Le plastique biodégradable est-il une alternative louable au plastique conventionnel ou du greenwashing ?
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Le plastique biodégradable est-il une alternative louable au plastique conventionnel ou du greenwashing ?

Pour remplacer le plastique conventionnel, les sacs et emballages biodégradables prennent de plus en plus d’ampleur dans le quotidien des consommateurs. Pourtant cette alternative qui semble louable au premier abord ne règle malheureusement pas le problème de la pollution des écosystèmes. Ce pourrait même être tout le contraire. Le plastique biodégradable : entre fausse bonne idée et greenwashing… Décryptage.

Protégeons notre planète ! Entre les faux-semblants et les pratiques écologiques, découvrons le cas du plastique biodégradable : une solution pour préserver l'environnement ?

 

Pourquoi le plastique biodégradable est une fausse bonne idée ?

Il n’y a pas de normes standardisées au sujet du plastique biodégradable. En réalité ce terme désigne avant tout la capacité d’un matériau à se décomposer en fin de vie sous l’effet de micro-organismes. Cependant cette biodégradation ne peut se faire que dans des conditions particulières, notamment au regard du taux d’humidité et de la montée en température, supérieure à 50°.

C’est notamment ce qui pose problème avec ces nouveaux polymères, issus à la fois de sources végétales, animales et/ou de pétrole. Ces matériaux peuvent alors amplifier le fléau de la pollution plastique plutôt que de le résoudre.

C’est d’ailleurs ce que souligne Gaëlle Haut, coordinatrice européenne de la Fondation Surfrider. Faute de connaissance et de sensibilisation sur le sujet « les gens ont tendance à croire qu’ils contribuent à la protection de la planète en achetant des produits en plastique biodégradable, mais ce n’est pas du tout le cas ».

Et pour cause, ces plastiques sont présentés comme plus respectueux de l’environnement que les résines traditionnelles. Mais à défaut de structures de compostage industriel adaptées, ils ne sont pas conçus pour se décomposer dans la nature.

D’autre part, le plastique biodégradable n’est ni circulaire ni recyclable. Il n’est pas adapté aux filières de recyclage et perturbe les chaînes de tri. Ce qui le conduit tout droit à l’enfouissement ou à l’incinération.

Que se passe-t-il si des sacs en plastique biodégradable sont laissés dans la nature ?

La réponse a été donnée au cours d’une expérience menée par des chercheurs de l’Université de Plymouth, en Angleterre. Ils ont placé différents sacs témoins, porteurs de la mention « biodégradable », dans la mer et sous la terre. Après trois ans immergés ou enterrés, certains de ces sacs étaient encore intacts et suffisamment solides pour porter à peu près 2 kilos de provisions.

C’est ce que redoutent les experts comme Moira Tourneur, membre de Zero Waste France. « Les gens pourraient se dire : j’ai oublié mon sac en plastique biodégradable dans la forêt après un pique-nique, mais ce n’est pas grave, car il sera biodégradé dans la nature ».

Or comme les plastiques classiques, s’ils sont amenés à se décomposer dans les milieux naturels au fil des années, ils vont se transformer en microparticules, nocives autant pour la faune que pour la flore.

 

Entre bioplastique, biosourcé, biodégradable et compostable, la confusion règne !

Tous ces termes sèment le doute et la confusion sur le marché. Une complexité qui ne permet pas toujours de faire le bon choix malgré la meilleure des volontés. C’est pourquoi les experts souhaitent que des propositions amènent à une règlementation quant à l’utilisation de ces différentes appellations sur les emballages.

Les mots « bioplastique » et « biosourcé » ont plutôt un rapport avec la composition des plastiques, alors que « biodégradable » et « compostable » se réfèrent à leur devenir en fin de vie.

À noter cependant que la mention « bioplastique » ne signifie pas que le produit a été fabriqué à partir de matières provenant de l’agriculture biologique. D’autre part, il peut s’agir d’un mélange comprenant des polymères issus de combustibles fossiles (pas toujours biodégradables) et des matériaux biosourcés. Ces derniers sont produits à partir de matières organiques telles que la canne à sucre, la fécule de pomme de terre, le maïs, etc. Ce sont donc des ressources détournées de leur fonction nourricière.

Les plastiques biodégradables ne contiennent pas obligatoirement une proportion de matières biosourcées. Ils peuvent être 100 % issus du pétrole tant qu’ils répondent à des critères de biodégradation.

La confusion est également fréquente entre biodégradable et compostable à la maison. Les plastiques biodégradables doivent répondre à des exigences de compostabilité industrielle définies par la norme européenne EN 13432. Ce ne sont en aucun cas les mêmes conditions que celles du compostage domestique.

Pour résumer, c’est très complexe de s’y retrouver. Comme le dit Gaëlle Haut : « c’est la jungle ».

 

 

Quand le plastique biodégradable sert au greenwashing !

Malheureusement ce flou général et cette confusion qui perdurent autour des termes « biodégradable » et « biosourcé » fait partie des 10 méthodes de greenwashing les plus employées.

Rappelons que le greenwashing, ou écoblanchiment en français, consiste à utiliser des pratiques commerciales trompeuses pour se donner une image de responsabilité environnementale.

L’usage du terme biodégradable est donc bien souvent le fruit d’une démarche marketing. L’attention du consommateur est volontairement attirée sur cet élément flatteur tout en évitant de communiquer d’autres informations sur des détails beaucoup moins écologiques. Il s’agit là d’une technique de mensonge par omission.

Les entreprises peu scrupuleuses jouent alors sur cette complexité autour des définitions et des normes pour donner à leurs produits une image plus verte que celle qu’ils ont en réalité.

Extrait de la bande dessinée « Mer de plastique, marre des plastiques ! » de France Nature Environnement

 

Entre fausse bonne idée et greenwashing, le plastique biodégradable n’apporte pas de véritable solution. Mieux vaut alors se tourner vers des alternatives zéro déchet : sacs réutilisables, achats en vrac, etc. Car n’oublions pas que « le meilleur déchet est celui que l’on ne produit pas ».

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