Les Français sont de plus en plus séduits par l’hypnose. Cette technique de modification de l’état de conscience permettrait de soigner certains maux. Mais est-elle réellement efficace ? Que peut-elle soigner ? Existe-t-il des contre-indications ? Voici un dossier spécial sur l’hypnose et ses propriétés.
Qu’est-ce que l’hypnose ?
Pour faire simple, sombrer dans l’hypnose est similaire au fait d’entrer en médiation ou en relaxation profonde. Il s’agit d’un état modifié de conscience (EMC), dans lequel le vide est fait autour de soi pour que le cerveau puisse avoir un mode d’expression sans barrière. Le sujet en état d’hypnose ne dort donc pas, mais son état peut être proche de celui du somnambulisme.
Contrairement à la médiation ou à la relaxation, une tierce personne est nécessaire pour plonger dans un état d’hypnose, bien que l’autohypnose existe. Le champ de conscience est alors réduit, donnant lieu à un sentiment d’abandon total et de perte de repères spatio-temporels.
Chaque personne répond différemment à l’hypnose. Cela dépend de sa personnalité, du contexte, de la méthode utilisée, mais également de la profondeur de l’état dans lequel elle tombe.
L’hypnose a longtemps été associée à la science, mais aussi aux expériences occultes. En effet, les gens sous hypnose sont à la merci du spécialiste et semblent dépourvus de conscience. Il s’agit d’une science ayant été sujette à controverses, et ce, encore de nos jours.
L’hypnose au service de la médecine
Bien que les scientifiques ne reconnaissent pas l’hypnose en tant que science à proprement parler, ils ont malgré tout conscience des effets probants sur la santé. Le mécanisme d’hypnose reste encore un mystère pour les spécialistes. Cela étant, après avoir mené des études poussées, l’hypnose s’est avérée utile et efficace durant des chirurgies nécessitant des anesthésies locales ou même dans le cadre d’opérations dues à la maladie du côlon irritable.
De par son action, elle modifie la perception de la douleur et la perception sensorielle. C’est entre 1859 et 1860 que les chirurgiens français ont admis les bienfaits de l’hypnose en tant qu’analgésique. Elle a été déployée en médecine sous le terme d’hypnosédation, afin de remplacer l’anesthésie locale. Le patient est donc moins anxieux et ressent moins de douleur. D’autre part, l’administration de médicaments n’est plus automatique et le patient récupère beaucoup plus vite à sa sortie du bloc opératoire.
L’hypnosédation est également utilisée dans le cadre d’anesthésies générales pour des petites chirurgies, comme les opérations de thyroïdes, les liftings, les opérations de varices, la mise en place de prothèses mammaires, les opérations de dents de sagesse, etc.
Les différents types d’hypnose
Il est possible de différencier 6 types d’hypnose :
– L’hypnose dite traditionnelle (un psychothérapeute envoie des indications au patient)
– L’hypnose semi-traditionnelle (des injonctions directes et indirectes de la part d’un psychothérapeute sont exercées)
– L’hypnose ericksonienne invite le patient à devenir acteur
– L’hypnose lancasterienne qui propose une thérapie adaptée à chacun des patients
– L’autohypnose indique un état dans lequel le sujet se plonge lui-même sans s’en rendre compte. La plupart du temps, il entre en autohypnose en pratiquant une activité (tricot, footing, etc.), qui engendre un mécanisme ne nécessitant pas de réflexion particulière et qui permet de faire filer le temps plus rapidement
– L’hypnose européenne qui est plus basée sur l’hypnose cognitivo-comportementaliste
Quels sont les champs d’action de l’hypnose ?
Il existe un rapport entre l’hypnose et la psychothérapie. Elle vient compléter un travail sur un patient, de façon à amplifier ou accélérer la thérapie. Dans ce cas, l’hypnose peut faire ressurgir des moments de vie, ou permettre de faire ressurgir des comportements plus positifs.
L’hypnose pourrait aussi permettre de régler quelques problèmes psychosomatiques comme les troubles névrotiques, l’arrêt du tabac, la perte de poids, les insomnies, les traumatismes, etc. Le taux de réussite pour un sevrage du tabac serait de l’ordre de 80 %. En ce sens, l’hypnose est une alternative aux médicaments assez intéressante.
Les personnes atteintes de bégaiements, de stress, de phobie, etc., peuvent aussi avoir recours à l’hypnose pour tenter de comprendre l’origine de leur trouble, apprendre à le maîtriser et enfin, le faire disparaître.
De nombreuses cliniques (notamment en Belgique) ont recours à l’hypnose pour remplacer les anesthésies et dans le cadre d’accouchements, afin d’annihiler la douleur.
Les risques liés à l’hypnose
L’hypnose a tendance à effrayer du fait de la perte de contrôle qu’elle engendre. En effet, le psychothérapeute entre dans le cerveau du patient pour y implanter des messages étrangers. Malgré les croyances, le cerveau humain est bien plus intelligent et complexe qu’il y paraît. Même en état d’hypnose, il se mettra en verrouillage automatiquement s’il reçoit une donnée contraire à l’éthique ou à la volonté du patient. En ce sens, il n’est pas réellement possible de manipuler un patient selon des méthodes perverses. Dans tous les cas, les professionnels restent dans leur cadre légal d’exercice et n’agissent jamais sans le consentement de leur patient. À cet effet, certains utilisent même des enregistrements vidéo ou audio pour immortaliser les séances. Il n’existe donc aucune contre-indication à l’hypnose.
En revanche, certaines personnes ne sont pas réceptives. D’après des sources médicales, il n’y aurait que 5 % de la population non hypnotisable. Cela étant, elles ne répondent à aucun profil type. À l’inverse, 10 % est extrêmement hypnotisable, tombant directement dans un état hypnotique très profond. Là encore, les profils types ne peuvent pas être dessinés de façon certaine.
Chaque praticien, avant l’entrée en état hypnotique, indique au patient qu’il ne doit ressentir que des sensations positives. Or, il se peut qu’au cours de certaines séances, notamment celles faisant appel à des souvenirs négatifs, etc., certains patients développent une abréaction hypnotique. Cela signifie qu’ils entrent en panique pendant qu’ils sont en état hypnotique. Le praticien sait alors comment apaiser le patient, tout en le faisant revenir à lui. Cet état ne cause aucun dommage, mais montre au contraire au praticien qu’il est tombé face au problème du patient.
Enfin, de nombreux « hypnotiseurs » se proclament spécialistes, mais peu possèdent de réelles compétences. Les pièges sont donc assez fréquents. Certaines personnes malveillantes profitent parfois de la faiblesse des gens pour les escroquer ou les faire agir dans un but malveillant. Il convient de s’assurer que le praticien est diplômé et autant que faire se peut, y aller avec une tierce personne qui pourra vérifier que la séance se passe du mieux possible.
Qui sont les hypnotiseurs ?
Les personnes proposant des soins par le biais de l’hypnose sont des professionnels ayant suivi une formation. Il s’agit la plupart du temps de personnes issues d’un cursus médical ou d’une filière en psychologie. Ils connaissent ainsi le fonctionnement du cerveau et savent comment utiliser leur voix pour faire utiliser l’état d’hypnose à des fins bénéfiques pour le patient.
En règle générale, les praticiens spécialisés en hypnose sont appelés psychothérapeutes. Comme dans tous corps de métiers, certains sont meilleurs que d’autres, notamment pour engager le processus hypnotique. Il est dit qu’une fibre réceptive est primordiale pour arriver à capter l’attention du patient.
Comment se déroule une séance d’hypnose ?
En fonction du psychothérapeute, le patient peut être assis ou allongé et les yeux fermés ou ouverts, fixant un point. Par le biais de musiques relaxantes et une invitation à la détente, le sujet se détend et la séance peut démarrer.
Une séance d’hypnose dure en moyenne entre 45 minutes et une heure tout au plus. Côté tarif, il faudra compter environ une cinquantaine d’euros par séance. Il s’agit de la même tarification qu’un ostéopathe, un magnétiseur ou tout autre praticien de médecine alternative ou médecine douce.
Suivant les régions et la renommée du praticien, il est possible que le prix augmente. En fonction du patient et de son problème à traiter, 5 séances en moyenne sont nécessaires.