Que penser de la viande de synthèse ?
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Que penser de la viande de synthèse ?

Les violences animales ayant été mises en lumière au sein de l’élevage intensif, des entreprises tentent de répondre par le biais d’alternatives. Et c’est ainsi que plusieurs laboratoires ont expérimenté la viande in vitro, une viande de synthèse permettant de ne plus tuer d’animaux pour nourrir l’Homme.

Les violences animales ayant été mises en lumière au sein de l’élevage intensif, des entreprises tentent de répondre par le biais d’alternatives. Et c’est ainsi que plusieurs laboratoires ont expérimenté la viande in vitro, une viande de synthèse permettant de ne plus tuer d’animaux pour nourrir l’Homme.

Pourquoi avoir recours à de la viande de synthèse ?

Parce que d’ici 2050 la production de viande devrait doubler, des solutions doivent être trouvées pour permettre de nourrir une population qui ne cesse de croître. D’autre part, notamment par l’action de l’association L214, des vidéos insoutenables de violences animales dans tout le processus d’élevage intensif font réfléchir les consommateurs du monde entier sur leur mode d’alimentation.

Le véganisme tend à prendre de l’ampleur, tout comme le végétarisme, le végétalisme et le flexitarisme. Des modes alimentaires encore minoritaires, mais qui interpellent de plus en plus. Si les protéines végétales sont une alternative de taille, beaucoup de consommateurs ne sont pour le moment, pas encore prêts à renoncer à la viande.

Face au réchauffement climatique et à la sixième extinction de masse, les scientifiques et spécialistes ont besoin d’avoir un coup d’avance. La viande de synthèse semble être une alternative intéressante pour continuer de manger de la viande, sans pour autant brutaliser les animaux, et engendrer encore plus de pollution.

La viande in vitro, comment ça fonctionne ?

Tantôt présentée comme alternative à la souffrance animale, tantôt solution pour encourager une transition écologique nécessaire, la viande de synthèse suscite un grand intérêt. En effet, elle permettrait de ne plus avoir à tuer de bêtes pour obtenir un steak dans l’assiette. Également appelée « viande propre », elle est la fierté de notre siècle en termes de révolution écologique.

De nombreuses entreprises tentent de réaliser l’impossible en fabricant de la viande de synthèse. À l’image de Mosa Meat, un laboratoire basé à Maastricht aux Pays-Bas. Depuis plusieurs années, cette petite structure s’applique à produire de la viande de bœuf in vitro. Le processus est plus long que complexe, mais il permet de préserver la vie de nombreux animaux. Pour la viande de poulet, c’est le Docteur Amit Gefen, qui étudie une opportunité de créer cette viande de façon synthétique à Tel-Aviv.

muscle bovin

Pour fabriquer de la viande de laboratoire, il convient d’utiliser l’ingénierie tissulaire. En d’autres termes, un prélèvement est opéré sur un muscle de bovin. Les cellules sont récupérées pour être cultivées dans le but de proliférer. Après quatre jours, 600 000 cellules sont « nées ». Au bout de trois semaines, les cellules musculaires vont s’agglomérer pour former un muscle in vitro. Au final, la « viande propre » n’est constituée d’aucune graisse ni de veines ni de nerfs, ce n’est qu’un morceau de muscle pur.

Il faut des milliards de cellules pour un seul steak haché. Au bout de huit semaines, le nombre de cellules sera arrivé à terme. Grâce à une seule cellule, Mosa Meat est capable de fabriquer quelque 80 000 steaks hachés pour burgers. Une autre méthode de fabrication existe aussi. Il s’agit d’utiliser des cellules souches obtenues à partir d’une banque de cellules. Même si certains scientifiques ont avancé pouvoir commercialiser de la viande de synthèse issue de ce procédé de fabrication, aucun morceau carné n’a encore pu être proposé à la consommation, à l’instar de la viande de synthèse issue des muscles d’animaux.

À quand la viande de synthèse dans nos assiettes ?

Des images de la dégustation du premier steak de synthèse ont été diffusées par divers médias. Les avis ont été assez mitigés. En effet, les flexitariens et quelques carnivores ont vu l’occasion de continuer à manger de la viande, sans pour autant cautionner les violences manifestes sur les animaux et les dégâts causés par l’élevage intensif sur l’environnement. D’autres en revanche restent très sceptiques, surtout sur le manque de recul que ce type de viande de synthèse pourrait engendrer sur la santé.

Pourtant, les espoirs mis dans cette viande de laboratoire sont énormes. De nombreux investisseurs ont montré un immense intérêt dans le projet de Mosa Meat. Même certains bouchers suivent ce projet de très près, notamment Bell, un grand boucher suisse de renom.

Trois ans, c’est pourtant le délai que se donne le laboratoire pour fournir la planète entière en viande. Après avoir fait le tour du monde avec sa viande de synthèse, le laboratoire a levé des millions pour produire et développer son steak in vitro.

Pour l’heure, la dégustation en direct à Londres en 2013 a laissé les testeurs assez sceptiques. En effet, beaucoup ont remarqué le manque de gras dans le morceau dégusté. Les journalistes ayant eu le privilège de le goûter l’ont tout bonnement surnommé le « Frankernburger », cela pour attester de son goût assez peu convaincant.

La NASA s’est également montrée très intéressée par cette prouesse scientifique. La raison ? Il semble complexe de transporter voire d’élever des animaux dans l’espace, sans que ceux-ci ne dépérissent ou ne subissent des problèmes particuliers.

Les avantages sont certes aguicheurs. Mais qu’en est-il de l’aspect nutritif ?

L’aspect physique prête à confusion. Le steak de synthèse Mosa Meat dispose d’une qualité similaire à celle d’un steak classique. De plus, le goût tromperait un fin connaisseur carné, tout comme l’apport nutritionnel. Pour Mosa Meat, seul le procédé de fabrication diffère. Il n’y a plus besoin d’abattre sauvagement des animaux pour se nourrir, mais de prélever quelques cellules de leurs muscles. Une pratique peu invasive et douloureuse.

Les bouchers restent prudents. Pour eux, la viande de synthèse issue de la carniculture ne peut avoir des fibres, une texture et un goût similaire à une viande normale. Pourtant, ce type de viande pourrait aussi nourrir les quelque 10 milliards d’habitants prévus sur la planète d’ici 2050.

Qu’en pensent les végétariens, végétaliens et vegans ?

Certes, la violence animale est épargnée pour fabriquer de la viande de synthèse, mais les personnes ne consommant pas de viande restent sceptiques… Il ne s’agit pas seulement de la question animale. Il s’agit également de la question écologique

L’épuisement des ressources est aussi une des raisons pour lesquelles les personnes ne consommant pas de viande se battent au travers de leur régime alimentaire. L’apport en protéines peut également être fait en consommant des végétaux (légumineuses, oléagineux, etc.). Les restaurateurs penchent majoritairement à utiliser des protéines végétales plutôt que d’avoir recours à la viande de synthèse.

D’autre part, ce type de viande de laboratoire saurait-il faire face à la pression de l’industrie agroalimentaire ? Saurait-il également se présenter comme véritable alternative durable à la viande carnée ? 70 % des terres agricoles sont consacrées à l’élevage et/ou à la production de nourriture pour le bétail. Adopter ce type de viande permettrait à l’Homme de se réapproprier quelques terres agricoles pour cultiver raisonnablement et à la nature de reprendre ses droits après une reforestation de certaines zones.

Des économies énormément limitées

Fabriquer de la viande de synthèse coûterait moins cher que la viande d’élevage. En effet, cela représenterait entre 7 et 45 % d’économie d’énergie et 4 % d’eau d’après les principaux concernés. Aux yeux des scientifiques et spécialistes, la viande in vitro représente une réelle solution d’avenir pour l’humanité.

Pour l’heure, la fabrication d’un steak de synthèse coûte excessivement cher. Il faut compter 500 euros pour un steak de 140 grammes. À titre de comparaison, les protéines végétales restent moins chères que la viande de synthèse, et donc plus accessibles à tous.

Il existe encore d’autres limites non négligeables. En effet, la fabrication de viande de synthèse n’est pour le moment réalisée qu’à faible échelle. Il faudrait beaucoup plus développer les procédés et injecter plus de moyens financiers pour développer une production mondiale. Le magazine Maxisciences a même dévoilé que la viande de laboratoire serait, à terme, bien plus nocive pour le climat, que l’élevage.

viande et écologie

D’autre part, la volonté du consommateur reste importante. Pour l’heure, un grand nombre se montre réticent quant à consommer ce type d’aliment in vitro.

Enfin, le manque de recul sur les effets de cette viande de synthèse sur l’organisme humain reste un facteur préoccupant. Jusqu’alors, les aliments modifiés ou créés par l’Homme n’ont pas donné toute la satisfaction attendue. Les qualités organoleptiques des aliments de synthèse ne sont pour le moment pas encore idéaux.

Le consommateur reste encore frileux. Protéines végétales contre viande de synthèse, le match semble être complexe. Une chose reste certaine : une alternative à la viande industrielle est nécessaire pour les années à venir.




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