L’agriculture intensive que l’on connait aujourd’hui a un impact tant sur l’écologie que sur la santé animale et humaine. La société de consommation a imposé des dictats, qui sur un moyen long terme ont eu des répercussions désastreuses. C’est ainsi qu’est née l’expression « agriculture alternative ». Mais de quoi s’agit-il vraiment ?
La petite histoire rapide de l’agriculture
Au départ, l’agriculture était un échange gagnant/gagnant entre la nature et l’Homme. Par le biais de cultures et d’élevages respectueux, la terre et les animaux offraient des aliments riches et nutritifs aux diverses populations du monde.
Il y avait plusieurs modes d’agricultures en fonction des régions et des pays. Mais tous étaient identiques dans le sens ou le but premier était de nourrir une famille, un village ou une ville. Puis, à la sortie de la Seconde Guerre mondiale, est née la société de consommation. Produire toujours plus est devenu le leitmotiv des grandes industries et notamment celle de l’agroalimentaire. Il a donc fallu trouver diverses méthodes afin de répondre aux attentes des industriels.
Qu’est-ce que l’agriculture alternative ?
C’est ainsi qu’en quelque 70 années, l’agriculture a perdu toutes ses notions de respect. Des produits toxiques se sont introduits dans les habitudes des agriculteurs, polluant les terres et la santé de tous. Les conditions d’élevages se sont dégradées à tel point que le bien-être animal est une notion ayant totalement disparu.
Les rares agriculteurs à être restés à une méthode plus traditionnelle sont aujourd’hui présentés comme alternatifs. En d’autres termes, des principes basés sur les méthodes d’antan : respectueux tant de la terre, que des bêtes et, in fine, des Hommes.
Pourquoi privilégier l’agriculture alternative ?
En réalité, les raisons tombent sous le sens. Les agriculteurs ayant choisi d’opter pour un mode qualifié d’alternatif sont aujourd’hui un peu perçus comme des « résistants ». Pierre Rabhi aime dire que cultiver son propre potager est presque devenu un acte politique. En effet, cela va à l’encontre des méthodes de rendement imposées par la société.
Un bétail respecté et élevé en pleine nature par une main aimante sera moins stressé et sa viande sera alors plus tendre et saine. Une graine poussant dans un sol dénué d’engrais chimique et dont les feuilles n’auront reçu aucun traitement à base de pesticides donnera un fruit ou un légume peut-être plus petit et moins « beau », mais plus goûteux et nutritif.
L’agriculture alternative entretient un lien privilégié entre l’Homme et la nature. Elle utilise le potentiel de chaque protagoniste pour le bien de tous. Il existe plusieurs façons de pratiquer une agriculture alternative et toutes relèvent de l’initiative de l’agriculteur lui-même. C’est ainsi que plusieurs groupes officiels ont vu le jour : la Fédération nationale de l’agriculture biologique (Fnab), la Fédération des associations pour le développement de l’emploi agricole et rural (Fadear), le Réseau de l’agriculture durable (Rad), etc.
Le but de l’agriculture alternative est donc d’améliorer la qualité de vie de tous, tout en préservant l’environnement et en étant attentif au bien-être animal. Ensuite, l’idée est de dynamiser le territoire occupé, en répartissant des volumes de production de façon raisonnée. Puis, en produisant des denrées de meilleure qualité, les agriculteurs alternatifs cherchent aussi à proposer un prix accessible en créant un lien privilégié avec le consommateur.
Quelles sont les formes d’agricultures alternatives ?
Il existe plusieurs sortes d’agricultures alternatives. Durable, raisonnée ou biologique, l’agriculture respectueuse offre un panel de méthodes très différentes et variées, dont voici quelques exemples.
L’agriculture biologique
Ses avantages :
– Rotation des cultures
– Limitation des engrais et autres produits chimiques de synthèse
– Limitation de l’utilisation OGM (moins de 1 %)
– Utilisation des ressources directes pour agir en autonomie (le fumier devient engrais, etc.)
– Élevage raisonné en fonction du lieu d’exercice, des conditions météorologiques, etc.
– Les éleveurs doivent nourrir les animaux avec des produits biologiques et les élever en plein air
Ses limites :
– Les produits bio sont très tendance et deviennent concurrentiels à cause des grandes surfaces
– De nombreux produits bio provenant de l’autre bout de la planète sont retrouvés sur les étals des magasins, annulant tous les principes de l’agriculture biologique
– Les normes biologiques ne sont pas les mêmes suivant les pays
– L’obtention du label de certification a un coût que certains petits producteurs ne peuvent se payer, bien que proposant une culture totalement dans les normes
Certainement la plus reconnue de toutes les formes d’agricultures alternatives, l’agriculture biologique contribue à la protection des sols, de l’air, de l’eau, mais également de la biodiversité.
Elle a toujours été présente dans le paysage de la consommation, mais ces dernières années, l’agriculture biologique a fait une percée remarquable. De nombreuses études ont prouvé les bienfaits des produits biologiques sur la santé, mais également sur l’écologie, faisant alors exploser la demande. Certains avancent même que l’agriculture biologique pourrait nourrir toute la planète égalitairement.
Pour rappel, ce mode d’agriculture est encadré par un cahier des charges très strict. Il possède un logo propre et commun dans toute l’Union européenne. Celui-ci garantit que le produit a été cultivé ou élevé sans usage de produits chimiques divers et dont l’utilisation d’OGM est inférieure à 1 %. Les animaux doivent être élevés en plein air et nourris par une alimentation elle aussi certifiée biologique. Les produits biologiques provenant de pays extérieurs à l’Europe ne garantissent pas toujours ces pratiques.
L’agriculture raisonnée
Ses avantages :
– Production contrôlée par les organismes certificateurs
– Équilibre des cultures
– Préservation des sols
– Pollution limitée
– Gestion de l’eau économe
– Bien-être animal préservé
– Protection de la diversité biologique des terres et des paysages
Ses limites :
– Utilisation de produits chimiques si les besoins sont justifiés
Moins connue que l’agriculture biologique, l’agriculture raisonnée est à mi-chemin entre rentabilité et respect de l’environnement.
Il s’agit donc d’un mode de culture et d’élevage respectueux de la nature, sans pour autant être biologique. En parallèle, le taux de production reste plus élevé que son homonyme biologique. Le bien-être animal est respecté et la protection de l’environnement tout autant.
Cependant, les agriculteurs raisonnés ont le droit d’utiliser des produits chimiques lorsque les conditions climatiques et saisonnières les y contraignent, cela afin de maintenir une certaine rentabilité.
L’agriculture biodynamique
Ses avantages :
– Respectueuse de la nature, des Hommes et des animaux
– Agriculture à l’écoute des sols et des saisons
– Produits qualitatifs
Ses limites :
– Extrêmement contraignante
– Peu répandue
– Sa rentabilité est moindre
– Critiquée, car ses pratiques sont étranges et non prouvées
Ce mode d’agriculture est largement montré du doigt en rapport à ses pratiques étranges. L’approche de l’agriculture biodynamique est similaire à celle de l’agriculture biologique. Cela étant, elle s’appuie aussi sur le respect de la terre, la considérant comme un être à part entière.
Il s’agit d’une agriculture alternative promue en 1924 par le fondateur de l’anthroposophie, Rudolf Steiner. Pour lui, la terre doit être au centre de toute préoccupation, car c’est d’elle que nait la plante. Les sols étant « blessés » et ne pouvant se « soigner » seuls, toute production est considérée comme « malade ».
L’agriculture biodynamique va donc tendre à « soigner » en priorité la terre, afin de lui redonner toute sa richesse. Pour cela, des rituels étranges, comme enterrer une corne de bovin remplie de bouse en hiver ou encore profiter de du positionnement des astres pour interagir sur les cultures, etc., vont être mis en place.
L’agriculture durable
Ses avantages :
– Préservation de l’eau, des sols et des animaux
– Protection de la biodiversité
– Impact carbone limité
– Mode de production respectueux tant pour la santé que pour l’environnement
– Préserve les paysages
– Gestion optimale des déchets et de l’utilisation de l’eau ou d’énergie
Ses limites :
– Utilisation de produits chimiques autorisés, mais limités
Il s’agit d’un mode d’agriculture respectueux de l’environnement et de la santé, tout en étant viable, équitable et rentable. Elle se situe donc entre l’agriculture biologique et l’agriculture raisonnée.
En agriculture durable, la qualité des cultures est importante, tout en préservant le rendement, les ressources naturelles, les agriculteurs et les animaux.
Le choix des cultures est souvent restreint, car les plantes se doivent d’être résistantes. L’apport d’engrais et divers produits chimiques restent autorisés, cela afin d’éloigner les insectes ravageurs pour conserver une certaine rentabilité. Toutefois, les engrais organiques et issus de l’exploitation elle-même sont prioritaires. Il n’est pas rare de voir des canards dans les champs agricoles durables, afin que ces prédateurs naturels puissent éloigner les divers nuisibles, faisant de cette pratique, une agriculture alternative à part entière.
La permaculture
Ses avantages :
– S’intègre dans la nature elle-même
– Implique un mode de vie plus qu’un mode de culture
– Respect de la nature et de l’Homme
Ses limites :
– Culture contraignante
– Se limite à de petits espaces
– Rendement minime
La permaculture est plus qu’une agriculture alternative, il s’agit d’un mode de vie à part entière. Le but étant de cultiver la terre de telle sorte qu’elle soit indéfiniment fertile. La plupart du temps, les « champs » présentent des structures géométriques, souvent des spirales, encadrées par des matières naturelles, comme du bois ou des pierres.
La permaculture peut être exercée chez les particuliers, dans le plus grand respect de l’écosystème et de la terre. La consommation des cultures est raisonnée et ne vise en aucun cas la surproduction, mais permet d’alimenter une famille ou tout au plus, un village.