Sur le littoral breton du sud Finistère, la température de l'eau affiche 14 °C et malgré tout, des individus bravent le froid et le vent pour s'élancer sur leurs stands up paddle. Sur la côte de Pors Carn, près de la célèbre pointe de la Torche, se déroulent des séances de thérapie par le surf, organisées en collaboration avec la clinique de l'Odet de Quimper.
En association avec 29 Hood Surf Club, les patients tentent de maîtriser l'équilibre sur leurs planches sous le regard bienveillant et attentionné de Thomas Joncour, un ex-compétiteur de surf et détenteur d'un brevet en sport santé. Avec son sourire communicatif et sa combinaison jaune, Thomas accueille chacun des patients. Il explique : "Ils proviennent tous de la région de Quimper et alentours, certains sont des visages familiers. Le surf apporte énormément de bienfaits, peu importe l'état de santé."
Le mois de juin ne favorisant pas les vagues, une séance de stand up paddle remplace le surf traditionnel. L'objectif reste le même : offrir un exercice physique complémentaire aux soins habituels de la clinique pour aider les patients à surmonter leur addiction.
Depuis un an, la clinique de l'Odet intègre en première instance nationale le surf comme approche thérapeutique pour les patients en addictologie. Inspirée d'une technique ayant prouvé son efficacité outre-Atlantique avec des vétérans américains, la surf thérapie apporte une nouvelle dimension dans le processus de guérison. La Bretagne, où certains constats révélaient une consommation préoccupante de substances illicites, innove ainsi en matière de soins en addiction.
Les dépendances traitées sont diverses, incluant des troubles liés à l'alcool, la cocaïne, l'héroïne, la kétamine et même des jeux de hasard. Un rapport de Santé publique France souligne une augmentation marquée des urgences liées à l'usage de cocaïne en Bretagne ces dernières années.
Un coup de pouce à la guérison
La surf thérapie connaît un franc succès. Stéphane Billard, psychiatre addictologue et directeur de la clinique, constate une baisse du taux de décrochage des traitements par rapport aux années antérieures. "Le cadre de l'océan agit comme un calmant naturel. Plusieurs études le confirment : le milieu marin, ses senteurs et les sensations éprouvées en navigant ont un impact indéniable sur la réduction des envies de consommation de substances", révèle-t-il.
Malgré ces observations positives, aucune thérapie n'est incontestablement efficace pour tous les individus. La thérapie par le surf, bien qu'elle marque des points, doit être envisagée comme un complément aux traitements médicaux et aux suivis psychologiques.
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