Des soins vétérinaires solidaires pour les animaux des personnes en grande précarité
Selon la Fondation Abbé Pierre, la France comptabilise près de 330 000 sans-abris.
Parmi eux, près d’un tiers vit avec un animal de compagnie.
C’est ce que Théo Noguer a lui aussi pu constater à Lyon lors des maraudes auxquelles il a participé dans les rues de la métropole. « L'animal est la dernière bouée qui leur permet de maintenir la tête hors de l'eau, il protège, rassure et permet de garder un lien avec la réalité. »
À l'instar des soins gratuits dispensés par le DVE de Bourgoin-Jallieu, le jeune vétérinaire a décidé d’agir à son niveau en créant Solivet.
L’association concentre plusieurs objectifs autour des animaux des publics précaires. En collaboration avec l’organisation « Vétérinaire pour tous », Solivet organise des permanences dans différentes villes de la région Rhône-Alpes.
Lors de ces journées ou demi-journées, les personnes en grande précarité avec ou sans domicile peuvent venir avec leur animal de compagnie afin que celui-ci bénéficie gratuitement de soins vétérinaires. Les animaux sont alors identifiés et vaccinés pour pouvoir assurer un suivi clinique. Ils peuvent également recevoir des traitements contre les maladies, les parasites, etc.
Tout cela est fait « pour les aider à ce que leur animal vive le plus longtemps possible, en meilleure santé, à leurs côtés. Afin qu’eux puissent remonter la pente et s’en sortir. » En effet ce n’est là que le début de la mission que s’est donnée l’association car Théo Noguer voit bien plus loin à travers cet acte de soin.
Solivet permet d’engager le travail social pour une réinsertion grâce à l’animal
Au micro de Brut, le vétérinaire explique que « la plupart des centres d’hébergement de personnes sans domicile fixe n'acceptent pas de recevoir les publics accompagnés de chiens ou accompagnés de chats parce qu’ils ont peur que l’animal crée des nuisances. » Ces sans-abris vont donc s’isoler encore plus puisque qu’il est inconcevable pour eux d’abandonner leur animal en échange d’un hébergement.
Ces publics en grande précarité acceptent alors bien plus facilement d’être abordés lorsqu’il s’agit d’une aide pour leur fidèle compagnon plutôt que pour eux-mêmes.
Solivet va dans ce sens et souhaite mettre en avant l’animal dans son rôle de vecteur de réinsertion sociale. Grâce aux permanences de consultations vétérinaires solidaires, les travailleurs sociaux peuvent établir un premier contact pour mettre en place un accompagnement adapté.
Afin d’aider les structures d’accueil dans l’intégration de ces nouvelles pratiques, Solivet délivre des formations à destination du personnel social pour :
- Connaître les bases du comportement canin
- Disposer de solutions pour éviter ou réduire les nuisances en toute sécurité
- Construire une approche autour de l’animal en tant que vecteur de lien social
Accompagner les propriétaires de chiens pour le retour ou le maintien en hébergement
Les animaux de compagnie vont être sensibles à un changement de mode de vie. Les chiens qui ont toujours vécu dans la rue peuvent avoir des difficultés à s’adapter lors du retour au logement de leur propriétaire. Lorsque leurs maîtres vont s’absenter pour accomplir des formalités administratives ou pour chercher un emploi, ces animaux peuvent avoir des réactions inappropriées sous l’effet du stress et de la panique.
Un chien qui aboie à longueur de journée ou qui engendre des destructions peut malheureusement être la cause d’une expulsion du logement. Solivet accompagne également les propriétaires d’animaux sur cet axe en favorisant le maintien en hébergement grâce à des séances d’éducation canine.
L’association souhaite étendre son activité à l’échelle nationale d’ici 2027. D’autre part, un projet de pension canine solidaire devrait également voir le jour sous forme de chantier d’insertion à Lyon.