À la fin des années 2000, plusieurs États d’Afrique et d’Asie ont été confrontés à des révoltes de la faim, après une forte hausse des prix des produits agricoles, en particulier les céréales dont les tarifs ont été multipliés par 2.
De mauvaises récoltes de blé
Le dérèglement climatique actuel laisse craindre des récoltes décevantes dans les principaux espaces de production de la planète. Ce phénomène pourrait déstabiliser l’approvisionnement en céréales dans plusieurs pays, signale deux rapports parus dans la revue spécialisée Nature Climate Change.
La première étude a été réalisée par l’Institut international pour l’analyse appliquée des systèmes (IIASA), situé en Autriche. Dans ce cadre les scientifiques ont analysé les chiffres de production des plus grandes zones dans le monde, notamment les réserves de céréales des États-Unis, l’Inde, la Chine, l’Europe, l’Argentine, la Russie, le Brésil, l’Australie et l’Ukraine. Ces pays cumulaient, en 2012, 56 % de la production mondiale de blé, même chiffre pour le maïs, 38 % du riz et 73 % du soja. Pour cette étude l’institut IIASA a utilisé les données de l’Agence des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO).
Le dérèglement climatique en cause
En ce qui concerne les 3 premières cultures (blé, maïs, soja), l’étude indique une hausse notable du risque de mauvaises récoltes dues au dérèglement climatique dans plusieurs espaces de production, et cela de manière simultanée. Par exemple, le soja résiste mal aux températures qui excèdent les 30 degrés. Entre 1967 et 1990, 1,2 % des journées ont franchi cette limite dans les principales régions de production en Chine. Entre 1991 et 2012, 18,4 % des journées ont dépassé le seuil des 30 degrés. La hausse est donc considérable.
Si l’ensemble des espaces de production de soja, à travers la planète, se retrouvent confrontés à ce phénomène de manière simultanée, le déficit de production pourrait atteindre 12,55 millions de tonnes, à comparer aux 7,2 millions entre 1988 et 1989, une des périodes les plus critiques. Les dérèglements du climat entraînement des « pics de prix » et des risques de famine.
Ils « pourraient déclencher d’autres risques systémiques » indique Franziska Gaupp, une des auteures de l’étude.
Des canicules qui devraient se multiplier
Dans un autre rapport, des scientifiques, travaillant notamment à l’Institut sur le changement climatique de Potsdam s’inquiètent d’un risque « multiplié par 20 » de pics de chaleur simultanés frappant des espaces de production situés dans l’hémisphère Nord, à cause des changements de régimes des « jet-stream », c’est-à-dire des vents circulant à une altitude élevée et qui ont un rôle clef dans la création de dépressions. Des phénomènes qui pourraient toucher des espaces qui représentent jusqu’à 25 % de la production planétaire, d’après les scientifiques.