Les faits sont là : le transport maritime vers et depuis l’Europe génère une pollution égale à celle émise par le 8e pays le plus gros émetteur de gaz à effet de serre, soit 139 millions de tonnes de CO2.
Pollution maritime, la faute à qui, à quoi ?
De nombreux facteurs entrent en compte. En effet, la pollution maritime est en premier lieu due à la navigation sur les eaux. L’énergie nécessaire pour faire avancer les bateaux n’est pas propre, de ce fait, elle contribue à la pollution de l’air, en plus de celle de l’eau.
Ensuite, notre mode de consommation est également à montrer du doigt. Une grande partie de marchandises (jouets, matériel informatique et électronique, vêtements, alimentation…) arrive par bateau depuis parfois très loin. Pas moins de 50 000 navires marchands naviguent sur les eaux du globe, assurant pas moins de 90 % du transit de marchandises dans le monde entier.
Enfin, les arrangements commerciaux gouvernementaux n’arrangent pas non plus les choses, préférant parfois importer des produits venant de loin alors que le pays est capable d’en produire également.
Des émissions de gaz à effet de serre estimées à 139 millions de tonnes
Tous ces transits génèrent des émissions de gaz à effet de serre très importantes. Pour autant, il est difficile de pouvoir les évaluer correctement, puisque le CO2 émis par les porte-conteneurs n’entre pas dans le système de contrôle et de réduction de la pollution (émissions trading system, EU ETS).
Faig Abbasov, responsable du transport maritime pour l’ONG Transport et environnement (T & E), indique que les pratiques se heurtaient au « pas vu, pas pris ». Pourtant, cette année les choses ont changé. Et avec la nouvelle réglementation en vigueur, l’UE a publié les chiffres bruts de l’émission de CO2 pour le transport maritime européen.
En 2018, pas moins de 139 millions de tonnes de CO2 ont été émises par les bateaux entrant et sortant d’Europe. Si l’on ramène cette donnée à celle d’un pays, le transport maritime serait alors hissé à la 8e place, juste derrière les Pays-Bas.
Pire encore, si l’on ramène ces données à l’échelle du pays, les navires arrivant dans tous les ports de l’hexagone émettent « la même pollution que toutes les voitures des dix plus grandes villes, plus celles de la région Grand Ouest » affirme Faig Abbasov.
Qui sont les entreprises les plus polluantes ?
Armement, exploitation de minerais, compagnies aériennes, etc. Nombreuses sont les entreprises à contribuer à cette donnée faramineuse.
Ryan Air se classe 9e, tandis que la Mediterranean Shipping Compagny (MSC), numéro 1 de l’armement européen, la devance, juste derrière une entreprise minière polonaise.
Les entreprises montrées du doigt contestent les chiffres publiés. Cela est notamment le cas de la MSC, dont les dirigeants indiquent que leur ratio d’émission de CO2 rapporté aux tonnes de marchandises transportées reste minime. Ils poursuivent en précisant que le programme d’amélioration de la flotte aurait permis une réduction de 13 % des émissions entre 2015 et 2018.
Afin de limiter la catastrophe, Philippe Louis-Dreyfus, président du conseil de surveillance du groupe Louis Dreyfus Armateurs propose de réduire la vitesse des bateaux, afin de diminuer les émissions de CO2. Il tente de convaincre tous les autres armateurs européens de choisir cette option, afin de limiter la catastrophe.