Bioprévention contre les moustiques résistants : vers une alternative naturelle ?
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Bioprévention contre les moustiques résistants : vers une alternative naturelle ?

Face à la résistance accrue des moustiques aux insecticides chimiques, des chercheurs au Cameroun étudient des solutions à base de plantes. Cette démarche ouvre des perspectives intéressantes, y compris en France.

Le Cameroun se démarque actuellement comme le premier pays à vacciner les bébés contre le paludisme. Bien que cette stratégie vaccinale représente un espoir significatif dans la lutte contre cette maladie meurtrière, éradiquer les vecteurs que sont les moustiques reste un défi majeur. L'éviction de ces insectes aux insecticides traditionnels alarme les experts et nécessite des solutions innovantes.

Dans ce contexte, Agnès Antoinette Ntoumba, chercheuse camerounaise, travaille à l'élaboration de bio-insecticides à base de plantes. Depuis cinq ans, elle teste différentes combinaisons utilisant des végétaux naturel tels que la citronnelle, la lime, l'oranger, la goyave et les feuilles de moringa, connus pour leur efficacité contre les larves des moustiques. L'objectif est de concevoir des solutions diversifiées adaptées aux variétés florales locales afin de faciliter l'accès aux biopréparations pour l'ensemble de la population.

"Nous expérimentons avec diverses plantes qui pourront être combinées de multiples manières. L'idée est de tirer parti de la richesse botanique du Cameroun pour produire un bio-insecticide que chaque communauté puisse préparer avec des ressources à proximité.", explique Agnès Antoinette Ntoumba.

Ces préparations végétales innovantes ont également la particularité d'être associées à des nanoparticules métalliques qui augmentent leur efficacité. Une fois la formulation achevée, la réaction chimique subséquente élimine le métal, rendant le produit entièrement biologique.

Au-delà des financements internationaux qu'elle recherche pour continuer son travail, la chercheuse exprime un vif désir de rester au Cameroun pour y former de nouveaux étudiants et contribuer directement à la protection de sa communauté contre les moustiques.

La problématique s'étend à la France

En France, bien que le paludisme ne soit pas endémique, d'autres maladies véhiculées par les moustiques-tigres, telle que la dengue, représentent un danger croissant. Les insecticides chimiques, utilisés de manière non raisonnée, provoquent une résistance chez les moustiques qui compromet leur efficacité future en cas de flambée épidémique.

Grégory L'Ambert, spécialiste des moustiques en France, souligne l'intérêt des avancées réalisées au Cameroun : "La plupart des insecticides performants contre les moustiques sont issus du règne végétal. Il est donc très prometteur de développer de nouvelles formules biologiques."

"Nous constatons que l'utilisation non contrôlée d'insecticides connus augmente la probabilité que les moustiques développent une résistance. Dans un contexte épidémique, cela pourrait nous laisser sans défense efficace pour limiter la transmission des maladies.", fait remarquer L'Ambert.

Il existe déjà en France des solutions naturelles telles que les aiguilles de pin inhibant la prolifération des larves. Ces pistes naturelles méritent exploration et caractérisation pour renforcer les stratégies biologiques contre ces vecteurs de maladie.

L'Ambert met également en garde contre une possible augmentation des populations de moustiques, facilitée par les températures clémentes de l'hiver. Une propagation précoce des moustiques risque de poser des problèmes de santé publique.




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