Près de 18 000 ont signé une pétition visant à mieux réglementer les coupes rases en forêt, au profit de l’industrie forestière. Cette mobilisation importante a pour but de cesser le « massacre à la tronçonneuse ». Ce dernier a lieu dans de nombreuses forêts françaises, et cela fragilise tout l’écosystème ainsi que la biodiversité de nos espaces forestiers. Le problème : 75 % de nos forêts sont gérées par des propriétaires privés, empêchant toute gestion globale et durable des hêtres et des chênes formant notre paysage actuel par les autorités publiques.
Abattre des arbres pluricentenaires au profit de la sylviculture
C’est bien de cela qu’il s’agit. Si en Amazonie, la déforestation est essentiellement faite au profit de la culture du palmier dont est extraite l’huile de palme, en Europe, c’est le poids de la sylviculture (culture des résineux) qui prédomine. Ces derniers ont en effet une vitesse de croissance plus élevée que leurs congénères feuillus, permettant ainsi de meilleures marges commerciales, pour de plus grands enjeux économiques et politiques.
Le seul problème réside dans les dommages de ces monocultures intensives de douglas (un type de pin réputé pour ses qualités de robustesse), suite à des opérations de coupes rases. En effet, lors de la coupe des sous-bois, seules subsistent quelques souches éparses, c’est donc toute la faune établie qui en pâtit, ainsi que la flore locale. Cela appauvrit également les sols, d’autant plus que ce sont des milliers d’hectares qui sont concernés.
Une pétition adressée au ministère
L’association Canopée, associée à 27 autres collectifs locaux du Morvan, a ainsi adressé à la ministre de l’Écologie Élisabeth Borne une pétition. Celle-ci demande notamment d’accorder aux élus locaux publics un droit de regard sur les plans de gestion et les coupes rases en ce qui concerne les forêts de leurs territoires, ce qui n’est actuellement pas le cas.
Cette pétition, et plus généralement cette mobilisation, est cristallisée autour de la nouvelle charte du Parc naturel régional du Morvan, sur le point d’être révisée pour 2020. Bien sûr, si Canopée et tous les signataires obtiennent gain de cause, cela donnerait un signal très positif sur la volonté de l’État à s’engager en faveur de la biodiversité à l’échelle nationale.
Un enjeu de taille pour l’environnement et sa biodiversité
En effet, au-delà de l’aspect visuel de nos forêts et des paysages qui se transforment, il est surtout question de l’impact environnemental qu’ont ces coupes à blanc. Il faut savoir que ces tailles à la tronçonneuse ne sont pas sans conséquence sur l’érosion des sols, et sur le climat. Ainsi, plusieurs études ont démontré que la quantité de carbone contenue dans le sol diminue de manière très significative après une coupe à blanc.
En d’autres termes, à l’heure où nous nous préoccupons de nos émissions de carbone afin de limiter le réchauffement climatique, le fait d’abattre autant de parcelles de feuillus revient à accélérer ce réchauffement. On estime ainsi que les forêts en France captent 70 millions de tonnes de CO2 chaque année. À titre de comparatif, un arbre à lui seul absorbe 5 tonnes de CO2, soit l’équivalent de 5 vols A/R entre Paris et New York.