La convergence entre technologie et transport s'intensifie aux États-Unis, où les véhicules de transport de marchandises autonomes prennent déjà la route entre Dallas et Houston, deux métropoles majeures du Texas. Ces poids lourds avancés, équipés pour l'auto-conduite, transitent actuellement sur l'I-45, un axe routier essentiel pour le fret national. Bien qu'ils soient encore pilotés par des chauffeurs, leur présence symbolise une ère nouvelle pour le transport routier.
Les compagnies Aurora Innovation et Kodiak Robotics sont à la tête de cette initiative, ayant établi des hubs près de chaque ville pour faciliter les opérations qui continuent sans interruption jour et nuit. Les véhicules équipés de capteurs avancés effectuent des livraisons pour des géants comme Uber Freight et FedEx, avec une flotte qui pourrait compter une vingtaine de camions totalement autonomes dans un futur proche. Aurora envisage de commencer à réaliser des bénéfices dès 2027 ou 2028 grâce à cette technologie.
Des bouleversements significatifs anticipés dans l'industrie du transport
Les camions sans conducteur devraient sillonner les autoroutes avant même les voitures personnelles hautement automatisées. Leur impact sur le marché du transport de marchandises, qui représente 70% des biens acheminés aux États-Unis, est annoncé comme majeur. Selon un expert académique en la matière cité par le Washington Post, ce changement pourrait être de l'ampleur de celui engendré par l'arrivée du chemin de fer.
Le CEO d'Aurora utilise l'exemple des fraises de Californie, actuellement livrées à Dallas en trois jours. Avec un camion autonome, ce délai se réduirait à 24 heures puisqu'il n'y a pas besoin de repos pour un système mécanique.
D'autre part, avec un déficit estimé à 64 000 postes, la profession manque de chauffeurs. L'introduction des camions autonomes pourrait également aider à réduire les émissions de gaz à effet de serre par une gestion optimisée du carburant et des itinéraires, surtout dans un État comme la Californie où le transport est responsable de 50% des émissions. Circuler la nuit est aussi une option plus envisageable réduisant la congestion et la pollution des heures de pointe.
La sécurité et la légalité, des enjeux prédominants
Malgré les promesses technologiques, l'idée de camions de 38 tonnes circulant sans conducteur suscite des inquiétudes légitimes. Convaincre le public de la sûreté de ces véhicules s'annonce aussi complexe que le développement de la technologie elle-même, d'autant plus que deux tiers des Américains expriment une réticence à l'idée d'embarquer dans un véhicule autonome.
Les réglementations varient entre les États, le gouvernement fédéral n'ayant pas encore établi de cadre légal national. Cela signifie qu'en l'absence de législation spécifique, la circulation de poids lourds sans pilotes n'est pas explicitement interdite. Pourtant, comme l'indique Aurora : "Ce n'est pas seulement une expérimentation technologique".
Si le Texas se montre accueillant envers ces essais, d'autres États comme la Californie restent plus réticents. Cette prudence est partagée par différentes parties prenantes, notamment après la suspension des opérations de Cruise à Austin, où ses taxis autonomes gênant la circulation ont suscité des plaintes.
Les premiers pas d'Aurora avec ses camions autonomes sur la route illustrent bien les défis à surmonter : après avoir couvert plus de 1,5 million de kilomètres, ils n'ont été impliqués que dans trois accidents mineurs. L'objectif zéro accident n'est pas encore atteint, mais il est important de noter que les véhicules avec conducteurs humains ne le sont pas davantage. Il est nécessaire de rappeler que rien n'est infaillible, et le débat entre la sécurité des nouvelles technologies et l'emploi des chauffeurs de camion ne fait que commencer.
États-Unis : des camions sans chauffeur vont opérer des livraisons à Houston et Dallashttps://t.co/HlAjC8ebLF
— franceinfo (@franceinfo) May 6, 2024
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