Les PFAS, des substances nocives dans les emballages alimentaires Lecture : 5 min
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Les PFAS, des substances nocives dans les emballages alimentaires

Selon un rapport publié le 20 mai par 9 ONG européennes, de nombreux emballages alimentaires à usage unique utilisés par les chaînes de restauration rapide contiennent des perfluorés, aussi appelés PFAS. Ces substances chimiques et nocives sont aussi dangereuses pour la santé que pour l’environnement. Compte rendu de cette alerte.

Les PFAS, qu’est-ce que c’est ?

Les PFAS, pour substances « per- et polyfluoroalkyles », aussi appelées perfluorés, sont une famille de molécules qui regroupe près de 4500 composés différents. Également surnommés par les toxicologues « produits chimiques éternels », ils sont présents dans de nombreux objets de consommation courante depuis les années 1940.

Utilisés notamment pour leurs propriétés anti-adhésives, on les retrouve aussi bien dans les articles textiles comme certains vêtements imperméables ou tapis anti-taches, que dans des articles de cuisine comme les poêles, mais aussi dans les cosmétiques, les peintures, les pesticides, les médicaments et, comme le révèle le rapport, dans un grand nombre d’emballages alimentaires utilisés par la restauration rapide.

Pourquoi les PFAS représentent-ils un danger ?

Les PFAS persistent très longtemps dans l’environnement, et se dégradent extrêmement lentement. Ainsi, certaines de ces molécules émises aujourd’hui pourraient encore être présentes dans les cours d’eau et les sols dans un siècle.

Les PFAS se déplacent avec l’eau et le vent, s’accumulent dans la nature et intègrent la chaîne alimentaire. D’après l’ONG française Générations Futures, ces perfluorés sont même présents dans la graisse des ours polaires. Aucune zone de la planète n’est donc épargnée par cette menace invisible.

Selon le rapport PFAS de ces 9 ONG, parmi lesquelles on peut citer l’ONG allemande BUND, l’organisation européenne Alliance pour la santé et l’environnement, la française Générations Futures ou encore l’ONG britannique ClientEarth, les PFAS présentent de nombreux risques pour la santé.

« Des études scientifiques ont associé l’exposition à un certain nombre de PFAS à de graves effets néfastes sur la santé, notamment des cancers, et à des impacts sur les systèmes immunitaire, reproducteur et hormonal, ainsi qu’à une réponse réduite aux vaccinations », peut-on lire dans le communiqué de presse du 20 mai.

Les PFAS présents dans les emballages jetables de la restauration rapide

Pour mener leur étude, les ONG ont fait analyser en laboratoire, entre mai et décembre 2020, 42 échantillons d’emballages alimentaires. Ces emballages provenaient de 6 pays européens : les Pays-Bas, la France, le Danemark, la République tchèque, l’Allemagne et le Royaume-Uni.

Les emballages ont été prélevés auprès de grandes chaînes de restauration rapide, mais aussi de supermarchés, de divers restaurants proposant des plats à emporter et d’entreprises spécialisées dans la vente d’emballages alimentaires en ligne.

Parmi les 42 échantillons, 32 « ont été probablement traités intentionnellement avec des PFAS », indique le rapport. 17 de ces emballages ont été retenus pour « étudier la perturbation de l’activité thyroïdienne en tant qu’effet potentiel indésirable dû à l’exposition aux PFAS ». Une hypothèse confirmée par le test d’écotoxicité, selon lequel les PFAS présents dans ces échantillons « avaient le potentiel de créer des déséquilibres des hormones thyroïdiennes ».

Par ailleurs, les concentrations les plus élevées de PFAS ont été retrouvées dans des emballages jetables déclarés comme biodégradables ou compostables, à savoir des produits en fibre moulée comme les assiettes, les bols et les boîtes alimentaires. Or, les PFAS ne sont pas ou peu dégradables, ce qui, selon le rapport, « contredit clairement cette affirmation ».

15 échantillons ont été récoltés en France en juillet 2020, auprès d’un magasin Biocoop et de deux fournisseurs en ligne d’emballages à destination des restaurateurs. 6 ont été retenus pour être analysés : tous contenaient des PFAS, dans une concentration importante pour 5 d’entre eux.

Lorsque les résultats de ces analyses ont été portés à la connaissance des enseignes françaises, certaines ont tenu à réagir. Ainsi, Biocoop a été la seule à répondre aux sollicitations de Générations Futures. D’après l’ONG, l’enseigne « a fait part de son intention d’assurer un très haut niveau de sécurité de ses produits tant d’un point de vue qualité/santé, qu’au niveau environnemental. » L’emballage analysé était dans ce cas un sac en papier kraft n’ayant, selon Biocoop, pas été traité chimiquement.

McDonald’s France, dont les emballages n’ont pas été analysés, a déclaré à l’ONG : « Nous n’avons d’ores et déjà plus aucun composé dit nocif (PFAs, PFOAs et PFOs) au sein de nos emballages. » Quant à Domino’s Pizza France, dont les emballages n’ont pas non plus été testés, elle a indiqué « faire confiance à des fournisseurs de qualité pour produire les contenants de [ses] produits. »

« L’approche danoise, qui consiste à interdire l’ensemble de la classe de plus de 4 500 substances, montre que l’utilisation des PFAS dans des emballages alimentaires n’est pas une fatalité et que leur interdiction est réaliste. L’UE devrait donc s’inspirer de cet exemple », conclut le rapport.


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