La naissance de Toit à moi, l’histoire d’une pièce qui changea tout
C’est en plein hiver, en 2006, que Denis Castin tend une pièce à un sans-abri, non loin de chez lui. Cet acte de générosité aurait pu en rester là. Mais c’est en quelque sorte la fois de trop qui mena de l’indignation à l’action.
« Comment la situation des SDF pouvait-elle être admise dans notre société ? » C’est ainsi que l’idée fit son chemin de chercher plus loin que le don individuel. Comment faire plus ? Comment faire mieux ? Selon l’adage « seul on va plus vite, ensemble on va plus loin ».
Denis Castin fonde alors Toit à moi avec son collègue de travail Gwenaël Morvan en janvier 2007.
L’objectif est alors clair dans les statuts de l’association : « regrouper des citoyens engagés qui donnent de manière régulière afin de financer l’achat de logements pour sortir de la rue les plus défavorisés ».
Afin de pérenniser l’action de Toit à moi, il semble important aux fondateurs que l’association soit propriétaire des logements qu’elle souhaite mettre à disposition des sans-abris. Mais sans négliger pour autant les autres points essentiels de la réinsertion qui sont l’accompagnement par des professionnels et le lien social. En effet, il est question ici d’apporter une solution différente de l’accueil d’urgence et du foyer d’hébergement.
Économie sociale et solidaire : le mode de fonctionnement de Toit à moi
Les dons mensuels des particuliers au service de l’achat immobilier
Les calculs sont simples. Pour emprunter sur 5 ans afin d’investir dans un appartement, il faut réunir à peu près 100 personnes qui donnent chacune 20 € par mois. En réalité après déduction fiscale, ce parrainage ne représente plus que 5 € par mois.
La mise en application quant à elle aura pris plus de deux ans avant que l’association ne devienne propriétaire du premier appartement.
Quinze ans plus tard, les chiffres témoignent de la réussite de ce défi :
- 8 antennes Toit à moi présentes en France
- 41 appartements dans le parc immobilier de l’association
- Plus de 2 000 parrains et marraines dont Lambert Wilson comme parrain d’honneur
- 86 personnes aidées
- 125 bénévoles
Les logements de Toit à moi sont principalement des T2, implantés au cœur des villes à proximité des transports en commun.
Le mécénat d’entreprise pour financer l’accompagnement
Même si le relogement est la première étape pour sortir les sans-abris de la rue. Cette solution n’est pas à elle seule synonyme de réinsertion réussie. C’est pourquoi Toit à moi met en place pour chaque bénéficiaire un accompagnement personnalisé mené par des travailleurs sociaux et d’autres structures partenaires.
Le but étant de les éloigner durablement de ces situations de précarité en passant par une phase de reconstruction avec l’aide de psychologues, assistantes sociales, médecins… Avant de pouvoir envisager de bâtir un nouveau projet de vie grâce à des stages, des formations et un emploi.
En effet, dans l’aide aux sans-abris, l’accompagnement est tout aussi important que le logement. C’est alors grâce au mécénat d’entreprise que les recrutements des travailleurs sociaux professionnels sont financés.
Le bénévolat comme facilitateur de lien social
Dans cet écosystème, les bénévoles ont également un rôle très important pour aider les bénéficiaires à travers des activités simples comme une discussion autour d’un café, un repas partagé, une sortie découverte, etc.
Ces petites attentions ont des impacts considérables dans la vie des personnes accompagnées qui sortent d’une situation de grande exclusion sociale. Les bénévoles participent ainsi à leur redonner confiance.
Chaque bénévole qui choisit de s’engager dans l’association peut mettre à profit ses compétences particulières : réfection de logement, aide à la gestion administrative, coiffure, sophrologie, etc. Toit à moi est à l’écoute des idées des bénévoles et c’est ce qui permet aussi de proposer divers ateliers individuels ou collectifs.
Des fondations stables pour prendre un nouveau départ
Loger, accompagner et tisser des liens. C’est la formule choisie par l’association pour mettre toutes les chances du bon côté.
« Nous nous engageons auprès des personnes à les remettre debout », souligne Hélène Menanteau, coordinatrice de l’accompagnement chez Toit à moi. Il s’agit de « créer l’étincelle qui va permettre un changement de vie ».