants préexistants sur le marché » tels que la laine de verre ou la laine de roche.
De plus, le matériau obtenu à partir de vieux vêtements a une « tenue inégalable dans le temps ». « Ce qui nous permet de la garantir 50 ans », explique Mr Toniutti. « La fibre textile contient de l’air, ce qui lui donne une forte inertie, très efficace contre la pénétration de l’air froid et encore plus de l’air chaud ».
« Avec un isolant comme celui-là, on peut se passer d’une climatisation. Les économies en énergies fossiles seront conséquentes », a-t-il ajouté.
L’objectif de l’entreprise est de recycler 8 000 à 10 000 tonnes de vêtements par an.
Donner l’exemple en matière de recyclage
L’entreprise Ouatéco devrait être opérationnelle et commencer la production de panneaux isolants début 2020. D’ici là, les machines et équipements nécessaires seront installés. Ensuite, il faudra trier les vêtements, puis « coupage, délissage, effilochage, enlèvement des boutons, dépoussiérage, les opérations successives vont nécessiter des mises au point au moins jusque fin décembre », a expliqué Mr Toniutti.
« La région Nouvelle-Aquitaine produit à elle seule au moins 12 500 tonnes de vieux vêtements par an et cela va augmenter de 30 % d’ici 2 ans », affirme le patron de Ouatéco, « nous ne pourrons pas tout traiter. Nous traçons un sillon en espérant servir de modèle à d’autres ».
Le Conseil régional de Nouvelle Aquitaine soutient leur projet et a participé à son financement à hauteur de 450 000 euros via le dispositif Aquitaine Développement Innovation. Dans la région voisine, au Pays basque, Chloé Salmon Legagneur, animatrice de la chaire BALI (Biarritz Active Lifestyle Industry) a déjà manifesté son intérêt pour cette technologie. « Quand détruire ou brûler des invendus de la mode devient interdit, un outil de valorisation des textiles usagés comme celui de Ouatéco trouve toute sa pertinence », a-t-elle déclaré.