Avoir un système alimentaire efficace et durable est une chose. Mais adopter des méthodes d’agriculture écologiques en est une autre. La France semble sortir son épingle du jeu quant à ses pratiques alimentaires, mais qu’en est-il de ses méthodes de culture ? Tour d’horizon de la question.
Qu’appelle-t-on agriculture écologique ?
Une agriculture écologique se définit par un ensemble de méthodes visant à cultiver des aliments et/ou à élever des bêtes, tout en respectant l’écosystème environnant et le bien-être animal. L’agriculture biologique est l’un des exemples d’une agriculture écologique, tout comme la permaculture. La terre est respectée, les cultures sont naturellement débarrassées des nuisibles et le rendement est aléatoire. Celui-ci dépend du climat, de la nature du sol, de l’arrosage, du mode d’élevage des animaux, etc.
L’agriculture écologique n’a pas recours à des engrais chimiques et pesticides. Elle ne nourrit pas les troupeaux avec des céréales douteuses, avec des substances visant à faire prendre plus de masse aux bêtes, elle n’épuisera pas les sols ni n’utilisera d’OGM ou autres graines et plantes modifiées.
Comment déterminer qu’une agriculture est écolo ?
L’étude menée par The Economist Intelligence Unit et le Barilla Center for Food and Nutrition a permis d’établir un classement des pays les mieux lotis en termes d’agriculture écologique. 67 pays ont été passés au crible en mesurant 3 facteurs :
- la qualité nutritionnelle des aliments produits
- l’impact environnemental du modèle choisi
- la gestion des stocks (gaspillage, déchets, etc.)
Cette étude place la France sur la 1re marche des pays ayant un système agricole écologique. Mais les choses sont un peu plus complexes qu’il y paraît. Ces 3 indicateurs sont eux-mêmes composés de divers niveaux (par exemple, la durabilité tient compte de l’impact de l’eau en agriculture, celui-ci lui-même composé d’autres niveaux tels que la durabilité de la pêche, l’accessibilité en eau, le traitement des eaux, etc.). Ce ne sont donc plus 3 indicateurs qui entrent en jeu, mais 21, dont le bien-être animal, l’empreinte au sol, la diversification du système agricole, les émissions de CO2, etc. La France conserve-t-elle alors sa 1re place en prenant en compte ces 21 indicateurs ?
Pourquoi prendre en compte de tels indices ?
L’agriculture est le berceau de l’humanité. Sans culture ni élevage, l’Homme ne pourrait subvenir à ses besoins. L’alimentation est l’un des facteurs majeurs de la transition écologique. L’agriculture est responsable de 1/4 des émissions de CO2, ses conséquences sont en lien direct avec la faune, la flore et la qualité des sols. Mesurer l’impact des systèmes alimentaires des pays permet de connaître leurs états actuels et de tendre vers des propositions plus écologiques le cas échéant.
Quels sont les pays proposant une agriculture écologique ?
La France laisse sa 1re place à l’Autriche sur le podium des pays favorisant une agriculture écologique. 23 % de sa surface agricole utile (SAU) est vouée à la culture biologique, faisant du pays l’un des leaders mondiaux de l’agriculture. Elle introduit l’élevage au sein des cultures végétales. Ce pays mène également des politiques avancées sur le bien-être animal.
Même si le Danemark réduit l’utilisation de ses pesticides depuis 30 ans, l’agriculture bio est quasi inexistante sur son territoire, avec seulement 8 % de sa SAU. Ce pays consomme beaucoup de produits issus de l’élevage. Sa politique privilégie davantage l’innovation technologique des méthodes d’élevage et les grandes fermes à forte productivité.
Les pays africains comme la Côte d’Ivoire et le Rwanda, cultivent depuis toujours à des fins vivrières. Depuis une quinzaine d’années, poussées par l’élan commercial et la demande toujours plus importante, les cultures se sont modernisées et sont devenues plus productives. Certains agriculteurs résistent malgré tout et d’autres font machine arrière pour se reconnecter à la terre. On constate de plus en plus d’agroforesteries du cacao et le retour de techniques ancestrales préservant et développant les pratiques agricoles durables.
Le top 20 des pays ayant un système agricole écologique, selon les 21 indicateurs pris en compte :
1. Autriche
2. Danemark
3. Israël
4. Allemagne, Pologne
6. Pays-Bas
7. Hongrie
8. Colombie
9. Irlande
10. République tchèque
11. Belgique
12. Côte d’Ivoire
13. Australie, Japon, Corée du Sud
16. Canada
17. Suède, Zambie
18. Cameroun
19. France, Rwanda
Que peut-on dire du modèle agricole français ?
Selon les 21 critères, la France chute à la 20e place de l’indicateur de durabilité de l’agriculture. Si la culture du sol, la gestion de l’air et du climat affichent des résultats corrects, les résultats sur l’eau restent plus aléatoires. En effet, l’agriculture utilise beaucoup d’eau, notamment dans les zones soumises aux sècheresses estivales. D’autre part, même si ce critère n’entre pas dans le calcul de cet indice, il est bon de rappeler que le sort des agriculteurs reste également très préoccupant, avec un niveau de vie extrêmement complexe et un taux de suicide élevé. La France reste malgré tout parmi les premiers pays à mettre en place des mesures pour lutter contre le réchauffement climatique.