Paul Watson : Gardien des océans et fervent défenseur de la faune marine
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Paul Watson : Gardien des océans et fervent défenseur de la faune marine

Depuis plusieurs décennies, Paul Watson incarne la lutte acharnée pour la protection de la biodiversité marine. Ce militant écologiste canadien, souvent perçu comme le gardien des océans, a été arrêté le 21 juillet dernier à Nuuk au Groenland sur la base d’un mandat d’arrêt international émis par le Japon. Son incarcération a été prolongée jusqu’au 18 décembre, en attendant de savoir si le gouvernement danois accepte ou non la demande d’extradition du Japon. Découvrez notre portrait de cet homme de conviction, à la fois visionnaire et controversé, prêt à franchir les limites légales et physiques pour défendre les océans et la faune marine contre les prédateurs humains, et dont les actions ne laissent personne indifférent.

Voici l’histoire captivante de Paul Watson, écologiste engagé, fondateur de Sea Shepherd et pionnier dans la lutte pour préserver les océans.

Un défenseur des animaux marins dès son plus jeune âge

Né le 2 décembre 1950 à Toronto, Paul Franklin Watson est l’ainé d’une fratrie de sept enfants. Il grandit dans la ville de St Andrews-by-the-Sea, un village de pêcheurs de homards du New-Brunswick, où il développe rapidement une fascination pour la nature et les animaux marins. L’année de ses 10 ans, il passe tout un été à nager avec une famille de castors. L’année suivante, de retour sur les lieux, il découvre que les trappeurs les ont exterminés durant l’hiver. Révolté par cet acte odieux, il consacre alors son temps à parcourir les lignes pour libérer les animaux et détruire les pièges. Cet acte précurseur illustre sa philosophie : défendre les êtres vivants coûte que coûte.

Son père est violent et Paul voue une véritable adoration à sa mère qui meurt alors qu’il n’a que 14 ans. Il se met alors à fuguer et connaît de nombreux foyers jusqu’à ce qu’il atteigne l’âge de 17 ans. Il intègre alors le corps des gardes-côtes canadiens et embarque sur un navire météo. En 1969, il rejoint l’équipage du porte-conteneurs norvégien Bris, puis il embarque sur des navires marchands canadien, norvégien, suédois et anglais, ce qui lui permet d’acquérir l’expérience indispensable pour affronter toutes les mers.

Une première étape en tant que militant : Greenpeace

En 1969, les États-Unis ont prévu de déclencher une explosion nucléaire sous l’île Amchitka, dans les Aléoutiennes de l’Alaska. Cette décision provoque une manifestation à la frontière maritime canado-américaine. À cette époque, Paul Watson fait partie du Sierra Club, un mouvement pour la paix, contre la guerre et les armes nucléaires. Son groupe rejoint celui des quakers qui avaient envoyé un navire vers l’atoll de Bikini en 1956 en protestation contre les essais nucléaires. Après concertation, les deux associations décident de retrouver les participants à bord d’un bateau qu’ils baptisent « Greenpeace », ce qui signifie la paix verte.

Malheureusement, alors que le bateau est à quelques centaines de miles de l’île, les militaires américains font exploser la bombe de cinq mégatonnes, provoquant ainsi la mort de nombreuses otaries et d’autres animaux marins. Paul Watson et ses compagnons sont dès lors persuadés que leur action n’a servi à rien, mais ce qu’ils ne savent pas encore c’est que les médias vont s’emparer de l’affaire et permettre la fin des essais nucléaires.

C’est à la suite de cet événement qu’il participe à la création de la Fondation Greenpeace en 1972, dont il sera le directeur et le premier officier lors des voyages jusqu’en 1977. Son désir profond d’agir pour protéger les mammifères marins le pousse à des interventions de plus en plus audacieuses qui le mettent en danger et lui valent le surnom de « 007 ».

Ainsi, en 1975, Paul Watson et ses coéquipiers partent à la rescousse des cétacés en affrontant un baleinier russe. En 1977, l’ONG est déterminée à mettre fin au massacre des bébés phoques dans le Nord-Est canadien. C’est alors que Paul Watson, au péril de sa vie, s’accroche aux câbles qui servent à remonter les peaux ensanglantées des animaux à bord des bateaux. Cette action a pour conséquence son exclusion du conseil d’administration de Greenpeace.

Il décide alors de créer la Sea Shepherd Conservation Society avec une stratégie bien définie qu’il nomme « l’agressivité non violente ». À ses débuts, l’organisation ne compte qu’un seul navire et un équipage hétéroclite. Quarante plus tard, elle deviendra la plus grande marine privée du monde avec une flotte internationale de 13 navires.

 

Paul Watson ou le pirate des océans

Sea Shepherd est une organisation dont la mission est la recherche et l’investigation. Toutefois, elle n’hésite pas à utiliser des « méthodes musclées » pour faire appliquer les lois de conservation et de protection de la vie marine en haute mer. Ainsi, en 1986, elle coule la moitié de la flotte baleinière islandaise ; la même année la chasse commerciale à la baleine est interdite par un accord de la Commission baleinière internationale (CBI).

Les actions de Paul Watson ne sont pas appréciées par tous les militants écologistes en raison des procédés employés. Certains estiment qu’il se comporte comme un pirate, d’autres comme un écoterroriste. Cependant, ses opposants sont bien obligés de reconnaitre une certaine efficacité à ses interventions. D’ailleurs, la multiplication des actions de Sea Shepherd dans l’Antarctique a permis l’interruption de la campagne de pêche à la baleine des Japonais durant l’hiver 2011.

 

Paul Watson est arrêté à plusieurs reprises au Canada et en Allemagne et dès 2012, il se retrouve sur la liste rouge d’Interpol à la suite de la demande du Japon. En 2022, il quitte Sea Shepherd et crée la Captain Paul Watson Foundation, une organisation qui a pour objectif « de soutenir, d’intervenir, d’éduquer et de sensibiliser à la conservation des océans avec un minimum de bureaucratie et une petite équipe dédiée ».

Le 21 juillet 2024, Paul Watson est prêt à partir en mission contre un navire baleinier japonais, lorsqu’il est arrêté au Groenland par les autorités danoises en raison du mandat d’Interpol.

 

Après avoir écrit une lettre à Emmanuel Macron, le 16 octobre, pour lui demander l’asile politique, Paul Watson sollicite la nationalité française. Cette requête a fait l’objet, le 5 novembre dernier, d’une question au Gouvernement posée par le député Jean-Louis Roumegas du groupe Écologiste et Social. Celui-ci interpelle le ministre de l’Intérieur afin qu’il octroie la nationalité française à Paul Watson qui est âgé aujourd’hui de 73 ans. Faute de quoi ce fervent défenseur de la biodiversité et des océans risque de finir ses jours en prison pour s’être opposé à un État qui viole le moratoire international sur la chasse commerciale des cétacés, et ce depuis des années.

Un message universel de préservation

En défiant constamment les normes et les lois établies, Paul Watson a su placer la question des océans au centre des débats internationaux. Qu’on l’admire ou qu’on le critique, son rôle dans la protection de la biodiversité marine est indéniable.

De plus, au-delà de ses actions coups de poing, Paul Watson est aussi un écrivain prolifique, dont les ouvrages (Earthforce - Le manuel de l’auto-guerrier, Earthforce - An Earth Warrior's Guide to Strategy et Ocean Warrior - La genèse de Shehpherd) offrent un aperçu de sa philosophie militante avec un message sans équivoque, à savoir que la survie de la planète est intimement liée à la préservation des océans, ce qui nécessite une véritable révolution écologique.




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