L'impact environnemental de la guerre en Ukraine est désormais examiné sous le prisme des émissions de CO2. Selon une étude appuyée par les gouvernements de Suède et d'Allemagne ainsi que par une fondation européenne, la lutte acharnée entre les forces de Kiev et celles de Moscou s'est traduite par l'émission de gaz à effet de serre dont le volume dépasse celui de cent soixante-quinze nations combinées.
Il apparaît que la confrontation de 2022 a engendré 175 millions de tonnes d'émissions de CO2 ou équivalent, rivalisant ainsi avec la pollution produite par des pays comme les Pays-Bas, le Koweït ou encore le Venezuela. Cette analyse environnementale a pris en compte divers facteurs, notamment la déforestation, les perturbations du trafic aérien, ainsi que les dommages causés aux infrastructures essentielles par les bombardements, parmi lesquels on cite les centrales électriques et à charbon. La notion de « carbone de conflit » émerge de cette étude, soulignant les effets néfastes immédiats pour l'Ukraine, et à terme pour la planète toute entière.
La Russie face à une lourde indemnité carbone
Cette recherche résulte d'une initiative née d'une résolution des Nations unies en novembre 2022, laquelle propose que la Russie soit tenue de compenser les dommages climatiques post-conflit. En évaluant le coût d'une tonne d'émissions à 170 euros, la Russie se retrouverait ainsi face à une somme avoisinant les 30 milliards d'euros sur les deux premières années de la guerre.
La résolution envisage de puiser dans les avoirs russes déjà gelés depuis le conflit pour récupérer cette somme, mais cela ne couvrirait pas l'ampleur des dommages écologiques irreversibles. Les chercheurs ont identifié des polluants multiples dont l'Hexafluorure de soufre (SF6), un puissant gaz à effet de serre, signalant une pollution persistante de l'air et du sol.
Frédéric Joli, porte-parole du Comité International de la Croix-Rouge, a récemment rappelé le principe fondamental du droit humanitaire à un journaliste d'Arte TV : « Dans les circonstances d'un conflit, il existe des limites à ce qui est acceptable. Empoisonner la terre avec des défoliants pour en interdire la culture pendant des décennies, contaminer l'eau jusqu'à la rendre imbuvable ou engendrer des maladies parmi la population, sont des actes contraires au droit humanitaire », a-t-il détaillé.
"Le déversement de millions de litres d'agent orange par l'armée américaine pendant la guerre du Vietnam a conduit la communauté internationale à prendre conscience du lourd impact des conflits sur l'environnement et la santé humaine."
C'est la première fois qu'un bilan d'une telle précision est compilé presque en temps réel. Toutefois, le secret défense entourant la totalité des composants des systèmes d'armements laisse supposer que les destructions réelles causées par le conflit pourraient être plus considérables que ce que le rapport peut en illustrer.
Source image : https://app.leonardo.ai/Deux ans de guerre russe en Ukraine ont émis autant de gaz à effet de serre dans l’atmosphère qu’un pays industrialisé tel que les Pays-Bas en un an. https://t.co/Qgm5YEViNZ
— Reporterre | Le média de l'écologie (@Reporterre) June 13, 2024