Une adolescence bohème
Né le 13 mars 1946 à Paris au sein d’une famille de médaillistes-joailliers, Yann Arthus-Bertrand est l’aîné de six enfants. Passionné de films américains, il fréquente la jeunesse dorée de la « bande du drugstore », des jeunes qui passent leurs jeudis après-midi dans le drugstore des Champs-Élysées. À 17 ans, il devient stagiaire sur le tournage du film Dragées au poivre de Jacques Baratier et rêve de faire une carrière au cinéma. L’année suivante, il réussit à décrocher un rôle modeste dans un film d’Etienne Périer, Dis-moi qui tuer, aux côtés de Michel Morgan.
Mais après un essai réalisé devant la caméra de Jean-Gabriel Albicocco pour le film Le Grand Meaulnes, il se rend compte qu’il n’est pas fait pour la profession d’acteur. Il abandonne alors définitivement le cinéma et exerce plusieurs petits métiers, jusqu’en 1966, puis décide de quitter sa famille pour vivre une aventure qui donne enfin un sens à son existence.
Un tournant décisif dans sa vie
Yann Arthus-Bertrand est âgé de 20 ans, quand il rencontre une femme deux fois plus âgée que lui. Celle-ci possède un château dans un domaine de chasse, le Château de Saint-Augustin situé dans l’Allier. Leur liaison n’étant pas vue d’un très bon œil par sa famille de tradition plutôt conservatrice, le couple décide alors de se lancer dans une belle aventure : la création d’une réserve naturelle. C’est dans ce contexte très particulier que Yann Arthus-Bertrand se découvre un véritable amour pour les animaux et le désir profond de s’engager dans la cause animale.
Il s’avère qu’il possède les qualités requises pour devenir un chef d’entreprise et très rapidement, la réserve peut s’enorgueillir d’avoir recueilli de nombreux animaux en grande majorité d’origine européenne (cerfs, daims, sangliers, blaireaux, mais aussi des ours, des singes…).
La réserve animalière commence à être connue et attire de plus en plus de touristes heureux de pouvoir contempler toute une faune vivant en liberté.
Hélas, le succès de la réserve de Château-sur-Allier ne réussit pas à combler son désir d’étudier le comportement des animaux sauvages dans leur environnement naturel ; Yann Arthus-Bertrand veut les voir évoluer sur leur terre d’origine. Alors, pour la 2e fois dans sa vie, il décide de tout quitter et part s’installer en Afrique.
La découverte d’un nouveau continent en compagnie de sa femme, Anne
Yann Arthus-Bertrand a 30 ans lorsqu’il rencontre Anne, qui devient son épouse et part avec lui au Kenya. Il a pour objectif de réaliser une thèse sur les lions. Il va ainsi pendant trois ans observer la vie d’une famille de lions, dans la réserve nationale du Masai Mara. Il étudie leur comportement quotidien et les photographie sans relâche. Dans le même temps, pour gagner sa vie, il devient pilote de montgolfière et survole le parc pour faire découvrir aux touristes la faune et la flore qu’il connaît par cœur et la Terre vue du ciel.
Naissance d'une nouvelle passion : la photographie aérienne
Yann Arthus-Bertrand rentre en France en 1981, puis publie en 1983 le livre de photos Lions. Il débute alors une carrière de journaliste, reporter et photographe international et l’on peut admirer ses clichés aériens dans les revues National Geographic et Géo.
Il suit le rallye Paris-Dakar et échappe à la mort le 14 janvier 1986, ayant cédé sa place à Daniel Balavoine dans l’hélicoptère qui rejoint le bivouac de Gourma-Rharous et qui s’écrasera à 5 minutes de vol seulement de ce point de ravitaillement.
Création en 1991 de sa propre agence, Altitude, spécialisée dans la photographie aérienne
En plus de tous les clichés qu’il a réalisés, Yann Arthus-Bertrand commence à diffuser celles de photographes du monde entier. Il produit des livres avec des vues du ciel prises dans différentes parties du monde, auxquelles viennent s’ajouter des recueils de photos d’animaux.
En 1995, il démarre le projet intitulé La Terre vue du ciel qui aboutira à la publication d’un livre en 1999 et à une monumentale exposition au musée du Luxembourg en 2000 avec 150 tirages de 120 cm par 180 cm. C’est cette manifestation qui permettra à Yann Arthus-Bertrand de conquérir le grand public. La Terre vue du ciel fera également l’objet d’un documentaire réalisé par Renaud Delourme en 2004.
En 2003, avec une équipe de réalisateurs, il débute le projet Six Milliards d’Autres pour lequel il part à la rencontre de plus de 5 000 femmes et hommes pour filmer leur témoignage sur différents thèmes fondamentaux comme la liberté, le bonheur, l’amour, la famille, la foi, le sens de la vie… Un livre et une exposition au Grand Palais à Paris en 2009 viendront parachever cette œuvre qui connaîtra une suite en 2011 avec Sept Milliards d’Autres.
De reporter à succès à militant écologiste convaincu
En 2005, Yann Arthus-Bertrand crée l’association écologiste internationale GoodPlanet. Elle a pour objectif de sensibiliser le plus grand nombre à la préservation de l’environnement et de ses habitants et d’élaborer des solutions concrètes. C’est ainsi qu’il développe avec l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) le programme Action Carbone. Il s’agit de compenser les émissions de gaz à effet de serre occasionnées lors de ses déplacements professionnels par le biais de financement de projets écologiques portés par des ONG dans les pays du Sud.
À partir de cette date, Yann Arthus-Bertrand n’arrêtera pas d’œuvrer pour sensibiliser toutes les générations aux problématiques du développement durable. Ainsi l’association GoodPlanet distribue dans les écoles des kits d’affiches pédagogiques. Elle met aussi gratuitement à la disposition des familles des tutos, des vidéos et des jeux pour découvrir en s’amusant les meilleurs moyens de protéger la nature et les êtres humains.
Documentaires avec la série télévisée Vu du Ciel diffusée de 2006 à 2011 en France et dans 49 autres pays, long-métrage en 2009 avec le film Home qui dresse un bilan sur l’état de la planète et les défis qu’il faudra relever pour la protéger…, Yann Arthus-Bertrand est un inlassable témoin de notre temps et de ses dangers, comme il en fait la démonstration, en 2011, avec La Soif du monde, film projeté en avant-première au 6e forum mondial de l’eau et Planète Océan en 2012.
En 2019, il ressent le besoin de revenir sur 50 années de travail avec son exposition rétrospective Legacy, notre héritage. Les visiteurs ont alors le plaisir de visionner 5 de ses films et de découvrir ou redécouvrir ses plus belles photos depuis ses premiers clichés pris au Kenya à bord d’une montgolfière, jusqu’à celles de son grand projet La Terre vue du ciel.
Impossible de dresser la liste exhaustive de toutes les réalisations de cet homme incroyable qui a su brosser un portrait sans concession de ce que nous sommes dans Human (2015), film composé de récits et d’images, puis donner la parole aux femmes dans Woman (2019) et apporter son amour et son soutien indéfectible à son épouse atteinte depuis de longues années de la maladie de Parkinson.