Béa Johnson : ambassadrice du mouvement zéro déchet Lecture : 14 min
  1. Accueil
  2. News
  3. Portrait
  4. Béa Johnson : ambassadrice du mouvement zéro déchet

Béa Johnson : ambassadrice du mouvement zéro déchet

Béa Johnson, mère de famille franco-américaine, est connue et reconnue comme la fondatrice du mouvement zéro déchet. D’une pratique personnelle au sein de son foyer au partage de son mode de vie dans un blog, elle est devenue l’ambassadrice du « zero waste lifestyle ». À travers son livre et ses interventions dans le monde entier, Béa Johnson délivre son expérience et sa méthode pour réduire le volume de la poubelle. La règle des 5 R ou encore la tradition du bocal annuel à ordures ménagères en sont des emblèmes. Portrait d’une femme qui inspire des millions de personnes au quotidien.

Parcours de la mère du zéro déchet

Béa Johnson est née en France en 1974 et a grandi près d’Avignon. Son père était employé aux PTT et avait pour habitude de tout réparer. C’est sûrement de lui que vient cette propension à vouloir « étendre la vie des objets ». Sa mère quant à elle s’affairait à préparer conserves et confitures, mais aussi à confectionner des vêtements de seconde main d’après des habits achetés à la friperie.

Béa Johnson passe son bac option arts. La jeune femme souhaite alors travailler dans le monde de la mode. Afin de parfaire son anglais et de fuir ses parents en pleine séparation, elle s’engage comme fille au pair aux États-Unis en 1992, à San Francisco plus précisément. C’est là-bas qu’elle rencontre son futur époux Scott Johnson. Ils se marient en 1996 et s’installent ensemble. C’est l’ère du rêve américain et du consumérisme pour Béa Johnson. Le couple habite une grande villa, possède des voitures luxueuses et accessoirement de grosses poubelles bien remplies.

En 2000 et 2001, c’est la naissance de leurs deux enfants. Le tableau idyllique d’une vie réussie selon les standards de la société. Ils ont tout pour être heureux et pourtant Béa Johnson traverse une crise existentielle. Le couple va décider de déménager. Alors que la majorité de leurs affaires se trouve dans un garde-meuble le temps de gérer cette transition, le minimalisme forcé fait office de déclic.

Elle explique au quotidien Le Temps : « Ce que momentanément nous n’avions plus était devenu du superflu. Le dépouillement nous a comblés et rendus libres ».

C’est à la suite de cette situation que tout le cheminement zéro déchet a commencé en 2008. Quant au blog Zéro Waste Home, il était simplement question au départ d’expliquer la démarche aux proches.

La règle des 5 R de Béa Johnson

Au fil des expérimentations au sein de son foyer, Béa Johnson a créé sa propre méthode. Désormais connue à travers le monde, revenons sur la règle des 5 R.

« Refuse, Reduce, Reuse, Recycle and Rot » ou en français « Refuser, réduire, réutiliser, recycler, pourrir (et uniquement dans cet ordre) est ma méthode pour réduire les déchets annuels de ma famille dans un bocal depuis 2008 ».

En effet le recyclage ne doit pas être le premier réflexe, mais plutôt l’un des derniers car « le meilleur déchet c’est celui que l’on ne produit pas ».

Appliquer la règle des 5 R au quotidien consiste à :

  • Refuser les produits à usage unique et objets non essentiels
  • Réduire la consommation et le gaspillage en achetant uniquement les quantités nécessaires sans emballages
  • Réutiliser, acheter d’occasion, réparer et donner une seconde vie aux objets
  • Recycler ce qui ne peut pas être réutilisé
  • Rendre à la terre en compostant les déchets organiques

 

La tradition annuelle du bocal à déchets

Grâce à cette philosophie de vie, Béa Johnson a réduit le volume des ordures ménagères de sa famille passant de plusieurs litres par semaine à un bocal d’un quart de litre pour toute une année. L’inventaire du bocal est par la suite devenu une tradition qui avait lieu une fois par an. Le contenu était alors partagé sur son site Zéro Waste Home. C’est aussi une preuve que Béa Johnson brandissait fièrement à travers le monde pour symboliser la réussite de sa méthode.

Il faut noter également que dès les premières années, son mari a constaté les répercussions de ces changements sur les finances et le bien-être familial avec « 40% d’économie sur notre budget, on s’est désencombré et gagné du temps pour la vie de famille, car on n’a moins à ranger, nettoyer, stocker et trier. » C’est par ailleurs ce qui figure en page de couverture de son livre Zéro Déchet, comment j’ai réalisé 40 % d’économie en réduisant mes déchets à moins d’un litre par an ! 100 astuces pour alléger sa vie. L’ouvrage paru en 2013 est un best-seller traduit en 28 langues.

 

Béa Johnson est alors devenue une véritable ambassadrice du mouvement zéro déchet. Elle a pu relayer son discours dans de nombreux médias mondiaux. Elle a également réalisé des tournées internationales de conférences en anglais, en français et en espagnol, dans 70 pays et 6 continents. Elle constate que l’Europe et la francophonie en général sont plus réceptives à son message que les États-Unis qui restent un pays de consumérisme.

 

Une garde-robe minimaliste et moins de produits de beauté

Dans sa quête de minimalisme, il n’y a pas que l’intérieur de la maison qui a été épuré. Béa Johnson a également fait un énorme tri dans sa garde-robe pour ne conserver qu’un minimum de vêtements à la fois simples et multifonctions.

2 robes, 2 pantalons, 2 jupes, 1 short, 3 pulls, 7 hauts, 3 vestes, 1 doudoune, 7 sous-vêtements, plusieurs paires de chaussettes, quelques accessoires et 6 paires de chaussures. De cette manière, toute sa garde-robe tient dans une valise. Pratique pour les vacances, surtout lorsque le concept est décliné à toute la famille.

« Moins je possède, plus je suis riche, et au verbe avoir je préfère celui d’être ».

Produits ménagers, mais aussi produits de beauté, tout passe par le prisme du zéro déchet chez les Johnson. C’est ainsi que Béa se retrouve à tester le « no poo ». Bien que son mari la soutienne sur le fond, le vinaigre de cidre pour se passer de shampoing n’aura pas été une réussite.

Au point qu’il lui confie un soir « Mais écoute Béa j’en ai marre que tu sentes la vinaigrette, c’est vraiment pas sexy ! ».

Heureusement avec un peu de savon, le problème a vite été résolu.

Une vie sur les routes et une déconnexion des réseaux

Depuis l’été 2020, Béa Johnson est totalement absente de ses réseaux sociaux. Elle vit dans une caravane d’environ 17 mètres carrés et voyage avec son époux et son chihuahua.

 

Beaucoup de ses followers s’inquiètent de ce départ soudain et de ce silence qui dure. D’autres sont reconnaissants de toutes ces bases posées pour le mouvement zéro déchet et lui souhaitent une belle aventure.

Son mode de vie et son travail ont poussé de nombreuses personnes à bouleverser leurs habitudes, à ouvrir des boutiques zéro déchet, à concevoir des produits réutilisables ou encore à lancer des associations. Cet impact sur le monde perdure malgré son absence sur les réseaux.

 

 

Photo : instagram/zerowastehome