Une prise de conscience précoce
Née le 21 avril 1996 à Hambourg, Luisa Neubauer est la benjamine d’une fratrie de 4 enfants. Elle a grandi dans une famille militante : sa grand-mère a fondé un mouvement de défense de l’environnement, et sa mère a été une activiste antinucléaire dans les années 1980.
Elle a un premier déclic à l’école, lors d’un cours de géographie consacré à l’effet de serre. Après le lycée, elle décide d’en apprendre davantage à ce sujet et entame des études de géographie, au cours desquelles elle découvre les études scientifiques expliquant le phénomène du réchauffement climatique. Elle prend alors conscience de l’ampleur de la crise écologique, et de l’urgence à mettre en place des actions pour éviter le pire.
« Je pensais que tout allait bien et que je n'avais pas besoin de m'engager écologiquement d'une manière ou d'une autre. Et cela a duré jusqu'à ce que j'étudie et que je constate que le monde court à sa perte et que nous devons réagir », a-t-elle déclaré.
Les premiers engagements de Luisa Neubauer
Luisa Neubauer s’engage dans le militantisme écologiste et humanitaire auprès de diverses organisations, comme l’ONG allemande Das Hunger Projekt, qui lutte contre la faim dans le monde, la Right Livelihood Award Foundation, l’organisation de soutien de la transition énergétique 350.org, ou encore la Fondation pour les générations futures, une association de protection environnementale reconnue d’intérêt général. En 2016, elle devient ambassadrice du mouvement ONE, une ONG engagée dans la lutte contre les maladies évitables et l’extrême pauvreté, notamment sur le continent africain.
En 2015, l’année de la COP21 à Paris, elle participe à la campagne internationale Fossil Free. Cette campagne demande aux institutions, aux particuliers et aux entreprises de retirer leurs actifs soutenant, directement ou indirectement, le secteur des énergies fossiles et de les investir dans des projets œuvrant contre le réchauffement climatique. Grâce à la mobilisation de Luisa Neubauer et de nombreux autres étudiants, l’Université de Göttingen s’engage à ne plus investir dans les énergies fossiles.
Figure de proue du militantisme écologiste en Allemagne
En avril 2018 à Ottawa, le Sommet du G7 inclut pour la première fois un sommet jeunesse, le Youth 7 Summit, ou Y7. Organisé par les Jeunes diplomates du Canada (YDC), le Youth 7 Summit est composé de 4 jeunes ressortissants de chacun des États membres du G7. Luisa Neubauer fait partie des 4 délégués allemands participant au Y7.
Les délégués du Y7 formulent plusieurs demandes aux États membres du G7, notamment de fournir des efforts en matière de lutte contre :
- les violences de genre,
- le harcèlement et les agressions sexuelles,
- l’interdiction des microplastiques dans les cosmétiques ainsi que celle d’autres plastiques représentant un danger pour l’environnement,
- la protection des cours d’eau,
- la qualification de la confidentialité des données privées comme droit de la personne.
En décembre 2018, elle fait la rencontre de Greta Thunberg à l’occasion de la conférence sur le climat à Katowice en Pologne. Inspirée par le mouvement Fridays For Future initié par la jeune militante écologiste suédoise, qui a peu à peu convaincu des millions de jeunes à travers le monde de faire grève chaque vendredi pour le climat, Luisa Neubauer devient l’une des figures de proue du mouvement en Allemagne.
Celle que les médias surnomment la « Greta Thunberg allemande » réfute cette appellation.
« Nous sommes en train de construire un mouvement de masse et d’aller assez loin dans nos méthodes de mobilisation et d’attention. Ce que fait Greta est incroyablement inspirant mais en fait relativement loin de cela », a-t-elle expliqué.
Pour elle, les grèves pour le climat ne sont pas une finalité, et n’ont pas d’influence directe sur les décisions politiques. Tout le travail mené en parallèle des grèves et des manifestations lui semble plus important, des débats sur les actions à mener pour la protection du climat à l’organisation d’événements éducatifs pour entraîner une prise de conscience massive.
En 2019, Luisa Neubauer, accompagnée d’autres militants du mouvement Fridays For Future, s’invite à la réunion des actionnaires de l'énergéticien RWE et prend la parole pour réclamer une sortie plus rapide du charbon.
« Aucune autre entreprise en Europe n'est plus responsable de cette crise que la vôtre...Comment pouvez-vous justifier cela auprès de notre génération ? », lance-t-elle devant les actionnaires.
En 2020, la branche allemande du mouvement Fridays for Future fait pression sur le groupe Siemens pour qu’il se retire d’un projet de méga mine de charbon en Australie. Joe Kaeser, le PDG de Siemens, tente d’amadouer les militants écologistes en proposant à Luisa Neubauer un siège au conseil de surveillance de Siemens Energy, la filière énergie du groupe.
Elle refuse, expliquant : « Je connais le droit des actionnaires. Je n'aurais plus été en position de commenter les activités de Siemens de manière indépendante ».
Luisa Neubauer : engagement politique et critiques
Luisa Neubauer est membre du parti politique allemand écologiste L'Alliance 90/Les Verts (Bündnis 90/Die Grünen), ainsi que de la branche Les Jeunes Verts. Pour autant, elle nie y jouer un rôle actif. Lors du congrès du parti en mars 2019, elle prend la parole et réclame un budget d’émissions pour l’Allemagne, une demande saluée par les participants.
L’activiste écologiste a également critiqué la décision du gouvernement allemand de ne sortir du charbon qu’en 2038. Depuis, un nouvel accord conclu fin 2021 entre libéraux, sociaux-démocrates et écologistes a décidé d’avancer cette sortie « idéalement » à 2030.
En mai 2019, en marge du sommet européen de Sibiu en Roumanie, Luisa Neubauer a rencontré Emmanuel Macron et 8 autres chefs d’État en compagnie de Greta Thunberg. Elle a également rencontré Angela Merkel et de nombreux membres du gouvernement allemand à plusieurs reprises, ainsi que Barack Obama.
« J'ai très souvent le sentiment que pour cette catégorie de politiciens – qui sont souvent plus âgés et qui sont très longtemps passés à côté de la crise climatique – c'est un problème d’ego de reconnaître ce qu'ils ont raté et dont ils sont également coresponsables », a-t-elle déclaré.
Tout comme Greta Thunberg, son exposition médiatique lui vaut de faire régulièrement l’objet de critiques, que ce soit pour certains de ses propos ou pour son empreinte carbone. Elle continue malgré tout sans relâche à militer, que ce soit sur le terrain ou dans le cadre de rencontres internationales.
Elle a participé en novembre 2022 à la COP27 de Charm el-Cheikh en Égypte, ainsi qu’au Forum économique mondial de Davos en janvier 2023. En ce début d’année, elle était également présente aux côtés de nombreux activistes écologistes dans le village de Lützerath, à côté de Cologne, qui doit être détruit pour permettre l’extension de la mine de charbon de Garzweiler. Le gouvernement allemand a justifié ce projet par les difficultés d’approvisionnement en gaz russe, conséquence de la guerre en Ukraine.
Photo :
https://www.instagram.com/luisaneubauer/
Sources :
https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/comme-personne/luisa-neubauer-la-greta-thunberg-allemande-veut-proteger-le-climat-a-tout-prix-3307443
https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/03/16/luisa-neubauer-22-ans-figure-des-marches-pour-le-climat-en-allemagne_5437067_3244.html
https://www.liberation.fr/planete/2019/05/16/climat-luisa-neubauer-l-emergence-d-une-greta-thunberg-allemande_1725716/
https://fridaysforfuture-heidelberg.de/fr/fridays-for-future-heidelberg-francais/
https://www.lecho.be/dossier/portraits/luisa-neubauer-l-activiste-du-climat-attaque-l-allemagne/10199209.html
https://www.youth7.paris/history
https://www.lexpress.fr/economie/climat-la-greta-allemande-bouscule-l-ag-de-l-energeticien-rwe_2076184.html
https://www.lesechos.fr/industrie-services/industrie-lourde/siemens-sous-la-pression-de-fridays-for-future-1162309
