Mourir fait partie intégrante de la vie. Pourtant, cette étape est aujourd’hui encore tabou et dictée par des rites et coutumes presque ancestraux. Depuis quelques années, notre sort après la mort est voué à d’autres types d’options. Plus naturelles et respectueuses de l’environnement, elles donnent une symbolique forte et utile à la mort. Même si le sujet reste gênant, de plus en plus de Français expriment leurs volontés quant à leur devenir, une fois leur vie sur Terre achevée.
Les options actuelles
Jusqu’à aujourd’hui, après le décès d’un individu, seules deux options se présentent à la famille : l’inhumation ou la crémation. Dans les deux cas, la cérémonie se clôture par un enterrement des plus classiques. Les frais sont importants et l’acte indique une fin réelle et actée. Depuis quelques années, l’on assiste à un renouveau. Poussées par un élan écologique et refusant de considérer la mort comme une fin, des entreprises ont révolutionné l’industrie des pompes funèbres. Elles proposent des alternatives remarquables, écologiques et durables. Si certaines méthodes sont encore interdites en Europe, d’autres se popularisent. Voici quelques exemples des nouvelles tendances pour un enterrement plus écolo et durable.
La promession
Non encore pratiquée dans l’hexagone, la promession est une technique de funérailles écologique suédoise. Elle est tout l’inverse de la crémation. Il s’agit donc de conserver le corps à -18 °C pendant 10 jours, avant de le faire disparaître dans le l’azote liquide. La dépouille est alors soumise à des températures proches de — 200 °C (-196 °C pour être précis). Tous les éléments devenant friables sous l’action du froid, une table vibrante se charge de les réduire en poudre. Par ce procédé, il n’y a aucune vapeur toxique diffusée dans l’air, aucune émission de Co2 et les éléments restants sont transformés en aimant, avant d’être déposés dans une urne biodégradable.
La poudre demeurant dans l’urne devient compost en moins d’un an et peut contribuer à faire pousser un arbre, une symbolique très forte démontrant que la fin d’une histoire est également le début d’une autre.
L’aquamation
Cette technique est interdite en Europe, mais va être autorisée dans une quinzaine d’états américains d’ici 2020. Également appelée liquéfaction, le corps est plongé dans un mélange chimique visant à le dissoudre. Au bout d’un laps de temps et soumis à une température de 180 °C, les tissus se liquéfient. Les gaz à effet de serre sont réduits d’un tiers en comparaison à la crémation. Le liquide final est très riche et peut être utilisé comme fertilisant naturel.
Devenez un arbre
L’inhumation classique impose un enterrement dans un cercueil plombé. Deux designers italiens ont eu l’idée de transformer le corps des défunts en arbre. Comment cela fonctionne-t-il ? L’idée est de planter un arbre au-dessus du cercueil du défunt. Ce dernier est biologique et biodégradable, l’arbre sera donc nourri par les nutriments apportés par le corps sous terre. En d’autres termes, le corps jouera le rôle d’engrais.
Dans le même principe, l’Urn Bios est une urne biologique et biodégradable. Une fois plantée dans le sol, elle deviendra un arbre. Dans l’urne, les cendres du défunt (humain ou animal !) sont placées sous un terreau ensemencé d’une graine d’un arbre (au choix). Lors de la décomposition de l’urne, les cendres se mélangeront au terreau pour créer un engrais naturel, aidant l’arbre à croître. La fin de vie d’une personne est désormais le début de celle d’un végétal. L’idée est de repeupler les cimetières d’arbres et in fine, de vie.
Réincarnez-vous en œuvre d’art
Voici une idée folle, mise au point par un américain en 2009. Suite au décès de sa bien-aimée grand-mère, Dave Blake a décidé de révolutionner la fin de vie. Pour lui, la crémation ou l’inhumation ne permettaient en aucun cas de lier l’aspect artistique à la mort. Cette fin était trop abrupte pour être acceptable.
Chaque être cher, humain ou animal, a droit à une mort unique et se doit de laisser une empreinte visible et durable à ceux qui restent. C’est en ce sens qu’il crée son entreprise Spirit Pieces. Il récupère les cendres des défunts et les immortalise dans le verre afin de créer des œuvres artistiques et uniques. Il fait appel à des maîtres verriers pour concevoir ses créations.
Et si vous deveniez un récif marin ?
L’idée a germé dans l’esprit d’entrepreneurs américains (Floride). Ils ont créé Eternal Reefs, un concept existant depuis les années 80. Encore étudiants et fanas de plongée, ces entrepreneurs ont remarqué la dégradation du récif corallien en Floride. Se sentant investis d’une mission, ils ont alors créé des moules artificiels en béton écologique, imitant les récifs naturels. C’est ainsi que sont nés les Reef Balls. Le but ? Permettre à la vie marine de reprendre ses droits en s’accrochant sur les structures.
Mais dans quelle mesure cela concerne le sort des défunts ? En réalité, ils ponctionnent une partie des cendres des personnes décédées pour les couler dans le béton. Les proches le désirant peuvent participer à la création du dôme en y apposant toutes sortes de décorations (coquillages, empreintes, messages…). Après une cérémonie commémorative, le récif est plongé dans les eaux de Floride et devient un support de choix pour la vie sous-marine. Cette pratique donne du sens et une utilité à la disparition d’un être cher.
Devenez éternel grâce aux diamants
Si l’on vous disait qu’il était possible que vous deveniez un diamant après votre disparition… Non seulement la pierre est certifiée, mais elle est également disponible en plusieurs coloris. Il existe de nombreuses entreprises américaines proposant ce service inédit.
LifeGem est l’une d’entre elles. Considérée comme un hommage, cette transformation humaine ou animale, permet de conserver un souvenir unique et durable d’un être cher. En brûlant le corps, les cendres sont récupérées pour la création de la pierre précieuse. Le procédé fonctionne également avec une mèche de cheveux.
Mélomane pour l’éternité
Cette idée était une passion. Mais l’idée a tellement séduit les clients, que le business de du musicien anglais Jason Leach est devenu florissant. Grâce à son entreprise And Vinyly, les cendres des défunts sont compressées jusqu’à confectionner un vinyle sur lequel la famille peut y enregistrer le ou les morceaux qu’elle souhaite (hors musique protégée par les droits d’auteurs).
Tutoyez les étoiles
Celestis propose d’envoyer vos cendres dans l’espace. Vous avez le choix entre plusieurs options : l’aller-retour, le voyage sur la lune, la conservation des cendres dans un satellite géolocalisable ou la dispersion des cendres dans l’univers infini. Une option qui n’est pas franchement écologique, c’est un fait, mais qui permet de réaliser des rêves ou de redevenir une poussière éternelle ?
L’inhumation autrement
La mise en terre écofriendly existe. Et l’entreprise Coeio vous propose ce service unique en son genre. Après avoir conçu une combinaison naturelle et biodégradable, le corps est mis en terre... Sans cercueil. Ainsi, il n’y a aucune pollution ni contamination du sol par des produits chimiques ou autres.
Ce costume mortuaire porte le nom d’Infinity Burial Suit, conçu à partir, non pas de fibres, mais de champignons et bactéries. Ils ont pour effet de réduire les toxines durant la décomposition. En effet, les champignons se nourrissent de celles-ci tout au long du processus de décomposition. Ainsi, vous devenez un engrais de choix pour la végétation terrestre. Le cycle de la vie est encouragé et vertueux.
Outre l’avantage écologique, cette méthode présente également un avantage économique puisque pour moins de 1 500 euros, vous êtes prêts à être mis en terre. La seule contrainte réside dans l’accord des cimetières. En effet, nombre d’entre eux n’acceptent pas encore les inhumations de ce genre.
L’aquamation
Sensiblement sur le même principe que la promession, l’aquamation utilise l’eau chaude pour dissoudre le corps. Chauffée à 93 °C, des agents chimiques alcalins et naturels (hydroxydes et carbonates) vont dissoudre les tissus. Il ne faut pas plus de 4 heures pour qu’il ne reste que le squelette. Ce dernier est ensuite réduit en poudre avant d’être remis à la famille. Cette technique ne diffuse aucune particule dans l’atmosphère, tout en conservant une empreinte énergétique quasi nulle. L’eau recueillie peut être utilisée comme engrais naturel.
La résomation
Cette technique est l’œuvre d’un écossais vivant aux États-Unis. Moins répandue, elle existe pourtant depuis 2007. Elle consiste à laisser le temps faire son travail. Le corps est plongé dans une solution alcaline (hydroxyde de potassium), dont la température oscille entre 150 et 180 °C. Les tissus se dissolvent dans le liquide d’hydrolyse. Le squelette est par la suite réduit en poudre.
Aucun résidu nocif n’est émis et la consommation d’énergie est maîtrisée.
La plupart de ces méthodes d’enterrement écologique ne sont pas applicables en France. À l’heure où la question de l’avenir de la planète est omniprésente, peut-être serait-il intéressant de soulever le problème que posent nos techniques d’inhumation.