Certaines communes françaises ont décidé de mettre en place la transition écologique par elles-mêmes, afin de reprendre le pouvoir de leur destinée. Cela implique une plus grande liberté, sensibilise les habitants au zéro déchet, à la cause animale, à la protection de l’environnement, etc. Il est de ces maires que l’on a envie de féliciter pour leurs idées novatrices et leur courage, pourvu que ces initiatives donnent l’envie à d’autres de changer leurs habitudes.
Peut-on réellement instaurer une alternative écologique à l’échelle d’une commune ?
Elle est bien loin cette époque gauloise où les petits villages autonomes fleuraient bon la nature et où l’on connaissait et parlait à tout le monde. Aujourd’hui, les villes ont le monopole sur les campagnes et avec elles, d’incontournables solutions de consommation et de gestion.
Toutefois, certaines villes françaises, lassées par le fonctionnement actuel, ont décidé avec l’appui de leur maire de modifier les codes en optant pour une alternative écologique spontanée. Cela peut se manifester de diverses manières, comme d’opter pour un poulailler communal pour dire stop au gaspillage alimentaire, la mise en place d’un écoquartier moderne et autonome, ou même reprendre la main sur l’eau et l’électricité sans faire appel aux entreprises ayant pignon sur rue.
Comme quoi, parfois, il suffit de glisser l’idée au sein du Conseil municipal et de la défendre bec et ongle. Avec un peu d’énergie et beaucoup de volonté, de magnifiques initiatives écologiques peuvent voir le jour. Voici un aperçu des communes françaises, originales par leur mode de fonctionnement.
Quand les communes font la guerre au glyphosate
La loi interdisant le glyphosate dans l’hexagone a été rejetée. Qu’à cela ne tienne, quelques communes ont décidé de prendre le taureau par les cornes et de le bannir à petite échelle. Plus de 5 000 communes ont joué le jeu et ont évincé le glyphosate des espaces verts publics. Parmi elles, Versailles dans les Yvelines, dont le maire a réalisé des économies en optant pour des solutions alternatives et moins nocives tant pour l’environnement que pour les habitants. Mieux encore, comme le désherbage est devenu manuel, la commune a été obligée d’embaucher de nouveaux employés en insertion durant les saisons de pousse.
Mais alors, quelles sont ces fameuses alternatives au glyphosate ? Outre le désherbage mécanique, il y a aussi l’option thermique. Il s’agit de verser de l’eau chaude (de la mousse de fibre de coco, d’amidon de maïs et d’eau ou de la vapeur) sur les mauvaises herbes pour les tuer.
À Saint-Bonnet-les-Tours-de-Merle (Corrèze), cette petite commune de moins de 50 habitants a investi dans un appareil désherbant thermique à radiants infrarouges. Les administrés l’utilisent à tour de rôle pour venir à bout des mauvaises herbes.
À Fontainebleau (Seine-et-Marne), c’est la prévention qui prévaut ! Des cabosses de cacao sont déposées au pied des fleurs pour éviter la pousse de mauvaises herbes. Cette méthode permet aussi d’éviter à l’eau de s’évaporer trop rapidement après un arrosage durant les fortes chaleurs, sans compter que les rues sont délicieusement embaumées par les effluves de chocolat ! Comme quoi, les alternatives écologiques sont simples et efficaces à mettre en place !
D’autres méthodes ont été déployées dans des communes responsables, comme des appareils désherbants électriques, permettant de débroussailler même sur les espaces durs (graviers, trottoirs, sable…). Les herbicides naturels ont aussi le vent en poupe, moins dangereux, ils requièrent moins de contraintes quant au stockage. Composés essentiellement d’acide citrique, d’acide acétique et divers composés végétaux (clous de girofle, gluten de maïs, sauge, lixiviat…), ils ne polluent pas les nappes phréatiques et ne libèrent pas de perturbateurs endocriniens.
Enfin, certaines communes ont décidé de revoir leurs classiques. L’Isle-d’Espagnac (Charente) a changé les pelouses de ses terrains de sport communaux pour de la fétuque. Moins gourmande que la pelouse classique en termes d’arrosage, la ville réalise des économies tant d’eau que d’entretien. Aucune différence pour les sportifs, mais cette petite alternative écologique a eu de grands effets sur la commune ! À Ozoir-la-Ferrière (Seine-et-Marne), le maire a décidé de laisser la nature reprendre ses droits par endroits. C’est ainsi qu’au parc de la Dourtre, les herbes ne sont plus taillées, recréant tout un écosystème où des nichoirs ou des haies champêtres ont également été implantés pour accueillir de nouveaux animaux.
Vers l’autosuffisance électrique : des communes y sont déjà !
D’ici 2020, l’Europe impose aux communes, une baisse de leur consommation électrique de 20 % en vue de la transition énergétique. Si certaines d’entre elles risquent d’avoir beaucoup de mal à atteindre l’objectif, d’autres sont déjà très en avance.
À Puy–Saint-André près de Briançon (Hautes-Alpes), quelque 14 centrales de panneaux photovoltaïques placées sur les bâtiments publics permettent déjà d’alimenter 150 foyers. Cette petite commune est presque autosuffisante sur le plan électrique et l’énergie produite est 100 % renouvelable. En moins de 18 mois, Puy–Saint-André a réussi à baisser sa consommation de 30 %.
Champigny-sur-Marne a décidé de reprendre la gestion de tout le réseau de géothermie, utilisé pour le chauffage de 20 000 habitants, n’en déplaise à Engie. Une alternative écologique qui met sur la touche les multinationales au profit de petites structures.
François Caron, maire de Loos-en-Gohelle (Pas-de-Calais), a décidé d’œuvrer dans l’écoconstruction pour offrir des logements aux familles les plus démunies. Grâce à ce projet, il est en mesure de proposer des habitations dans lesquelles les familles ne payent que 150 euros de chauffage par an. Une économie qui chaque mois, leur permet de jouir de 100 euros supplémentaires.
Des défis zéro déchet fleurissent
Pendant un an, 12 grandes villes françaises se sont lancé des défis zéro déchet. Pour cela, tous les habitants étaient appelés à jouer le jeu, afin de se sensibiliser sur l’avenir de la planète. Cette initiative entre complètement dans le champ des alternatives écologiques des communes cherchant à limiter leur impact environnemental. Ainsi, Lille, Nantes, Avon, Tahiti, Chambéry, Pau, Strasbourg, Verrie (Maine-et-Loire), Salles-sur-Hers (Aude), Nîmes, Vénissieux et Pré-Saint-Gervais (Seine–Saint-Denis) ont organisé des ateliers de sensibilisation, des réunions d’échanges, etc., le tout en prodiguant des astuces pour limiter ses déchets.
D’autres solutions d’alternatives écologiques sont également mises en place dans l’optique de limiter tant les déchets que le gaspillage alimentaire. C’est ainsi que la commune de Viller-les-Plots (Bourgogne) dispose d’un poulailler communal. Le terrain appartient à la Mairie et les 10 poules se portent comme un charme. Elles sont nourries par les restes alimentaires des 1 050 habitants. Cette initiative est née conjointement après discussion entre les élus et les habitants en conseil municipal. Les travaux ont été financés par la mairie, mais également par les habitants, dont certains sont directement venus prêter main-forte pour la mise en place. Chaque semaine, 3 enfants de la commune aidés de leurs parents et/ou d’élus ont pour responsabilité de prendre soin des poules et de nettoyer le poulailler. En échange, ils peuvent bénéficier gratuitement des œufs fraîchement pondus par les gallinacés. Petit bonus, le fumier naturel et 100 % écologique est distribué gratuitement aux agriculteurs de la commune. Une alternative écologique grandement saluée par les habitants !
À Barsac (Gironde), des habitants ont accueilli des centaines de poules dans leurs jardins privés, cela afin d’éviter de gaspiller la nourriture et profiter d’œufs en échange de bons procédés. La réduction de déchets en est le cheval de bataille, car une économie de 15 000 euros sur l’incinération est attendue, ainsi qu’une réduction de 150 tonnes de déchets en moins en un an.
Les autres initiatives des communes françaises pour une alternative écologique
Plus fort encore, 106 villes françaises, de tailles différentes, dont Montpellier, Paris et Nice, ont décidé de gérer elles-mêmes les services d’eau, en ne faisant plus appel aux multinationales. Il en va de même pour le service de transports.
À Etel (Morbihan) et à Caumont-sur-Durance (Vaucluse), les maires ont créé une mutuelle communale afin que ses habitants puissent avoir accès à des soins de santé. Elles sont en tout une quinzaine de communes françaises à avoir opté pour cette alternative humaine. Le constat était simple : beaucoup de personnes ne pouvaient prétendre à une complémentaire pour couvrir les soins médicaux. Les communes ont procédé comme dans les entreprises, en négociant des tarifs de groupe plus intéressants et au nom de chaque habitant.
Il y a aussi le cas d’Ungersheim (Alsace), un exemple de ville en transition écologique. Ici, l’on recherche avant tout l’autonomie tant énergétique qu’alimentaire. La filière bio a été restructurée, les cantines scolaires ne proposent que des produits locaux issus de circuits courts et une conserverie, ainsi qu’une régie agricole municipale ont vu le jour.
Enfin, impossible d’achever cet article sans parler des monnaies locales. Une trentaine circulent dans l’hexagone et sont aujourd’hui considérées comme un levier important dans le cadre d’une alternative écologique. La Gonette (Lyon), la Pêche (Montreuil), la Bou’sol (Boulogne-sur-Mer), le Grain (Havre), ou encore le Sol-Violette (Toulouse) sont tant d’opportunités pour relancer l’économie à petite échelle et de façon plus ou moins « verte ».
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