Face à la nécessité de protéger l'agriculture nationale, le gouvernement de la France, par la voix du Premier ministre Gabriel Attal, envisage d'interdire l'entrée sur le territoire de certains produits agricoles. Plus précisément, il s'agit de fruits et légumes qui ont été traités avec le pesticide controversé connu sous le nom de thiaclopride. Cette décision, révélée au début du mois de février, vise à répondre aux tensions dans le secteur agricole tout en préservant la santé publique et l'environnement.
Le thiaclopride est une substance produite par la société Bayer et appartient à la classe des néonicotinoïdes, une catégorie d'insecticides agissant de manière systémique. Autrement dit, la plante absorbe l'insecticide qui se diffuse ensuite dans tous ses tissus, de la racine jusqu'au pollen, offrant une protection durable contre les nuisibles tels que les aphides et les doryphores. Mais l'efficacité de cette substance a une contrepartie; elle affecte également les insectes pollinisateurs non-cibles. Les néonicotinoïdes perturbent le système nerveux des abeilles, les désorientent et sont une des causes de leur déclin mondial.
En Europe, l'utilisation du thiaclopride a été prohibée non seulement pour sa menace envers les pollinisateurs mais aussi pour ses dangers sanitaires pour l'homme. L'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a émis en 2020 une opinion qui juge le thiaclopride comme étant reprotoxique, potentiellement dangereux pour la fertilité et le développement embryonnaire. De plus, il est suspecté d'être un cancérigène probable et un perturbateur endocrinien.
Interdiction et importation: un défi éthique
La France a pris les devants dès 2018 en interdisant cet insecticide, suivi par l'ensemble de l'Union européenne en 2020. Néanmoins, le thiaclopride continue d'être déployé hors des frontières européennes, conduisant à la présence potentielle de résidus sur certains produits importés. C'est dans cette perspective que s'inscrit la volonté de Gabriel Attal d'empêcher l'importation de ces produits traités, afin d'éviter une compétition déloyale.
Cette ambition vise à garantir que les produits agricoles importés soient soumis aux mêmes standards de qualité et de sécurité que ceux exigés des exploitants agricoles européens. Toutefois, les groupes écologiques estiment que cette mesure n'est qu'un début. Pour Barbara Berardi, directrice de recherche à l'ONG Pollinis, l'idéal serait d'étendre l'interdiction à tous les produits alimentaires traités avec des pesticides, fongicides et herbicides interdits dans l'UE.