Il a volé pendant trente minutes au-dessus de Moses Lake, dans l’État de Washington, sans aucune émission de CO2. Le Cessna 208B Grand Caravan, affrété par la société américaine MagniX, est le plus gros avion commercial électrique au monde, avec une capacité de 14 passagers. Son vol inaugural a été un succès, représentant une piste de travail encourageante.
Le Cessna Caravan 208, un avion 100 % électrique
Cet avion mesure 11 mètres et peut transporter entre 9 et 14 passagers, en plus du pilote. Affrété par la société Magnix, un fabricant de moteurs électriques pour avions, il est alimenté par une batterie lithium-ion et équipé d’un moteur électrique de 750 chevaux. Vendredi 29 mai, il a pu voler pendant environ trente minutes, en atteignant une vitesse de 180 km/h, avec pour seul passager le pilote.
Si l’exploit est de taille et permet d’envisager l’essor de l’aviation électrique, quelques limitations techniques viennent cependant nuancer cette perspective. Tout d’abord, l’autonomie de la batterie permet à l’avion de parcourir seulement 160 kilomètres, ce qui limiterait son usage commercial à des compagnies locales, desservant des zones géographiques restreintes au départ de petits aéroports.
La question de l’utilité de prendre l’avion, même électrique, pour un trajet de 160 kilomètres peut légitimement être posée, surtout si l’on prend en compte la capacité restreinte de passagers. De plus, entre deux vols, l’avion doit être immobilisé un certain temps pour que les batteries puissent être rechargées.
La société MagniX, qui avait déjà fait voler un avion électrique plus petit en collaboration avec la compagnie aérienne Harbour Air, est plus enthousiaste et envisage de créer avec cette dernière la première compagnie aérienne 100 % électrique. Le coût d’entretien d’une flotte d’avions électriques pourrait selon elle être réduit de moitié par rapport à celui d’une flotte d’avions classiques, le tout sans aucune émission de CO2.
Quelles perspectives pour l’aviation électrique ?
Les perspectives d’essor de l’aviation électrique se heurtent donc encore aux capacités techniques des appareils. En effet, les batteries ne peuvent propulser un avion électrique aussi loin que le kérosène. Pour remédier à cette question, il faudrait multiplier les batteries, ce qui aurait pour conséquence d’alourdir l’avion et de lui faire perdre en autonomie. La solution serait donc contre-productive.
L’avenir de l’aviation électrique pourrait être dans la conception d’appareils hybrides, comme l’envisageait le groupe Airbus il y a déjà quelques années avec la fabrication d’un avion à propulsion hybride, utilisant à la fois des batteries et un biocarburant. Le biocarburant alimenterait une turbine, qui fournirait de l’électricité à des batteries, ces derniers alimentant à leur tour des moteurs électriques. Il faudrait toutefois attendre 2050 pour qu’un tel projet puisse voir le jour.
Il n’est donc pas impossible de voir se développer l’aviation électrique à plus grande échelle, mais à un horizon plus lointain. Une perspective séduisante, alors qu’on estime en parallèle que la part des émissions de gaz à effet de serre du transport aérien pourrait représenter plus de 20 % des émissions mondiales en 2050.