Depuis le début de l'affrontement armé en Ukraine, les répercussions néfastes se multiplient sur le plan humain et économique, mais l'impact environnemental est également alarmant. Les hostilités ont causé des dommages considérables à l'écosystème ukrainien, parmi les plus diversifiés d'Europe, et les évaluations des pertes écologiques sont particulièrement complexes dans les territoires occupés.
'La guerre a mené à la contamination de l'air, du sol et de l'eau suite aux affrontements', déclarait Victoria Kireeva, vice-ministre de la Protection de l'environnement de l'Ukraine, durant la COP28 à Dubaï. En décembre, l'Ukraine avait exposé une analyse des émissions de CO2 générées par le conflit. Victoria Kireeva avait annoncé : 'Après 18 mois de hostilités, nous estimons les émissions totales à 150 millions de tonnes de CO2, ce qui dépasse les émissions annuelles d'un pays industrialisé tel que la Belgique'.
Les experts de l''Initiative on GHG Accounting of War' espèrent que ces estimations serviront pour réclamer à Moscou des compensations pour 'crimes environnementaux'. Doug Weir, de l'Observatoire des conflits et de l'environnement, souligne que c'est une première tentative de chiffrer les émissions de CO2 d'une guerre, un phénomène traditionnellement ignoré par les accords climatiques mondiaux.
Des incendies ravageurs pour les forêts
La situation est aussi critique pour les forêts ukrainiennes : environ un quart des émissions inhabituelles de CO2 provient directement du combat, incluant l'artillerie et les bombardements. Selon Nickolai Denisov, de Zoï Environnement Network, en octobre, les incendies provoqués depuis le début du conflit couvraient autour de 12 000 km², soit une part significative des espaces forestiers du pays. En se basant sur les données satellitaires, il indique que la majorité de ces incendies se sont produits près des lignes de front.
La biodiversité souffre terriblement de ces feux, causés par les bombardements, qui détruisent non seulement la végétation mais aussi les habitats des animaux, limitant ainsi les interventions de sauvetage. La confiscation de matériel de lutte contre les incendies par les troupes adverses et la présence de mines rendent l'accès aux zones en feu extrêmement risqué, compromettant la vie de sauveteurs et détruisant leurs équipements.
Contaminations toxiques et métaux lourds
Les études actuelles montrent que les sols et les eaux subissent de graves contaminations dues à la guerre, y compris par des métaux lourds issus des munitions. Par exemple, la concentration de cadmium, hautement cancérigène, a augmenté de 200% dans la région de Kharkiv. Les déversements de substances toxiques menacent les réseaux d'eau potable, dont dépendent de nombreux Ukrainiens.
La faune et la flore en péril
L'explosion d'un barrage en juin a eu des effets dévastateurs sur les écosystèmes, poussant les autorités à enquêter sur un possible 'écocide'. Cet événement a provoqué le déplacement ou la mort de nombreuses espèces. Si l'Ukraine ne représente qu'une petite fraction de la superficie européenne, elle est néanmoins vitale pour les espèces migratrices et abrite une part conséquente de la biodiversité continentale. Le Ministère de l'Environnement rapporte des dommages significatifs à plus de 800 réserves naturelles depuis le début du conflit. Nickolai Denisov ajoute:
'La guerre anéantit la flore, compacte les sols, et extermine la faune, des insectes aux mammifères.'
En conclusion, la guerre ne perturbe pas seulement la vie des populations mais aussi celle des écosystèmes. Une fois le conflit terminé, l'intégration de la dimension environnementale dans le processus de reconstruction sera un enjeu crucial pour l'Ukraine.