Tout le monde connaît Netflix, YouTube et consorts. Mais qui s’imagine la pollution engendrée par ce flux permanent de données ? À l’heure où la vidéo est plébiscitée sur tous les supports, et où les infrastructures permettent de télécharger plusieurs gigas de vidéo en quelques minutes, les experts du Shift Project tirent la sonnette d’alarme : un tel rythme de croissance est absolument intenable pour la planète. Décryptage de la situation et tour d’horizon des solutions envisageables.
Quelle est la mesure réelle du streaming à l’échelle mondiale ?
À ce jour, la vidéo ne représente pas moins de 60 % du trafic internet dans le monde. Ce chiffre, édifiant a été publié en septembre 2019 par Sandvine, une firme spécialisée dans les réseaux internet et située au Canada. Parmi cette part de trafic, 34 % correspondent aux différents services de VoD, tels qu’Amazon Prime, ou encore Netflix. En seconde position arrivent les vidéos à caractère pornographique, suivies des services d’hébergement de vidéo (YouTube, Dailymotion, etc.) puis enfin des vidéos hébergées sur les réseaux sociaux.
Toutes ces données, téléchargées par des milliards d’utilisateurs, représentent à elles seules plusieurs millions de tonnes de CO2 émises. À titre d’exemple, rien que le CO2 émis par la VoD correspond aux émissions annuelles du Chili. Plus globalement, le streaming vidéo de manière générale émet autant de gaz à effet de serre annuellement qu’un pays de la taille de l’Espagne.
En quoi cela pose un problème pour l’environnement ?
Afin de mieux se rendre compte de l’impact de tels rejets de CO2, mettons tous ces chiffres en perspective. L’industrie du numérique (production des appareils, datas centers, consommation d’énergie de ces appareils) émet à ce jour plus de carbone que le transport aérien civil. Au vu des prévisions actuelles, cette industrie devrait représenter à elle seule 8 % des émissions en 2025, soit plus encore que le trafic routier.
Alors, si nous nous préoccupons aujourd’hui (et à juste titre !) de nos trajets en voiture et en avion et de leur empreinte écologique, ne serait-il pas temps de nous soucier également de notre pollution numérique ? Ceci est d’autant plus important que la place de la vidéo dans notre quotidien devient omniprésente, dans une qualité toujours plus grande. Après la HD, puis le 4K, les vidéos deviennent toujours plus lourdes, et ainsi toujours plus énergivores et polluantes. Le moment est donc venu de trouver des solutions.
Comment freiner cette expansion insoutenable ?
S’il n’est bien entendu pas question de revenir en arrière d’un point de vue technologique, il convient toutefois de responsabiliser les populations. C’est en tout cas ce que Gary Cook ainsi que les chercheurs du Shift Project recommandent. Cela passe par une consommation responsable des données numériques, et un équipement adapté à son usage. En effet, y a-t-il une réelle utilité à opter pour la plus haute résolution disponible, alors même que vous allez visionner le contenu sur un petit écran ?
Ces mêmes chercheurs préconisent donc la « sobriété numérique », une manière de consommer du contenu vidéo de manière responsable. L’idée étant bien entendu de faire adopter ce comportement aux personnes, mais aussi et surtout aux industriels du secteur. Ainsi, le fait de revenir sur la fonction de lecture automatique, ou encore de proposer des contenus similaires pour encourager le binge watching serait notamment des solutions à explorer.
Quels gestes adopter au quotidien pour tendre vers la « sobriété numérique » ?
En premier lieu, il s’agit de prendre conscience de sa propre consommation. Pour cela, téléchargez l’extension Firefox « Carbonalyser ». Cette extension créée par the Shift Project a été développée dans le but de mesurer votre propre impact carbone individuel. Gratuite et simple à installer, cet add-on vous apportera un regard nouveau sur votre consommation de données numériques.
Vous pourrez ensuite choisir d’agir, en optant par exemple pour une résolution inférieure pour chaque contenu vidéo qui ne nécessite pas une qualité de visionnage confortable. De la même manière, préférez être tranquillement installé dans votre canapé pour regarder votre série en streaming, plutôt qu’au fond d’un bus, depuis votre smartphone. La première solution est nettement moins polluante, mais aussi beaucoup plus agréable, alors profitez-en !
Vous l’avez compris, adopter une attitude respectueuse de l’environnement passe aussi par une consommation responsable de données numériques, et plus particulièrement de vidéos. Alors, après avoir changé vos habitudes alimentaires, ménagères, ou encore de transport, pensez aussi au numérique !