Un orphelinat fondé par un ancien professeur
C’est un ancien professeur d’histoire reconverti en éleveur, Arrie Van Deventer, qui a fondé le refuge il y a plusieurs années. À l’origine de ce projet, il y a un appel téléphonique reçu en 2011, pour lui signaler la présence d’un rhinocéros blanc, encore nourrisson et bien vivant, aux côtés de deux femelles et d’un bébé tués par des braconniers.
Arrie Van Deventer multiplie alors les coups de fil pour trouver un endroit susceptible d’accueillir ce petit orphelin, sans succès. Il décide donc de créer sa propre structure, et d’y accueillir les jeunes victimes collatérales du braconnage.
Sa mission, ainsi que celle des quatre salariées et des deux volontaires du refuge, tient en trois mots : « secourir, requinquer et relâcher ». L’objectif n’est en effet nullement de garder ces jeunes rhinocéros en captivité, mais de les « préparer à retrouver leur état sauvage », vers l’âge de 5 ans, lorsqu’ils sont suffisamment âgés pour faire face aux prédateurs.
De jeunes rhinocéros à l’abri des regards
Pour protéger ces jeunes orphelins, l’adresse du refuge, qui ne reçoit aucun touriste, est gardée secrète. Comme l’explique Arrie Van Deventer, si un ouvrier agricole signale la présence de 5 rhinocéros aux braconniers, ceux-ci lui verseront en une fois une somme équivalant à une année de salaire.
Toute l’équipe fait donc preuve d’une grande prudence, et le refuge est signalé par une simple pancarte sur la grille, comme une centaine d’autres dans cette région, sans faire aucune mention de la présence de rhinocéros. Leurs cornes alimentent un trafic géré par des réseaux mafieux, et se revendent jusqu’à 90 000 euros le kilo.
Pendant les 5 mois qui suivent leur arrivée, les bébés rhinocéros dorment chaque nuit avec les employées du refuge, qui se substituent à la mère le temps d’apaiser leurs angoisses. Ils arrivent généralement traumatisés, souvent blessés, et ont autant besoin d’être rassurés que soignés.
Ces mammifères qui, à la naissance, pèsent déjà une quarantaine de kilos, prennent un kilo supplémentaire par jour, et ne sont pas loin de la demi-tonne dès l’âge d’un an. Pour soigner et nourrir ces bébés rhinocéros, le refuge fait appel à des dons privés.
À l’âge de 5 ans, ils quittent l’orphelinat pour une réserve beaucoup plus grande, où ils vivent à l’état sauvage, sous l’œil d’une défenseuse de l’environnement qui effectue des patrouilles régulières et donne de leurs nouvelles au personnel du refuge.