Ne plus porter de soutien-gorge : santé, confort ou féminisme ?
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Ne plus porter de soutien-gorge : santé, confort ou féminisme ?

Si la tendance du no-bra existait déjà avant, elle s’est révélée aux yeux de beaucoup de femmes lors du confinement. L’avènement du télétravail et les sorties réduites sont autant d’invitations à faire tomber le soutien-gorge. Quels sont les effets sur le corps et la santé ? Quelles connotations symboliques y sont associées ? Habituellement réservée aux fins de journées pour plus de confort, s’autoriser cette liberté en plein jour et ne pas porter de soutien-gorge n’est semble-t-il pas un geste si anodin.

Le no-bra est-ce vraiment mieux pour moi ?

#NoBra ou #FreeTheNipple… c’est la déferlante du côté des hashtags sur les réseaux sociaux qui revendiquent de ne plus porter de soutien-gorge. Mais face à une habitude bien ancrée dans les mœurs, cela reste pour beaucoup de femmes une découverte récente de s’en passer en pleine journée. Après quelques essais qui vous confirment que c’est bien plus confortable sans, il est légitime de vous poser des questions sur les conséquences physiologiques de l’arrêt du port du soutien-gorge.

Quelques arguments pour en finir avec les idées reçues :

  1. Les soutiens-gorges n’ont pas d’efficacité scientifiquement prouvée sur le maintien de la poitrine. Les causes du relâchement observé au fil des années proviennent en réalité du poids des seins et de la structure de la peau.
  2. Le no-bra améliore la bonne circulation de la lymphe, un liquide présent dans l’organisme qui permet l’évacuation des toxines. En effet le soutien-gorge a tendance à comprimer le corps, notamment les modèles à baleines qui laissent souvent des traces sur la peau au moment de retirer le sous-vêtement revêtu toute la journée.
  3. Ne plus porter de soutien-gorge renforce également les ligaments de Cooper, stimulés sous l’effet de la pesanteur. Car la poitrine est naturellement dotée de tissus conjonctifs, qui forment comme un filet suspenseur assurant le maintien. Et comme tous les muscles non utilisés, ils perdent leur force et leur élasticité sous l’effet des sous-vêtements qui les maintiennent en place au quotidien.
  4. S’affranchir du soutien-gorge c’est aussi s’affranchir d’une dépense et de la recherche parfois longue du bon modèle. Celui qui sera de la bonne taille, de la bonne matière, de la bonne couleur, qui enveloppe suffisamment le sein tout en n’emprisonnant pas la cage thoracique et sans faire de marque tout autour de la poitrine jusque dans le dos...

Bien entendu il arrive d’avoir besoin d’un bon maintien, notamment pour les seins gros et lourds ou la pratique sportive. Dans de tels cas pourtant, il est possible de se tourner vers de nouveaux modèles sans armatures, sans coussinets, légers et souples qui remplacent confortablement les soutiens-gorges à coques ou à dentelle.

 

Les injonctions derrière le port du soutien-gorge

Selon l’autrice et philosophe Camille Froidevaux-Metterie, le soutien-gorge c’est un peu comme « un uniforme social pour sortir, une protection, un habit de scène ». Les femmes sont confrontées à tout un tas d’injonctions qui pèsent sur l’apparence. Les seins aussi sont soumis à ces fameuses conditions et normes à « respecter » pour correspondre à un idéal esthétique, façonné depuis l’Antiquité au moins. En ce sens le soutien-gorge a alors pour fonction de rendre la poitrine « conforme » à l’idéal attendu : des seins assez gros, bien hauts et ronds, avec pour y parvenir le recours à des modèles push-up au besoin.

Comble du paradoxe, les seins doivent être visibles et en même temps il ne faut pas trop les voir non plus, notamment les tétons. Pour ne pas exposer cet attribut, aux fonctions à la fois sexuelle et maternelle, il est alors courant de s’orienter vers les soutiens-gorges rembourrés. Se passer de soutien-gorge revient donc à laisser les formes et les mouvements de la chair visibles aux yeux de tous. Si c’est synonyme de soulagement et de confort dans l’intimité, cela peut représenter une gêne liée aux regards des autres dans l’espace public.

Ne plus porter de soutien-gorge : un geste engagé ?

L’ambivalence autour des injonctions liées à la poitrine se retrouve également sur le port du soutien-gorge. Ne pas en porter relève tantôt d’un geste jugé élégant tantôt d’un acte engageant. Dos nu et robes de soirée ne sauraient supporter les bretelles et bandes de soutien visibles, mais se passer de soutien-gorge sous un tee-shirt ou un débardeur peut en revanche choquer.

Alors que ce geste répond parfois avant tout à un besoin de liberté et de confort, il est assimilé pour d’autres à un acte féministe.

De l’arrêt controversé du port du soutien-gorge à d’autres sujets comme les protections menstruelles lavables… En matière de féminité, le chemin est encore long à parcourir pour s’affranchir des dictats, du conformisme et des idées reçues.

La bonne nouvelle c’est qu’en matière de soutien-gorge, il y a autant de pratiques possibles que de modèles et de tailles : en mettre un la journée et pas la nuit, ne pas en mettre du tout, ou alors juste pour les sorties ou juste en été.




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