En Allemagne et en France, le broyage des poussins sera proscrit à compter de 2022 Lecture : 4 min
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En Allemagne et en France, le broyage des poussins sera proscrit à compter de 2022

En Allemagne, un projet de loi, adopté au Bundestag, prévoit que les poussins mâles des élevages de poules pondeuses ne devraient plus être abattus. Zoom sur cette initiative qui ravit les défenseurs du bien-être animal et sur la position de la France.

L’Allemagne, pays pionnier sur le bien-être animal

À partir de 2022, les poussins mâles qui se trouvent dans les élevages de poules pondeuses ne seront plus broyés. Cette pratique est critiquée, depuis bon nombre d’années, par différentes associations.

Avec cette décision, l’Allemagne se place en position d’avant-garde sur le sujet. Pendant l’exposé de ce projet de loi, Julia Klöckner, ministre de l’Agriculture, s’était réjouie d’une « avancée notable pour le bien-être animal », avec la fin d’une technique « contraire à l’éthique »« Nous sommes les premiers au monde à prendre des mesures si claires », avait-elle indiqué devant les élus du Parlement allemand.

Tous les ans, en Allemagne, à peu près 40 millions de poussins sont abattus : pour chaque œuf mangé, les poussins femelles sont gardés dans les élevages, car elles sont des poules pondeuses. Les mâles sont tués de façon systématique. Dorénavant, des techniques alternatives seront pratiquées en Allemagne.

Un nouveau dispositif mis en place

Le secteur avicole devra procéder à un tri avant que l’œuf n’éclose, au moment de la couvaison. Un dispositif doit permettre de connaître le genre des embryons, au préalable, pour ensuite écarter les futurs poussins mâles. Cette technique développée outre-Rhin est déjà utilisée par plusieurs entreprises et devrait donc être étendue.

Ce texte souhaite promouvoir les systèmes innovants en la matière, de façon à ce que dès 2024, le genre des poussins puisse être mis en évidence avant le 6e jour d’incubation. Sur ce sujet, la France n’est pas au même niveau que l’Allemagne. Dans l’hexagone, les progrès sont légers sur cette problématique. Les éleveurs manquent de moyens pour développer la technique du sexage qui est employée en Allemagne. Beaucoup d’agriculteurs aimeraient mettre en œuvre cette transition, mais ne le peuvent pas, faute de financement.

La France dans les pas de l’Allemagne

La France va s’inscrire dans les pas de l’Allemagne, mais les choses n’ont pas été simples. L’an dernier, Didier Guillaume, ministre de l’Agriculture, avait voulu abandonner la technique du broyage pour la fin de l’année 2021. Les éleveurs du secteur avaient dénoncé un délai trop court.

Le 26 mai 2021, le groupe écologiste du Sénat a défendu une proposition de loi visant à accélérer la transition. Une initiative souhaitant promouvoir un « élevage éthique ». Le texte prévoyait par exemple la fin du broyage ou gazage des poussins mâles pour janvier 2022. Dans un premier temps, le texte a été rejeté durant son examen en commission des affaires économiques. Mais depuis, le sujet a trouvé une nouvelle issue. Ainsi, à partir de janvier 2022, la France mettra fin au broyage dans les élevages. C’est le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie qui l’a annoncé le 18 juillet dernier. En France, les cinq couvoirs auront l’obligation de s’équiper des machines permettant d’éviter la destruction à la naissance de 50 millions de poussins mâles chaque année. En France, l’interdiction « sera précisée par un décret avant la fin de l’année », a précisé un membre du cabinet du ministre.

À partir de 2022, les couvoirs vont donc devoir pratiquer des techniques d’« ovosexage » qui détectent le sexe de l’embryon et ainsi sélectionner les œufs avant leur éclosion, soit en examinant le sérum prélevé à l’intérieur de la coquille. Des techniques qui coûtent relativement cher. Pour soutenir cette transition, l’État va verser dix millions d’euros d’aides dans le cadre du plan France Relance. Paris veut convaincre d’autres pays de l’Union d’adopter cette norme pour éviter les distorsions de concurrence.