Parce que le modèle financier actuel n’est pas parfait, parce que la France est un grand pays et que les différences économiques existent d’une région à l’autre, l’euro n’est pas le modèle absolu. Même si majoritairement, il s’agit de la monnaie française et européenne, d’autres monnaies existent et sont utilisées dans l’hexagone. Il existerait une soixantaine de monnaies locales en France et toutes ont pour vocation de faciliter le quotidien des habitants.
Qu’est-ce qu’une monnaie alternative ?
Favorisées par la loi ESS (Économie Sociale et Solidaire) votée le 31 juillet 2014, les monnaies locales pullulent. Lorsqu’elles sont mises en place par des structures reconnues par la loi, les monnaies complémentaires sont approuvées comme moyen de paiement légal. 94 % d’entre elles émanent d’initiatives d’associations à but non lucratif basées sur la loi 1901. Comme son nom l’indique, une monnaie alternative vient « concurrencer » la monnaie officielle, afin de contrebalancer son emprise dans la société. Qu’elles naissent pour des raisons politiques, économiques ou sociales, les monnaies alternatives ne cessent d’être exploitées en France.
Ces monnaies locales sont créées par « le peuple », pour le peuple, afin de reprendre un semblant de contrôle sur l’existence des citoyens. Elles sont locales, nombreuses et non soutenues par le gouvernement. En d’autres termes, elles ne disposent pas de cours « légal » et leur utilisation n’est autorisée que dans un périmètre restreint.
À quoi servent réellement les monnaies alternatives ?
Après la crise ayant frappé la Grèce, les habitants d’Athènes ont créé une monnaie locale baptisée TEM. Elle leur a permis de mettre en valeur leur savoir-faire contre de « l’argent ». Ainsi, même sans le sou, ils ont pu relever la tête et continuer à nourrir leur famille et vivre décemment.
L’idée première est de pouvoir se réapproprier la fonction de la monnaie à proprement dit. Il s’agit alors de redonner l’accès à plus de biens de façon non orthodoxe, mais pour autant légale. L’état français y a vu l’opportunité de réduire un semblant de pauvreté. Mais au final, les monnaies alternatives ont eu bien plus d’impact que prévu.
Relancer une économie au point mort
La crise met à mal les finances de nombreux foyers français. Les fins de mois démarrent le 10. Il devient de plus en plus difficile de subvenir aux besoins de la famille tant sur le plan alimentaire, vestimentaire, puis quotidien. Certaines monnaies alternatives sont basées sur l’échange de services. Ainsi, pour une pelouse tondue, une certaine somme fictive est allouée, permettant d’acheter des vêtements aux enfants ou des légumes chez le voisin maraîcher.
Recréer un lien entre les citoyens
À l’heure où l’individualisme a pollué les relations humaines, où les voisins ne se disent parfois même plus bonjour, les monnaies alternatives engagent les gens à s’ouvrir. En effet, elles renouent des relations humaines entre les gens, permettant parfois de nuire à la solitude des personnes âgées ou des gens vivant seuls.
Privilégier le circuit court
Au lieu d’acheter des tomates en plein hiver provenant de l’autre bout de la planète, les monnaies locales permettent de récompenser les efforts des agriculteurs et autres professionnels de la commune ou de la région. C’est finalement un cercle vertueux que promeuvent les monnaies alternatives, surtout au niveau local.
Comment les monnaies alternatives sont-elles représentées ?
Certaines monnaies locales s’obtiennent en échange d’euros de façon paritaire. C’est-à-dire que pour 1 euro, vous obtenez 1 unité de monnaie alternative. Elles sont matérialisées par des billets, rarement des pièces. D’autres en revanche sont virtuelles et d’autres encore sont fictives, obtenues après avoir fourni un service à un habitant de la commune. La plupart des commerçants des villes où les monnaies alternatives ont fleuri participent à l’effervescence locale en acceptant les règlements dans la monnaie locale.
Quels sont les dangers des monnaies locales ?
Si certains citoyens restent encore frileux face aux monnaies alternatives, elles ne présentent aucun risque majeur. Si elles s’acquièrent en échange d’euros, elles restent également convertibles si besoin.
Le seul danger pouvant être ici noté, reste celui de leur disparition totale. Cela pourrait occasionner une perte pour les personnes détenant encore quelques unités en monnaies locales. En effet, en disparaissant, les utilisateurs ne pourraient alors plus récupérer leur mise de départ en euros. Mais là encore, cette hypothèse paraît fort peu probable, étant donné que les associations émettrices sont contraintes de disposer d’un compte spécifique, ne pouvant être utilisées à d’autres fins que celles d’y déposer les fonds collectés.
Si vous pensiez devenir riche dans une autre monnaie, il ne faut surtout pas compter sur les monnaies alternatives. En effet, leur valeur est éphémère. Il faut noter que les monnaies alternatives ne sont pas vouées à être économisées, mais à être dépensées pour relancer ou dynamiser une économie locale. En effet, elles perdent de la valeur dans le temps, leur durée de vie étant limitée. C’est pourquoi il est inutile d’économiser vos unités locales, elles ne concurrencent en rien l’euro et pourraient même vous faire perdre de l’argent si vous ne les utilisez pas à bon escient.
Tour d’horizon sur les monnaies alternatives les plus fructueuses en France
Quasiment toutes les régions françaises disposent de leurs monnaies locales. La plus forte reste l’Eusko, monnaie alternative officielle du Pays basque. Elle a été mise en circulation le 31 janvier 2013, compte désormais 550 prestataires, quelque 2 700 utilisateurs (hors prestataires) pour environ 400 000 unités en circulation.
Arrive en seconde position la Gonette, monnaie locale de Lyon et environs. Mise en circulation en novembre 2015, elle compte près de 300 prestataires, 1 600 utilisateurs et un peu moins de 150 000 unités en circulation.
La troisième place revient à la Doume, monnaie alternative du côté de Clermont-Ferrand. Elle a été mise sur le marché en janvier 2015 et compte désormais environ 260 prestataires, 760 utilisateurs et 70 000 unités en circulation.
Pour trouver la monnaie locale de votre ville, rendez-vous sur le site officiel vous permettant de vous renseigner et de savoir comment participer à votre tour à l’économie citoyenne.
Les monnaies alternatives différentes
Il existe des monnaies alternatives qui ne soient pas liées à l’euro. C’est le cas du Sel de Cocagne, monnaie alternative toulousaine. Un Cocagne s’obtient en échange de biens ou services. Les usagers proposent un service via un site dédié, reçoivent en échange un certain nombre de cocagnes qu’ils peuvent par la suite échanger contre un bien. Toutes les transactions sont répertoriées sur un site web sécurisé. Ici, l’unité de mesure n’est pas l’argent, mais le temps et toutes les décisions sont prises à l’horizontale. En effet, les usagers se mettent d’accord tant sur le fonctionnement du Sel de Cocagne que sur le débit et crédit maximum pour chaque type de service. L’avantage de ce type de monnaie alternative, reste que chaque utilisateur est sur le même pied d’égalité, qu’il soit millionnaire ou sans revenu. Les compétences sont valorisées, celles-ci peuvent être manuelles, artistiques, linguistiques, etc.
Sur le même modèle est née l’Oseille, la troisième monnaie alternative toulousaine. Cette dernière entend vouloir se passer totalement de l’euro, des banques, mais également de l’État pour fonctionner en totale autonomie.
Toujours à Toulouse (mais c’est également le cas de l’Eusko au Pays basque), le Sol Violette s’utilise auprès de prestataires reconnus comme étant respectueux de l’environnement et de l’Homme. 60 000 SOL sont en circulation dans la ville rose, permettant de faire fonctionner l’économie locale, mais aussi de sensibiliser les citoyens à la cause écologique et humaine. Le Sol Violette circule trois fois plus que les euros à Toulouse, permettant ainsi plus d’échanges avec la même somme. Enfin, les Sol Violette peuvent être placés dans des banques éthiques, permettant de financer des projets solidaires et locaux.