Le réchauffement climatique serait la cause du rétrécissement des oiseaux migrateurs d’Amérique du Nord. C’est ce qu’avancent conjointement des scientifiques du Field Museum de Chicago et des chercheurs de l’université du Michigan après avoir étudié la taille des oiseaux depuis près de 40 ans.
Les corps rétrécissent, mais les ailes grandissent
Tous les matins de printemps et d’automne depuis 1978, Dave Willard se levait à 3 h 30 pour collecter les oiseaux morts après avoir heurté les fenêtres des buildings de Chicago. Il avait amorcé une étude informelle en notant quelques caractéristiques, comme la taille, le poids et la longueur des pattes de ces oiseaux.
Son étude a été poursuivie durant 40 ans, conjointement avec des bénévoles du Field Museum de Chicago et des chercheurs de l’université du Michigan. En tout, pas moins de 70 000 oiseaux migrateurs d’Amérique du Nord appartenant à 52 espèces différentes ont été mesurés.
Sans équivoque, au fil des ans, la taille de la quasi-totalité des oiseaux concernés a diminué de 2,4 % et la longueur des os des pattes a diminué de 2,6 %. Pourtant, la longueur des ailes a quant à elle, augmenté de 1,3 %. Les résultats ont été publiés dans la revue Ecology Letters le 4 décembre dernier.
La faute au climat
Les scientifiques menant l’étude attribuent la faute au réchauffement climatique. En effet, comme l’explique Brian Weeks, professeur à l’université du Michigan, bien que les espèces soient très différentes les unes des autres, elles présentent les mêmes résultats.
Les températures dans les zones de reproduction ont toutes augmenté durant les 40 dernières années. De plus, en fonction des périodes de fort réchauffement ou de refroidissement, la taille des oiseaux a fluctué, de même que leur forme.
Benjamin Winger est l’un des chercheurs de l’université du Michigan, en charge de l’étude.
Selon lui « ce travail de précision constitue la première preuve solide de ce que nous pensions déjà depuis longtemps ».
Il n’est pas impossible que cela soit également le cas sur les autres espèces animales.
Ce phénomène porte le nom de « loi de Bergmann ». En d’autres termes, les animaux d’une même espèce peuvent être plus petits dans des climats chauds et plus gros dans des climats plus tempérés, voire froids.
Un corps plus petit régule mieux la température. Cependant, un corps plus petit chez les oiseaux complexifie la migration. C’est en ce sens que l’allongement des ailes semble être la solution pour leur permettre de continuer de migrer en fonction des saisons.
Si beaucoup pensent à cet instant précis que la nature est merveilleuse et qu’elle fait bien les choses, malheureusement, cela n’est pas une bonne nouvelle pour autant. En effet, la migration des oiseaux devra être plus conséquente et surtout plus récurrente. Une donnée qui pourrait engendrer à terme leur disparition.