À quelques semaines des élections municipales, l’objectif est clair : rappeler aux mairies l’importance de leurs politiques en faveur de la qualité de l’air. D’après l’Agence de Santé Publique, pas moins de 6600 décès prématurés liés à une mauvaise qualité de l’air pourraient être évités chaque année. Un point sur le classement des 12 plus grandes villes françaises selon leurs actions pour améliorer la qualité de l’air.
Première du classement : Paris et sa zone à faibles émissions
Paris est en tête du classement grâce à son avance dans la mise en place d’une zone à faibles émissions (ZFE), à savoir une zone destinée à protéger les piétons en encourageant la circulation des véhicules les plus propres.
L’objectif de la ville de Paris est ambitieux : ne plus autoriser à la circulation les véhicules diesel d’ici 2024 et les véhicules essence d’ici 2030, pour aller vers des modes de transport 100 % électriques.
Le Réseau action climat, Greenpeace France et Unicef France soulignent toutefois dans leur rapport les efforts importants que Paris doit fournir pour encourager les déplacements à vélo, notamment via l’installation de stationnements dédiés.
Grenoble, Strasbourg, Lyon et Nantes dans le top 5 du classement
En deuxième position du classement, Grenoble a fourni de nombreux efforts pour encourager les déplacements à vélo. Elle a également réduit la place de la voiture en ville en créant une zone à trafic limité dans le centre-ville et en généralisant la vitesse maximale de 30 km/heure dans presque toute l’agglomération.
Strasbourg se classe en troisième position avec la création d’une zone à faibles émissions avec pour objectif une sortie du diesel en 2030. Elle possède également le premier réseau cyclable de France avec 600 kilomètres d’itinéraires cyclables.
Lyon, en quatrième position, souffre d’un manque d’effort pour réduire la place accordée à la voiture. La mise en place d’une ZFE n’est pas clairement envisagée et un projet d’autoroute urbaine vient ternir le tableau.
En cinquième position du classement, la ville de Nantes est saluée pour ses efforts en matière de transports en commun et ses actions à destination des enfants comme la mise en place de rues scolaires. La création d’une ZFE n’est toutefois pas envisagée, ce qui fait chuter la ville dans le classement.
Les grandes villes du sud de la France reléguées en fin de classement
Après Lille, Bordeaux et Rennes, ce sont quatre villes du sud qui viennent se positionner en fin de classement : Toulouse en 9e position, Montpellier en 10e, Nice en 11e et enfin à la 12e et dernière place, Marseille.
Toulouse n’a pas mis en place de politique satisfaisante en matière d’encouragement des déplacements à vélo, avec une offre de stationnements faible et un réseau cyclable moyen. La mise en place d’une zone à faibles émissions est bien à l’étude, mais la restriction de circulation s’appliquerait uniquement aux véhicules les plus anciens, sans objectif de sortie du diesel et de l’essence.
Montpellier a un retard considérable en matière de réduction de la place de la voiture en ville, d’actions en faveur du vélo et d’aides financières destinées à changer de mode de transport ou de véhicule.
Nice, avant-dernière de la liste, n’a pas que de mauvais points : elle a notamment mis en place des aides pour l’acquisition d’un vélo ou d’un véhicule électrique. Mais le collectif à l’origine de ce classement ne relève aucune volonté marquée de réduire la place de la voiture.
Quant à Marseille, dernière du classement, elle est indéniablement en retard. Les transports en commun, malgré leur extension, restent insuffisants pour une ville de cette taille et les pistes cyclables sont encore trop peu nombreuses. Petite lueur d’espoir : la création d’une zone à faibles émissions pour limiter la circulation des véhicules les plus polluants est en projet. Reste à voir quand et comment elle sera mise en place.
Des agglomérations en procédure judiciaire pour non-respect des normes de qualité de l’air
Malgré le bon positionnement de Paris, il faut noter que huit agglomérations sur les douze présentes dans ce classement sont concernées par un recours juridique devant la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE). En cause, le non-respect des normes de qualité de l’air.
Selon la CJUE, « la France a dépassé de manière systématique et persistante la valeur limite annuelle pour le dioxyde d’azote depuis le 1er janvier 2010 ».
Seules Bordeaux, Lille, Nantes et Rennes ne sont pas concernées par ces dépassements. Il reste encore de nombreux efforts à fournir.