Avec l’azote et le potassium, le phosphore est l’un des trois nutriments sans lesquels les végétaux ne peuvent pas se développer. Produit sous la forme de phosphate, il est malheureusement en déclin, en raison de l’érosion des sols.
Agriculture intensive et érosion des sols
Le phosphore se fixe sur des minéraux sous forme de phosphate. Ces minéraux, en s’érodant, libèrent les phosphates et permettent la croissance des plantes, avec l’azote et le potassium. Mais l’agriculture intensive modifie la structure des sols, leur porosité et donc leur fertilité.
D’après une récente étude de la revue Nature Communications, l’agriculture intensive est responsable de 50 % de l’appauvrissement des sols en phosphate. Elle favorise en effet l’érosion des sols, notamment via les défrichements, le passage répété des machines agricoles qui tassent les sols et empêchent l’eau de s’infiltrer, la monoculture et la culture en rangs espacés.
Par ailleurs, l’augmentation de la culture de la betterave, du tournesol ou encore du maïs, qui poussent au printemps, laisse les sols nus en hiver, ce qui les expose davantage à l’érosion.
Qu’est-ce que l’érosion des sols ?
L’érosion des sols désigne la disparition progressive de la couche arable, c’est-à-dire la couche fertile, qui renferme la matière organique. Cette couche est emportée par la pluie et le vent, appauvrissant les sols et les rendant de moins en moins perméables, ce qui accélère le processus d’érosion. C’est donc un véritable cercle vicieux.
Les surfaces arables sont en constante diminution dans le monde entier, sous l’effet de la déforestation, de la désertification ou encore de l’urbanisation. Or, 95 % des aliments que nous consommons, y compris la viande et les produits laitiers produits par les animaux qui ont, eux aussi, besoin de se nourrir, proviennent des végétaux.
L’érosion des sols et la diminution des surfaces arables sont donc des phénomènes extrêmement préoccupants.
Phosphate : des ressources limitées
En 2018, on estimait les ressources minérales mondiales à 300 milliards de tonnes, les plus grands gisements se trouvant aux États-Unis, en Chine, au Maroc et au Moyen-Orient.
L’apport en phosphate via des engrais nécessite de puiser dans ces ressources. Or, en raison de l’érosion des sols et de la diminution de leur perméabilité, ces apports sont de moins en moins absorbés par les plantes, et finissent dans les écosystèmes aquatiques.
Ils sont alors à l’origine du phénomène d’eutrophisation, qui entraîne un surdéveloppement des végétaux aquatiques et menace la biodiversité.
Les ressources en phosphates étant limitées, il est donc urgent de mettre en place de nouvelles pratiques agricoles pour ralentir le phénomène d’érosion des sols et leur appauvrissement en nutriments indispensables à la croissance des plantes.