Constat : la livraison freine la consommation locale et le circuit court
Les livraisons de colis sont en plein essor avec l’avènement de la vente en ligne entre particuliers et du e-commerce. De la même manière, les producteurs locaux qui souhaitent se développer en circuit court doivent assurer des livraisons aux professionnels de la restauration, aux différents magasins et revendeurs qui commercialisent leurs produits, mais aussi aux particuliers de plus en plus familiarisés avec cette option d’achat. Les uns se trouvent généralement en zone rurale et les autres en zone urbaine.
Pour ces acteurs des filières locales, le transport de marchandises représente souvent un obstacle logistique difficile à rentabiliser, en raison notamment :
- Du temps passé sur les routes qui n’est pas employé à l’activité ou à la recherche de nouveaux clients
- Des petites livraisons qui ne remplissent pas le véhicule intégralement
- Des coûts de transport des produits qui dépassent la marge réalisée
À tout cela s’ajoutent les émissions de CO2 qui ne font finalement pas bon ménage avec le concept de consommation locale et de circuit court. Des start-ups se sont emparées de ces problématiques pour proposer des alternatives écologiques, économiques et solidaires.
Les solutions de colivraison entre acteurs locaux de l’alimentaire
À l’image de la célèbre plateforme de covoiturage pour les trajets entre particuliers, des entreprises innovantes ont lancé les « Blablacar » de la consommation locale. Les sites de colivraison ouvrent alors de nouvelles perspectives pour les professionnels du secteur alimentaire.
Promus, Coclicaux ou encore La Charrette... Ces plateformes misent sur la mutualisation des moyens. Le but de ces start-ups est alors de permettre un gain de temps et d’argent aux producteurs, mais aussi une réduction des véhicules sur les routes, ainsi que des livraisons groupées pour le secteur de la restauration.
Chaque site de colivraison a son propre concept. Pour certaines il va s’agir de mettre en relation les producteurs d’un même bassin géographique afin d’organiser une rotation des tournées de livraisons. Cette formule permet également d’étendre la visibilité des producteurs lors des dépôts dans des enseignes qu’ils n’avaient pas prospectées notamment.
Pour d’autres il s’agit de mettre en place des points d’apport situés à mi-chemin. Les producteurs pourvus de contenants isothermes bulle d'air et assimilés, acheminent leur colis dans des zones de stockage et un professionnel se charge ensuite de la livraison sur les kilomètres restants.
À noter que le développement des filières locales est porté par une volonté des consommateurs, mais aussi des collectivités, qui s’engagent notamment dans les Projets Alimentaires de Territoire (PAT). Les filières de restauration collective sont également incitées à favoriser ce mode d’approvisionnement, notamment avec la mise en vigueur de la loi Egalim (loi pour l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire pour une alimentation saine, durable et accessible à tous).
Dans ce contexte, la colivraison permet d’inscrire le circuit court dans le respect des enjeux environnementaux.
La colivraison se développe aussi entre particuliers
Pour des questions pratiques, certains font appel aux services de livraison de courses entre particuliers, c’est notamment la proposition de la plateforme collaborative Shopopop.
Pour d’autres personnes qui utilisent souvent leur véhicule pour des déplacements personnels ou professionnels sur de plus ou moins longues distances, Cocolis remplit les coffres vides. Un moyen d’optimiser les trajets, de rembourser une partie des frais et de rendre service. Les particuliers, mais aussi les transporteurs professionnels peuvent ainsi rentabiliser les allers ou les retours à vide. Et les expéditeurs disposent de leur côté d’une solution économique pour l’envoi de leur colis.
Différents sites de colivraison ont ainsi vu le jour ces dernières années. Certains sont ciblés sur des secteurs géographiques quand d’autres sont spécifiques à des produits. C’est le cas par exemple d’Oenocar qui met en relation les amateurs de vin. Les plateformes sont sécurisées et mettent en place des assurances, gages de sérieux.
La colivraison, entre particuliers ou entre professionnels, répond alors à des enjeux financiers et environnementaux. Mais cette pratique est aussi une belle opportunité de recréer du lien social.