Le report du plan Ecophyto par le gouvernement provoque une onde de choc au sein de la gauche. L'objectif initial de ce programme étant de réduire de 50% l'usage des pesticides en France d'ici 2030. L'annonce faite par Gabriel Attal jeudi dernier a précisé que cette suspension servirait à instaurer un nouvel indicateur permettant de mieux évaluer l'emploi des substances chimiques dans l'agriculture.
Pour les Verts, ce geste représente une forme d''hypocrisie abyssale'. Ils rappellent amèrement le slogan d'Emmanuel Macron en 2017, 'make our planet great again', et constatent amèrement que la devise a été détournée aujourd'hui en 'make pesticides great again' selon le député écologiste Julien Bayou. Bayou souligne également les conséquences néfastes sur la santé publique et l'environnement.
'Les pesticides ne font pas qu'endommager la biodiversité. Ils sont également responsables d'une hausse des cas de cancers de la prostate parmi les agriculteurs, d'une augmentation des maladies de Parkinson et de la pollution des nappes phréatiques', a déclaré Bayou.
Marine Tondelier, figure de proue des écologistes, renforce cette position en la qualifiant de 'catastrophe'. Selon elle, 'ce n'est pas cette mesure qui procurera aux agriculteurs des revenus plus conséquents, qui est au cœur de leurs préoccupations et revendications'. Cependant, cette pause elle-même est jugée 'illégale' par certains, comme Marie Toussaint, tête de liste écologiste aux européennes, en référence à un verdict judiciaire qui enjoignait l'État de diminuer l'emploi des pesticides tout en protégeant les eaux.
L'environnement sacrifié pour apaiser le monde agricole?
Nombre d'écologistes dénoncent ce retour en arrière sur les réseaux sociaux, citant des affirmations antérieures d'Emmanuel Macron telles que 'ce quinquennat sera écologique ou ne sera pas'. Aurélie Trouvé, députée de La France insoumise, critique ouvertement ce qu'elle perçoit comme une succession de régressions en matière d'environnement. 'Les agriculteurs sont prêts à relever le défi de l'agroécologie si on leur en donne les moyens', plaide-t-elle.
Le socialiste Dominique Potier, qui avait été rapporteur d'une commission d'enquête parlementaire pointant l'inefficacité présumée du plan Ecophyto, exprime sa 'profonde tristesse'. Pour lui, cette annonce n'est pas seulement un recul, mais un véritable tournant, voire un glissement vers un autoritarisme économique. En revanche, l'entourage du Premier ministre tente de tempérer les réactions, insistant sur le fait que la suspension n'est que temporaire et que l'objectif de réduction des pesticides demeure inchangé.