Face à la colère des agriculteurs, le gouvernement met en « pause » le plan Écophyto sur les pesticides. Les ONG consternées par ce recul sur l’écologie.
Le plan Écophyto 2030 mis sur pause le 1er février 2024
Le gouvernement a annoncé début février de nouvelles mesures en réponse à la crise agricole qui frappe le pays. Face aux demandes de la FNSEA, un certain nombre de ces décisions politiques marquaient déjà un recul considérable pour l’écologie.
Après avoir renoncé fin janvier à la taxation du gazole non routier (GNR), le gouvernement a également réduit le délai de recours contre certains projets. Il a ensuite été question de rediscuter la cartographie des zones humides et des tourbières puis de déroger sur le sujet des jachères. Les ONG environnementales dénonçaient déjà ces mesures qui vont à l’encontre de la préservation de la biodiversité.
C’est un autre coup dur pour l’environnement en ce début février avec cette mise à l’arrêt du plan Écophyto 2030. Cette nouvelle mouture du plan de réduction des produits phytosanitaires était en fin de consultation, après l’échec des précédentes versions.
Doté d’une enveloppe budgétaire considérable pour un accompagnement global à la recherche d’alternatives, « Écophyto 2030 » devait permettre une modification des pratiques qui impactent directement la biodiversité (mortalité des abeilles et des oiseaux) et la pollution des eaux.
La consternation des ONG environnementales face à ces mesures politiques anti-écologie
Lors de la conférence donnée à Matignon, Gabriel Attal a précisé qu’il s’agissait d’une « pause » d’Écophyto, « le temps de mettre en place un nouvel indicateur ».
Il est notamment question de remplacer le Nodu qui est l'indicateur de mesure de l'utilisation des pesticides, mais aussi de remettre en cause le rôle de l'Anses sur la délivrance des autorisations en matière de produits phytosanitaires.
Pour Nadine Lauverjat, déléguée générale de l'association Générations futures « nous avons l'impression de revenir sur quinze ans de travail ! Nous sommes abasourdis et écœurés… »
🚨 Générations Futures réagit aux annonces du Premier Ministre @GabrielAttal sur l'agriculture et dénonce des reculs majeurs concernant les #pesticides qui évidemment satisfont le syndicat majoritaire...🌾⚠️⤵️ pic.twitter.com/SbAIItYHwN
— Générations Futures (@genefutures) February 1, 2024
3/ 🌍 Cette décision représente un saut en arrière de 15 ans, nous ramenant à une époque où le politique, sous pression de la FNSEA, maintenait des pesticides nuisibles sur le marché, malgré les risques pour la santé et l'environnement.
— Générations Futures (@genefutures) February 1, 2024
Même constat pour Thomas Uthayakumar, de la Fondation pour la Nature et l’Homme « Le Nodu nous a permis de voir que la France n’a pas rempli ses objectifs depuis près de quinze ans : quinze ans d’échec pour mettre en pause, ça pose question ».
Quant à Sandrine Bélier, directrice de l’ONG Humanité et Biodiversité, elle confie elle aussi à l’AFP ce que d’autres porte-parole écologistes évoquent également. Sur le long terme, « l’enjeu, c’est la protection de la biodiversité, mais aussi la santé des agriculteurs qui sont les premières victimes des phytosanitaires qu’ils utilisent. »
Utiliser la colère des agriculteur·trices pour revenir en arrière sur des avancées indispensables à la transition agricole comme l'interdiction de certains pesticides est opportuniste et inadmissible. #AgriculteursEnColeres https://t.co/FnDYtcnkH6
— Greenpeace France (@greenpeacefr) February 1, 2024