L’été dernier, le rapport du GIEC est (presque) passé inaperçu
Récemment, après avoir vu le film Don’t Look up, Valérie Masson-Delmotte, co-présidente du GIEC, a reconnu parfaitement le cynisme des dirigeants politiques et économiques, mais également la folie des médias, qui ne saisissent pas les enjeux environnementaux :
« ça m’a rappelé la sortie du rapport du GIEC cet été, le 9 août. On avait en même temps l’arrivée de Lionel Messi au PSG ».
En effet, ce rapport très alarmant n’a pas eu l’écho qu’il aurait mérité. Sur les réseaux sociaux, l’économiste Maxime Combes, auteur du livre « sortons de l’âge des fossiles », déplore le peu de retombées en lien avec ce travail.
Il y a 5 mois JOUR pour JOUR le #GIEC alertait : "le changement climatique s’accélère et s’intensifie" à un rythme "sans précédent".
— Maxime Combes #AlloBercy (@MaximCombes) January 9, 2022
5 mois plus tard, l’alerte a disparu de l’actualité
5 mois plus tard, toujours aucun plan d’urgence
5 mois plus tard, l’UE promeut le gaz fossile
Que contient exactement le rapport du GIEC « Climate Change 2021 » qui fait plus de 4 000 pages, réalisés par 234 auteurs, venant de 66 pays et que beaucoup de personnes citent ces derniers jours ? Le GIEC est un Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. Il s’agit d’une structure de l’ONU qui analyse les travaux scientifiques dédiés aux dérèglements climatiques. Dans ce rapport, plusieurs dangers sont pointés du doigt : c’est le cas de l’élévation continue du niveau de la mer et du réchauffement climatique.
Climat : le GIEC alerte sur une hausse de 1,5 °C des températures dans les décennies à venir
Le rapport du GIEC donne de nouvelles estimations de la possibilité d’un réchauffement de la planète qui dépasse 1,5 °C durant les prochaines décennies et souligne qu’à moins de baisses rapides et importantes des émissions de CO2, la limitation du réchauffement autour de 1,5 °C, ou même à 2 °C, sera hors d’atteinte. Certaines projections tablent même sur des hausses de températures qui pourraient même atteindre 4 °C.
Dans l’hypothèse d’un réchauffement de 1,5 °C, les périodes de chaleur seront plus fréquentes, les saisons chaudes plus étendues dans le temps et les saisons froides plus réduites. Avec une augmentation de 2 °C, les chaleurs exceptionnelles atteindraient plus régulièrement des seuils de tolérance pour l’agriculture et la santé.
« Le rythme du réchauffement sur les 50 dernières années est sans précèdent depuis au moins 2 000 ans », peut-on lire dans le rapport.
De nombreux effets négatifs liés au réchauffement climatique
Cette hausse des températures s’accompagnerait de nombreux effets négatifs :
- inondations,
- sècheresses exceptionnelles,
- hausse du niveau de la mer avec une érosion qui va s’accélérer,
- fonte des glaciers,
- baisse de la teneur en oxygène dans les océans...
De nombreuses données chiffrées sont énoncées dans le rapport du GIEC.
Ainsi, on peut découvrir que le niveau de la mer a augmenté de 20 centimètres entre 1901 et 2018. D’un rythme de 1,3 mm/an entre 1901 et 1971, la hausse s’est accélérée pour atteindre +3,7 millimètres par an sur la période 2006-2018.
On apprend qu’entre les périodes 1979-1988 et 2010-2019, la surface de la banquise arctique a baissé de 40 % en fin d’été. Par ailleurs, la fonte de la calotte groenlandaise a été quatre fois plus rapide sur la période 2010-2019 que sur la période 1992-1999. Dans le rapport, les impacts régionaux sont aussi détaillés de manière très fine.
Le rapport du groupe d’experts sur l’évolution du climat publié le 9 août 2021 indique que les activités humaines déterminent l’évolution du climat à venir. Il est clair que le CO2 est le moteur principal du dérèglement climatique. Pour agir, il faut donc les réduire dès à présent.
Don’t Look up, le film qui remet le rapport du GIEC dans le débat public
Les conclusions du rapport du GIEC ont été remises au cœur de l’actualité grâce au film Don’t Look Up. Ce film qui fait un carton sur la célèbre plateforme de streaming établit une analogie avec la crise climatique. L’œuvre est le récit de scientifiques qui découvrent qu’une gigantesque comète se dirige vers la Terre, mais contrairement à toute logique, personne ne prend au sérieux le désastre qui se profile !
Sur les réseaux sociaux, dans les médias et plus globalement dans le débat public, le film a entraîné de nombreuses réactions. Certains discours passés inaperçus à l’été 2021 sur les dangers du dérèglement climatique ont été à nouveau relayés sur les réseaux sociaux. Des internautes ont même fait des montages de certaines séquences du film en le comparant à des prises de parole de scientifiques qui étaient parfois raillés.
Le film aura eu le mérite d’ouvrir le débat sur ces sujets alors que la campagne présidentielle bat son plein en ce moment en France et que ces thématiques devraient être discutées entre les différents candidats à la fonction suprême.