Les origines d’une vie tournée vers le zéro déchet
Lauren Singer a grandi dans une famille américaine sans sensibilisation particulière aux questions environnementales. C’est durant sa dernière année d’études universitaires, alors qu’elle suivait le cours Capstone d’études environnementales, qu’un déclic s’est produit. Depuis quelque temps, elle observait une étudiante de sa classe qui arrivait chaque jour avec un sac en plastique contenant de la nourriture, une bouteille d’eau, des couverts jetables… Tout au long de la journée, elle y mettait ses déchets, puis à la sortie des cours, elle le jetait dans la poubelle. Cette attitude, tellement aux antipodes des cours que suivaient les étudiants, interloquait Lauren et provoquait chez elle une sorte de colère.
Un soir, dès son retour chez elle, elle ouvrit son réfrigérateur et en examina le contenu avec minutie. Le constat était terriblement édifiant : chaque aliment était emballé dans du plastique. Finalement, elle se dit que hormis le fait qu’elle ne jetait pas ses déchets dans la poubelle de l’université, sa manière de se comporter était tout aussi contestable que celle de l’autre étudiante. Elle prit alors la décision de ne plus jamais recourir au plastique.
Le problème est que l’arrêt de son utilisation n’est pas très aisé à mettre en œuvre dans la vie quotidienne. Il y a beaucoup d’embûches sur le chemin puisque presque tous les produits sont dans des contenants plastiques (dentifrice, crème hydratante, lait démaquillant, détergent…). La seule solution qui lui vint à l’esprit fut d’apprendre à les fabriquer elle-même.
Après quelques recherches sur internet, elle découvre un jour un blog intitulé Zero waste home lancé par Béa Johnson, une jeune maman avec deux enfants vivant en Californie et pratiquant le « zéro déchet ». En 2012, elle décide de passer à l’action et de s’engager à son tour dans cette voie.
Le début de l’aventure « zéro déchet »
Profondément inspirée par le blog de Béa Johnson, elle arrête dès lors d’acheter des aliments emballés que ce soit dans du plastique, du papier ou du verre. Elle se rend dans les magasins avec ses contenants personnels et s’oriente vers les rayons d’aliments en vrac. Pour les fruits et légumes, elle privilégie le marché fermier.
Ce premier pas franchi, elle se risque dans la fabrication de certains produits, comme le dentifrice en utilisant du bicarbonate de soude. Puis, elle confectionne son propre déodorant et teste des alternatives aux nettoyants ménagers. Son objectif est de réduire au maximum ses déchets.
Petit à petit, son engagement la pousse à adopter une garde-robe minimaliste, en préférant les vêtements d’occasion, et de se limiter aux achats qui sont indispensables. C’est ainsi qu’elle réalise que sa maison est bien moins encombrée, donc plus facile à entretenir, ce qui lui procure une grande satisfaction, à laquelle s’ajoutent deux constats. Premièrement, lorsque l’on possède peu de choses, on en prend plus soin. Deuxièmement, son nouveau mode de vie est économique, puisqu’en fabriquant elle-même les produits dont elle a besoin, elle ne paye pas pour les contenants et les divers emballages. Pour finir, elle mange mieux, elle se sent en excellente forme et elle est plus heureuse… Tout est positif dans le « zéro déchet ».
Lauren Singer, fondatrice du blog Trash is for Tossers
En 2014, Lauren Singer lance son propre blog pour partager ses astuces « zéro déchet ». C’est l’occasion pour elle de divulguer sa recette pour un déodorant naturel, dont elle dit qu’il est le produit qui a changé sa vie. Elle est convaincue qu’il est possible de ne créer quasiment aucun déchet. Elle en apporte d’ailleurs la preuve puisqu’au bout de trois ans, l’ensemble de ceux qu’elle a produits tient dans un simple bocal d’environ un tiers de litre et qu’elle n’utilise plus de poubelle.
Cependant, ne croyez pas qu’elle a atteint son objectif sans faire face à de nombreux obstacles. Ainsi, elle a appris à vérifier les pratiques des entreprises après avoir commandé un produit en ligne et découvert qu’il arrivait emballé dans du plastique non recyclable. Elle a tiré des leçons tout au long de son parcours et démontré que réduire son impact environnemental ne doit pas être vu comme une contrainte, mais que c’est une opportunité de réinventer notre rapport à la consommation.
Grâce à son engagement, elle devient une figure emblématique du mouvement « zéro déchet ». Lors d’une conférence TEDxTeen organisée par TED (Technology, Entertainment and Design), elle insiste sur l’importance des petits gestes quotidiens et délivre le message suivant :
« Ce qui compte, ce n’est pas que chacun soit parfait, mais que des millions de personnes fassent un peu mieux chaque jour ».
Lauren Singer et l’entrepreneuriat engagé
Devant les demandes répétées de nombreuses personnes conquises par son style de vie et qui veulent pouvoir acheter le détergent qu’elle fabrique à son domicile, Lauren Singer crée une entreprise, The Simply Co, et se tourne vers le financement participatif pour lever les fonds nécessaires à financer son premier produit, une lessive en poudre comportant seulement trois ingrédients (bicarbonate de soude, savon de Castille et huile essentielle). Elle atteint son objectif de vente en très peu de temps grâce au soutien de sa communauté et démontre ainsi que les alternatives écologiques peuvent trouver une place sur le marché des détergents.
En réalité, Lauren Singer n’est pas uniquement une militante écologiste, elle est aussi un modèle de résilience et d’authenticité qui a transformé ses convictions en actions concrètes. Son influence mondiale est la preuve qu’il est possible de vivre en harmonie avec notre environnement et dès lors de participer à la protection de notre planète.
Image https://www.instagram.com/trashisfortossers