L’activité humaine est elle responsable de l’épidémie de Covid-19  ? Lecture : 4 min
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L’activité humaine est elle responsable de l’épidémie de Covid-19  ?

En pleine pandémie de Covid-19, la moitié de la planète est confinée, les humains sont forcés de ralentir et de laisser la nature reprendre ses droits. Ce n’est pas la première fois que lors d’une épidémie les scientifiques mettent en cause l’activité humaine sur l’environnement. Les pandémies sont-elles liées à la destruction de la biodiversité ?

Même si l’origine du Covid-19 demeure incertaine, les scientifiques s’accordent sur le fait que les agents infectieux sont issus des animaux et dans le cas du Covid-19, d’animaux sauvages. Si le pangolin ou la chauve-souris peuvent transmettre des maladies à l’Homme, est-ce lié aux conséquences de l’activité humaine sur la biodiversité ? Nous vous expliquons pourquoi c’est probablement le cas dans cet article.

De graves maladies résultent d’une transmission de l’animal à l’Homme

Ce n’est pas la première fois que les scientifiques alertent de la transmission des virus entre les animaux et l’Homme et surtout qu’ils expliquent comment cette transmission est directement liée à l’activité humaine. Ce n’est pas quelque chose que les humains provoquent volontairement, mais souvent un effet secondaire indésirable dû à nos modes de vie. 

Dans une émission diffusée sur France Inter le 18 mars dernier, Mathieu Vidard expliquait le cas de l’Inde et de la rage. Le pays qui comptait plusieurs millions de vautours a vu leur population considérablement diminuer depuis le début des années 90.

"Ces oiseaux ont été empoisonnés par un anti-inflammatoire qui était administré au bétail en dévorant les carcasses des bovins. Les charognards ont absorbé ce médicament et sont donc morts par millions. (…) Comme les vautours ne faisaient plus ce travail d’équarrissage naturel, les carcasses ont commencé à pourrir sur les routes, les cours d’eau ont été contaminés, les chiens errants et les rats (…) se sont mis à propager le virus de la rage”.

Le coronavirus, transmis par la chauve-souris, via le pangolin ? 

Il n’y a pas encore de certitude absolue concernant l’origine du Covid-19, mais la majorité des scientifiques pensent désormais qu’il a été transmis à l’Homme par la chauve-souris, via le pangolin un petit mammifère à écailles en voie d’extinction. Bien souvent braconné, il est destiné au marché chinois où il est consommé pour sa chair, ses os et ses écailles qui servent de remède en médecine traditionnelle chinoise.

“Des virus, comme les coronavirus, sont présents chez des animaux, mais ne sont pas capables de passer directement à l’Homme. Ils vont donc muter, passer par un autre animal où ils vont évoluer et ensuite pouvoir infecter l’Homme”,

a expliqué à L’Express Olivier Terrier, chercheur du CNRS au Centre international de recherche en infectiologie. 

Dans le cas du Covid-19, ce serait donc le braconnage, le commerce, l’élevage et la consommation d’animaux sauvages qui seraient mis en cause. 

Il ne s’agit pas uniquement d’un problème “exotique”

Il n’y a pas qu’en Chine que l’intervention de l’homme sur la biodiversité provoque des problèmes. Ce serait trop simple de croire que nous sommes en présence d’un problème exotique lié à des animaux que l’on ne trouve pas chez nous comme le pangolin. 

“Ce sont des questions qui concernent aussi bien les pays du Nord que du Sud. Regardez ce qui se passe en France lorsqu’on s’attaque à la chasse.”,

note Philippe Grandcolas, chercheur du CNRS.

Lorsque l’on abat en nombre des renards considérés comme « nuisibles », on observe une prolifération de certains rongeurs qui sont aussi vecteurs de maladies, notamment de la maladie de Lyme. 

Un sujet important à évoquer lors de la COP15

D’après le scientifique, pour éviter que les pandémies se multiplient : 

 « Il faut impérativement respecter les équilibres [de la biodiversité] et limiter notre emprise sur les habitats et les espèces ».

« 60 % des maladies infectieuses humaines » sont des maladies transmises de l’animal à l’homme selon le PNUE (programme des Nations unies pour l’environnement). Pour les maladies dites « émergentes » comme Ebola, le Sida, les grippes aviaires, le SRAS ou Zika ce serait plutôt 75 %.

Ce phénomène était déjà évoqué dans le PNUE de 2016 :

« L’émergence de maladies zoonotiques est souvent associée aux changements environnementaux qui sont habituellement le résultat d’activités humaines, de la modification de l’usage des sols au changement climatique ».

La pandémie de Covid-19 actuelle qui paralyse la moitié de la planète sera-t-elle suffisante pour faire réaliser aux dirigeants de ce monde la nécessité de changer complètement notre approche de la biodiversité ?