Les récifs coralliens souffrent de manière alarmante sous l'impact du réchauffement des océans. Un rapport récent de l'Agence américaine d'observation océanique et atmosphérique (NOAA) révèle un phénomène préoccupant de blanchissement corallien à une échelle mondiale, conséquence des températures océaniques sans précédent.
«Nous assistons de plus en plus fréquemment à ces épisodes sévères de blanchissement corallien partout sur le globe, à mesure que les températures de l'océan montent. Des conséquences dramatiques, incluant la mort des coraux, sont à craindre lors de ces épisodes extrêmes», alerte Derek Manzello, expert de l'observatoire des récifs coralliens de la NOAA. Il s'agit du quatrième épisode de blanchissement corallien d'ampleur mondiale enregistré par l'agence depuis 1985, et le troisième en seulement quinze années, succédant aux événements de 2010 et 2016.
Des récifs menacés de disparaître avec le réchauffement global
Le réchauffement climatique, intensifié par les émissions humaines de gaz à effet de serre, entraîne une élévation de la température à la surface des océans, ce qui a été mesuré à un niveau record en février (21,06°C). Ce stress thermique cause le blanchissement des coraux, qui expulsent les algues symbiotiques qu'ils hébergent lorsqu'ils sont exposés à la chaleur. Jean-Pierre Gattuso, directeur de recherche au laboratoire d'océanographie de Villefranche-sur-Mer, explique la menace qui pèse sur la biodiversité : "les algues donnent leur couleur aux coraux et les nourrissent. En leur absence, les coraux perdent leur couleur et laissent apparaître leur squelette blanc de calcaire".
"Les récifs coralliens jouent le rôle de sentinelle écologique. Ils sont les premiers à ressentir les effets néfastes et à grande échelle du changement climatique."Jean-Pierre Gattuso, à franceinfo
Bien que le blanchissement ne soit pas systématiquement fatal, les coraux peuvent survivre s'ils sont soumis à des températures plus basses et à une réduction d'autres facteurs de stress. Cependant, les perspectives ne sont pas optimistes. Le Giec avait prévu en 2018 qu'entre 70 et 90% des récifs pourraient disparaître si les températures globales augmentaient de 1,5°C par rapport à l'ère préindustrielle, et quasiment tous à +2°C. Cette limite a déjà été atteinte sur douze mois consécutifs entre février 2023 et janvier 2024, suivant l'observation de l'agence européenne Copernicus.
Malgré les initiatives pour sauver les coraux, notamment en les transférant dans des eaux plus fraîches, Gattuso insiste sur la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre pour protéger efficacement ces écosystèmes.
Réservoirs de biodiversité et soutiens essentiels pour les humains
La biodiversité marine est directement affectée par le blanchissement corallien, qui touche particulièrement la Grande barrière de corail en Australie, les récifs des Caraïbes, de Floride et de la mer Rouge. Jean-Pierre Gattuso compare les récifs coralliens aux forêts tropicales de par leur diversité, abritant de nombreuses espèces marines malgré leur faible couverture de la surface océanique, d'après une étude de l'Institut de recherche pour le développement.
Ces écosystèmes coralliens ont également un impact majeur sur les populations humaines, avec plus de 500 millions de personnes en dépendance pour la nourriture, le tourisme ou la protection contre les submersions. Le rôle protecteur des récifs en tant que brise-lames naturels, est souligné par une publication du CNRS.
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