Devant la récente mise en liquidation judiciaire de Burton, un autre exemple parmi d'autres enseignes historiques, une nouvelle proposition de loi vise à imposer une taxe sur la fast fashion. Cette initiative, portée par le député Les Républicains Antoine Vermorel-Marques, a pour but de freiner l'expansion de ce secteur en pleine effervescence, souvent pointé du doigt pour son rôle dans l'érosion du marché traditionnel de l'habillement.
La fast fashion, ou mode rapide, est devenue synonyme d'une consommation effrénée et éphémère. Dans le passé, le secteur de l'habillement travaillait autour de quatre collections par an alignées sur les saisons. Au fil du temps, cette cadence s'est largement accélérée pour atteindre aujourd'hui des extrêmes :
- Zara peut proposer jusqu'à 500 nouveautés chaque semaine
- la plateformes comme Shein présente jusqu'à 8 000 nouveaux articles par jour, distribués dans plus de 120 nations.
Rythme de production et question éthique
Toute personne qui s'intéresse à la fast fashion reconnaît que ce modèle repose sur l'exploitation des travailleurs de la confection, notamment des femmes. Les salaires dérisoires, des heures de labeur interminables, des conditions de travail périlleuses en sont les principales caractéristiques. Par exemple, les ouvrières peuvent travailler jusqu'à 18 heures par jour pour un revenu minime, parfois seulement 0,18 centime d'euro pour la confection d'une robe.
Ce modèle a eu des conséquences tragiques comme l'accident du Rana Plaza au Bangladesh, où une usine de textile s'est effondrée, entraînant la mort de plus de 1 100 personnes et faisant 2 500 blessés, en raison du non-respect des normes de sécurité.
La pollution, conséquence de la fast fashion
En dépit des problématiques éthiques, la demande ne faiblit pas. Annuellement, ce sont 56 millions de tonnes de vêtements qui sont vendus à travers le monde, soit le double par rapport au début des années 2000. La pollution générée par la production et l'élimination de ces masses impressionnantes de déchets textiles est également en forte augmentation. La nouvelle vague, dénommée 'ultra fast fashion', incarnée par des marques comme Shein ou Temu, ne fait qu'aggraver le problème.
L'historienne de la mode Audrey Millet, auteure du 'Livre noir de la mode', critiques ces pratiques :
'Que ce soit la fast fashion ou l'ultra fast fashion, le principe reste le même. Cela repose sur la prédation de l'environnement et de l'exploitation du travailleur. La différence, c'est que l'ultra fast fashion multiplie les volumes. Les produits sont fabriqués à des coûts encore moindres, dans des conditions de travail encore plus inhumaines, parfois au péril de la vie des employés, dans le but de réduire encore davantage les coûts.'Cette industrie est responsable à elle seule de 10% des émissions de gaz à effet de serre mondiales.
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