Alors que les parapluies se sont imposés en maîtres au printemps, on interroge le ciel sur le sort qu’il nous réserve pour cet été. Entre départements sous alerte et prévisions météorologiques incertaines, les projections de Météo-France laissent peu de place à l’optimisme quant à l’amélioration des conditions climatiques.
En effet, la perturbation météorologique appelée la "goutte froide" et qui est une nébuleuse à 5 000 mètres d’altitude, s’est égarée loins de son flux polaire habituel. Cette dernière oppose son air froid à des masses d’air chaud en provenance d’Afrique du Nord et d’Espagne, alimentant ainsi les orages. Davide Faranda, climatologue, illustre la situation : "Ce phénomène habituel est l’élément moteur de la formation des orages".
Ce qui ressemble normalement à une simple visite de quelques jours peine cette fois-ci à passer. Davide Faranda poursuit : "La goutte froide présente une particularité cette année, vu qu’elle reste en position plus que de coutume".
Ce phénomène a produit beaucoup d'instabilité en ce printemps 2024 qui a été globalement bien plus humide que la normale. Nice, Lyon et Strasbourg ont enregistré des pluies battant des records de précipitations, tandis que la pluviométrie d’Uzès dépasse de manière spectaculaire la moyenne habituelle. Le déficit en terme de jours ensoleillés avoisine aussi les 20 à 30% dans diverses localités, comme à Beauvais, où le soleil s’est fait rare pendant trois longs mois. Les températures, elles, ont connu de brefs épisodes chauds rapidement supplantées par des baisses impressionnantes et des gelées.
Des prévisions estivales toujours en balance
Le 28 mai, les prévisionnistes dévoilaient leurs anticipations pour juin, juillet et août. Le Sud de la France et la Corse pourraient espérer un été moins humide, mais le reste de la nation demeure entouré d'incertitude. Davide Faranda revient sur l'influence du changement climatique sur la persistance des gouttes froides, toutefois sans unanimité scientifique sur leur relation aux émissions de gaz à effet de serre.
Des recherches suggèrent par contre que l'affaiblissement du gradient thermique entre les pôles et les tropiques affecte la stabilité du jet-stream, créant ainsi des conditions propices au blocage des zones de basse pression. Si ces dernières restent fixées près des côtes atlantiques, nous connaîtrons un été orageux. Dans le scénario contraire où elles migreraient vers le sud du Portugal, des chaleurs caniculaires monteraient vers la France.
Emma Haziza, hydrologue, explique que "Nous vacillons entre deux extrêmes", référence aux canicules et aux inondations que le pays a connues en été 2018 et 2021. Si la goutte froide induit effectivement des étés plus tempérés en France, elle ne ralentit pas le réchauffement continental, comme en témoigne les températures de 42 °C prévues à Rome en contraste avec les 18 °C de Biarritz.
Un cycle de l'eau bouleversé par le changement climatique
Le réchauffement planétaire perturbe significativement le cycle hydrologique. Robert Vautard, climatologue, expliquait récemment que chaque hausse d'1 °C de la température se traduit par une élévation de 7% de l'humidité dans l'air, qui, trop chargé, se condense en pluie.
Davide Faranda souligne une méprise commune sur le changement climatique, supposé entraîner davantage de soleil : "Ce n'est pas le cas. Nous devons nous préparer à une grande variabilité du climat, avec des sécheresses alternées par des pluies extrêmes".
Emma Haziza note que ces fluctuations climatiques peuvent être favorable à la biodiversité, mais elles portent aussi le risque d'inondations dévastatrices où des terres agricoles sucombent aux champignons ou au mildiou. Par conséquent, le futur météorologique demeure incertain, portant en son sein autant d'espoir que d'inquiétudes pour les saisons à venir.
🌩️Les #orages se multiplient actuellement. Prudence pour cette fin de journée et la nuit prochaine, particulièrement sur les départements en #vigilanceorange🟠 où ils seront parfois violents (grêle, rafales de vent, fortes pluies).
— VigiMétéoFrance (@VigiMeteoFrance) June 19, 2024
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